Fiches de lecture

sous la direction d’Anya Stroganova

Ces Russes qui s’opposent à la guerre

Éditions Les Petits Matins • septembre 2024 • 144 pages • 12 € • ISBN 978-2-36383-414-0

Actions contre la guerre Antimilitarisme Féminisme

Mise en ligne : Samedi 21 décembre 2024
Dernière modification : Jeudi 9 janvier 2025

Russie Libertés associée à Amnesty international, l’Atelier des artistes en exil, l’Institut français, Liberté Créativité Diversité, les Nouveaux dissidents et Zukunft Memorial publie un hommage à une quinzaine d’opposants russes à la guerre. Marie Mendras, politologue spécialiste de la Russie, en a rédigé la préface.

Énumérons ces héros :

Sergueï Gouriev, membre du Comité antiguerre et fondateur de La Vraie Russie qui vient en aide aux Ukrainiens exilés ou restés en Ukraine. Il est exilé à Paris.

Une coordinatrice de la Résistance féministe antiguerre, anonyme, car elle veut rester en Russie.

Grigori Sverdline, fondateur de Traverser la forêt, une association de plusieurs centaines de bénévoles, en Russie et à l’étranger, qui aident les Russes à éviter de participer à la guerre. En temps normal, l’association reçoit entre quarante et soixante appels quotidiens. En période de crise, ce nombre peut monter jusqu’à trois cents.

Alexandra Garmajapova, une journaliste devenue présidente de La Bouriatie libre. « Nous sommes la première initiative antiguerre ethnique mais pas nationaliste. », précise-t-elle.

Inna Bereznika, coordinatrice de l’École d’éducation civique, un des rares lieux où Russes et Ukrainiens peuvent encore s’écouter et s’entendre.

Anastasia Chevtchenko, membre du Comité antiguerre de Russie et de Russie ouverte. Elle a été la première à être poursuivie au titre de la loi sur les organisations indésirables. Elle est assignée à résidence et ne peut rendre visite à sa fille malade jusqu’à ce que celle-ci soit en réanimation. C’est trop tard, elle décède sans que sa mère ait pu la revoir. Malgré une condamnation avec sursis, elle parvient à fuir en Lituanie avec ses deux autres enfants.

Le Comité antiguerre a créé L’Arche et L’Aube. L’Arche, fondé par Anastasia Bourakova, fournit un hébergement temporaire et une assistance psychologique et juridique aux Russes expatriés. L’Aube apporte une aide humanitaire aux Ukrainiens touchés par la guerre.

Irina Scherbakova est membre cofondatrice de Memorial, l’ONG colauréate du prix Nobel de la paix 2022 qui s’attache à documenter les crimes soviétiques et contemporains et qui a condamné l’ingérence russe en Ukraine, dès 2014, et les guerres de Tchétchénie.

Gueorgui Urushadze, fondateur des éditions Freedom Letters et son équipe de bénévoles, ont publié en un an 129 livres que la censure russe condamnerait à coup sûr.

Timofeï Martynenko a obtenu avec sa compagne l’asile politique en Suède. Il figure sur la liste des terroristes et extrémistes. Il a coordonné Vesna, le premier mouvement qui a appelé à manifester contre la guerre, ce qui a entraîné 15 000 arrestations. Vesna a publié un guide pour que chacun manifeste sa position contre la guerre à moindres risques. L’organisation reçoit entre trois cents et cinq cents photos par jour de personnes appliquant ses conseils dans deux cents villes. Une pétition contre Poutine et la guerre a reçu 70 000 signatures avant que le Parlement bloque le site Web. Vesna est poursuivi injustement pour réhabilitation du nazisme.

Natalia Arno a créé la Fondation Russie libre qui a des centres dans sept pays. Menacée par le FSB, elle a fui la Russie. Elle a subi un empoisonnement dans son hôtel praguois. La Fondation soutient les Ukrainiens, les Biélorusses et les Russes qui fuient leurs pays. Elle a facilité le départ d’hommes menacés d’être envoyés au front.

Lev Ponomarev, fondateur de l’Institut Andreï-Sakharov à Paris où il a le statut de réfugié. L’Institut se propose de soutenir la société civile russe, d’aider les réfugiés politiques et déserteurs en France et de réfléchir à une future société démocratique russe. Au début de l’invasion, Ponomarev récolte plus d’un million de signatures pour sa pétition « Non à la guerre. »

Helga Pirogova, présentatrice de la chaîne Youtube La Politique populaire de la Fondation anticorruption d’Alexeï Navalny. Le 16 mars 2022, Helga Pirogova siège au conseil municipal de Novossibirsk avec une chemise traditionnelle ukrainienne bleue et une couronne de tournesols, pour évoquer les couleurs ukrainiennes.

Des militants anonymes de MediaPartisans cherchent à rendre la contestation de très jeunes gens visible et sans danger.

Après chaque portrait, chacun est invité à adresser un message aux lecteurs européens. Presqu’unanimement, ils demandent à l’Europe d’accueillir les opposants et de ne pas considérer tous les Russes comme des suppôts de Poutine. Anastasia Chevtchenko demande : « Mon père est géorgien, j’ai un patronyme géorgien, j’ai un nom de famille ukrainien. J’ai du sang asiatique et balte. Mais j’ai un passeport russe. Suis-je automatiquement une mauvaise personne à cause de cela ? »

Olga Mikhaïlova, avocate d’Alexeï Navalny clôt le livre par un hommage au plus célèbre des opposants à Poutine décédé en prison.

Guy Dechesne

À lire en complément, notre rubrique sur les réfractaires depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

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