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Et Dieu… créa la Femme en résistance
« Et Dieu… créa la Femme en résistance » est un projet documentaire féministe, anti-Poutine et anti-guerre de Margarita Rybina, réalisatrice de cinéma documentaire, membre du Conseil de Russie-Libertés.
« Aujourd’hui, le féminisme c’est une vraie arme contre Poutine. Les femmes russes qui se battent pour leurs droits et libertés, s’opposent en même temps au régime inhumain, archaïque et patriarcal en donnant de l’espoir pour un avenir meilleur à toute la société russe. La résistance anti-guerre et anti-régime en Russie a, sans doute, le visage féminin. La magnifique Russie du futur sera féministe. »
Répression
Le bilan d’OVD Info fait état, en Russie, de 2 934 accusés dans des affaires pénales à motivation politique. Il annonce les procès prochains de 292 personnes. Le 19 novembre 2024, il y avait eu depuis le début de l’année 1 178 arrestations lors de rassemblements publics. Du début de la guerre jusqu’à la même date, 1 095 personnes ont été impliquées dans des affaires pénales antiguerre [1]. 214 personnes sont accusées d’incitation au terrorisme ou de justification du terrorisme. 209 sont prévenues de discréditation des forces armées, des organismes gouvernementaux ou des mercenaires [2].
Le chanteur Eduard Charlotte est poursuivi pour réhabilitation du nazisme, incitation à la haine et à l’inimitié, violation du droit à la liberté de conscience et de religion et destruction d’un document officiel. Dans une vidéo, il a insulté le patriarche Kirill, en clouant sur le crucifix une photo du chef de l’Église orthodoxe russe et sa carte d’identité militaire. Une autre vidéo montrait Charlotte brûlant un passeport russe [3].
L’ancien pilote Igor Pokusin est décédé en 2024 au centre de détention provisoire d’Abakan. Au printemps 2022, des manifestants d’origine ukrainienne ont versé de la peinture sur une banderole avec la lettre Z au centre d’Abakan et ont écrit un slogan sur le mur du musée d’histoire locale. Deux mois plus tard, Pokusin fut arrêté à Krasnoïarsk et torturé pour lui faire avouer avoir tenté de partir pour l’Ukraine et de rejoindre les forces armées ukrainiennes.
Marina Lolokhaeva
Marina Lolokhaeva a été condamnée à une amende de 40 000 roubles en raison de deux commentaires dans le chat du projet « Je veux vivre ». Elle avait notamment écrit « Je ne suis pas du tout fière de la Fédération de Russie, il n’y a pas de quoi être fière. Et maintenant, il y a une honte qui durera mille ans, et rien ne pourra l’effacer. » En outre elle avait parlé de guerre au lieu d’opération militaire spéciale. Quelques jours plus tard, une amende de 30 000 roubles lui a été infligée pour une image disant « Non à la guerre » sur fond de paume ensanglantée [4].
Evgeny Sandulsky
Le tribunal militaire de la garnison d’Ekaterinbourg a condamné Evgeny Sandulsky, militaire russe de 37 ans, accusé de désertion, à 10 ans de prison dans une colonie à régime général. C’est la peine la plus sévère pour ce délit à ce jour [5].
Forum des États libres de l’après-Russie
La Cour suprême a reconnu le Forum des États libres de l’après-Russie comme terroriste. Les participants du forum prônent « la décolonisation de la soi-disant Fédération de Russie » et la création de « 41 États indépendants au lieu d’un empire fou. » La Cour a désigné la Fondation Free Yakutia, le Parti républicain balte, le mouvement Ingria, le Congrès des peuples du Caucase du Nord et la Confédération d’Extrême-Orient [6].
Sergueï Loukachevski
Un tribunal de Nijni Novgorod a condamné par contumace Sergueï Loukachevski, ancien directeur du Centre Sakharov, à 8 ans de prison pour « fausses nouvelles » concernant l’armée russe. Une dénonciation contre lui a été rédigée par un étudiant de l’Université d’État de Nijni Novgorod, militant d’une organisation patriotique qui organise des rencontres entre étudiants universitaires et soldats revenant du front. Un autre étudiant qui a assisté à de telles réunions a témoigné à charge.
Les patriotes russes récompensés
Alors que l’opposition est de plus en plus sévèrement réprimée, Vladimir Poutine répète que les héros de l’opération militaire spéciale seront récompensés. La propagande fait grand cas de Maria Kostiouk, mère d’un soldat mort au front et promue gouverneure de région. Poutine l’a remerciée « d’avoir élevé un véritable guerrier russe. » En réalité la nouvelle gouverneure a les compétences et l’expérience nécessaires pour occuper ce poste et, surtout, elle est une fidèle du parti poutinien. Les juges qui condamnent les opposants, et les membres du FSB qui servent dans le Donbass sont promus [7].
Pillage russe en Russie
En septembre, les habitants qui avaient fui l’offensive des forces armées ukrainiennes ont commencé à retourner dans les villages frontaliers de la région de Koursk et ont constaté que les maisons et les magasins abandonnés avaient été pillés et saccagés. Il n’y a jamais eu de soldats ukrainiens dans leurs villages : l’armée russe y assurait la défense. Les autorités ont d’abord qualifié les informations faisant état de pillages de propagande de l’ennemi, mais après l’indignation massive des habitants de Koursk, elles ont été forcées d’admettre le problème. Les réfugiés exigent de « mettre fin à cette foutue guerre », et le gouverneur limoge les chefs de district pour échec en matière d’évacuation [8].
Les chaînes locales Telegram ont publié une vidéo dans laquelle deux hommes en tenue de camouflage brisent des vitres, cassent des vitrines et sortent des marchandises d’un magasin.
Chair à canon
Une vidéo de LCI tend à prouver que les soldats russes auraient pour ordre d’avancer coûte que coûte, notamment dans la région de Koursk dans le but de récupérer la poche prise par les Ukrainiens en été 2024. Ils sont victimes des drones ukrainiens qui les frappent. Un soldat français engagé, côté ukrainien, dans la Légion internationale pense que des soldats russes sont « abattus » par leurs chefs s’ils n’avancent pas.
Mines antipersonnel
Le secrétaire à la défense américain a confirmé que les États-Unis vont fournir à l’Ukraine des mines antipersonnel non persistantes, c’est-à-dire équipées d’un dispositif d’autodestruction ou d’autodésactivation lors de l’épuisement de la batterie. Handicap International conteste l’efficacité du dispositif. Sous Barack Obama, les États-Unis avaient décidé de ne pas prolonger ou modifier la durée de vie des batteries de ces mines qui devaient expirer au début des années 2030 [9].
La Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL) a dénoncé la décision « désastreuse » des États-Unis. « L’Ukraine doit affirmer clairement qu’elle ne peut pas accepter, et qu’elle n’acceptera pas ces armes. »
84 % des victimes des mines antipersonnel dans le monde sont des civils, dont 35 % sont des enfants, affirme l’Observatoire des mines dans un rapport publié peu avant la décision américaine.
L’Ukraine manque de démineurs. Leur tâche durera plusieurs décennies et coûtera plusieurs dizaines de milliards d’euros. Les États-Unis ont fourni à l’Ukraine une faible proportion de cette somme dans ce but [10].
Selon la ministre ukrainienne de la protection de l’environnement et des ressources naturelles à la COP 29 de Bakou, en novembre 2024, la guerre a provoqué 71 milliards de dollars de dégâts environnementaux et entraîné une augmentation massive des émissions de gaz à effet de serre auxquelles il faudra ajouter celles de la reconstruction du pays [11].
Nadejda Bouïanova
La justice russe a condamné à cinq ans et demi de prison ferme Nadejda Bouïanova, une pédiatre de Moscou. La mère d’un de ses patients et compagne d’un soldat porté disparu au front en Ukraine l’a accusée d’avoir critiqué, lors d’une consultation, l’invasion de l’Ukraine. La pédiatre a ensuite été licenciée [12].
Au tribunal l’accusée a déclaré « Je suis impliquée dans trois peuples slaves : russe, biélorusse, ukrainien. Que dois-je faire, quel choix dois-je faire ? J’ai étudié, travaillé, communiqué et me suis lié d’amitié avec des Ukrainiens. […] Comment pouvez-vous dire de la nation ukrainienne tout entière qu’elle déteste le monde russe ? […] Je tiens à dire que je n’admets pas ma culpabilité et que je me considère innocente. Je demande au tribunal de m’acquitter. » Le verdict a été suivi de cris de protestations du public [13].
Alexeï Navalny
Un mémorial dédié à l’homme politique Alexeï Navalny a été inauguré en présence de sa veuve, à Lisbonne. Un monument avec l’inscription « N’abandonnez pas » en trois langues a été installé à 100 mètres du bâtiment de l’ambassade de Russie. Le mémorial a été érigé par l’Associação de russos livres (Association des Russes libres au Portugal), un mouvement de Russes qui s’opposent à Vladimir Poutine et à la guerre avec l’Ukraine [14].
Gloire au violeur assassin
L’administration de la ville de Chebarkul a présenté ses excuses pour la photographie d’un meurtrier reconnu coupable qui a été placée sur une plaque à la mémoire des militaires russes tués pendant la guerre en Ukraine.
La veuve d’un autre militaire s’est indignée « Ce Sinitsyn a tué une femme ici, deux enfants se sont retrouvés sans mère. Il l’a tuée brutalement, il l’a violée, il lui a arraché les yeux. C’est un monstre [15]. »
Incendie d’un bureau d’enrôlement militaire
Sergueï Andreev, opérateur de camion-grue, a été condamné à la très lourde sanction de 24 ans de prison et à une amende de 1,2 million de roubles pour des dommages de 41 000 roubles. Il a été déclaré coupable de trahison, de terrorisme, de participation à une communauté terroriste et de fabrication, stockage, port et transport illégaux d’explosifs et de leurs composants. Il avait tenté d’incendier un bâtiment du bureau d’enregistrement et d’enrôlement militaire. Il n’a blessé personne ni causé de graves dégâts. D’après le rapport d’expert, il n’a utilisé que des produits de feux d’artifice [16].
Cette maudite guerre
Plus de quarante habitants du village d’Olgovka, district de Korenevsky, région de Koursk, qui se trouve dans une zone de combat depuis août 2024, ont enregistré un message vidéo adressé au président russe Vladimir Poutine. « Cela fait trois mois que nous sommes en enfer, vers où devons-nous nous tourner, où pouvons-nous trouver le salut ? Nous vous demandons de mettre fin à cette maudite guerre, qui a coûté de nombreuses vies innocentes. Nous voulons que nos enfants voient un ciel paisible et n’écoutent pas le signal de danger des missiles. Examinez cette situation et écoutez les frontaliers. Nous ne supportons pas tout cela de notre plein gré. »
Insoumission
Les insoumis russes encourent une peine de prison de deux ans. Pourtant, selon les statistiques judiciaires que les avocats d’Appel à la conscience ont recueillies, 431 insoumis ont été poursuivis, trois ont été acquittés et un seul a été condamné à une peine avec sursis. La plupart des condamnés l’ont été à des amendes allant jusqu’à 100 000 roubles [17].
Andreï Kolesnikov
Andreï Kolesnikov est un politologue russe et éditorialiste de Novaïa Gazeta. Il est considéré par la Russie comme « agent de l’étranger ».
Selon lui, une partie des Russes opposés au Kremlin et à sa guerre est partie en exil. Les plus courageux sont restés en Russie. Ils représentent de15 à 20 % de la population. La marche de Berlin enverra un message clair au Kremlin : tous les Russes ne pensent pas comme Poutine. C’est aussi un signal envoyé à l’Ouest : nous existons toujours nous sommes contre Poutine ; nous représentons l’autre Russie [18].
Il est interrogé sur l’état d’esprit des Russes. « Lorsqu’il est impossible de comprendre pleinement les raisons des événements, les gens se referment sur eux-mêmes : je ne vois rien, je n’entends rien, ma tâche est de survivre, je ne veux rien savoir, ceux qui sont au sommet savent ce qu’il faut faire, nous ne voulons pas la guerre mais nous sommes attaqués… »
Il faut distinguer « ceux qui sont pour Poutine et ceux qui sont contre, ceux qui risquent la répression, ceux qui sont horrifiés mais silencieux parce qu’ils craignent pour leur famille, ceux qui partent parce qu’ils ne veulent pas être emprisonnés… »
Pour Kolesnikov, les libéraux russes qui restent en Russie sont traités comme des antipatriotes par les soutiens de Poutine et, à l’Ouest, les pays se ferment à tous les Russes. Tout cela sert Poutine, qui peut dire que ce n’est pas la Russie qui s’isole de l’Occident, mais l’Occident qui isole la Russie [19].
En 2023, la France a accordé 116 000 visas, parfois de courte durée, à des citoyens russes. 1 700 demandes d’asile ont été déposées dont un quart a débouché sur le statut de réfugié.
Vadislav Inozemstev, dans L’Exode du siècle (IFRI, juin 2024) à propos des relokanty (les relocalisés russes), évalue que 86 % ont moins de 45 ans et 80 % ont suivi des études supérieures. Il estime qu’entraver la migration russe comme le font les Européens est une grave erreur de calcul de la classe politique [20].
The Bachelor
En Ukraine, la télévision diffuse à nouveau l’émission The Bachelor qui a été interrompue par la guerre. Un candidat très glamour de cette émission de séduction en télé-réalité est un soldat amputé des deux jambes et muni de prothèses. Très populaire, il souhaite utiliser sa participation à l’émission pour sensibiliser les gens aux difficultés auxquelles sont confrontés les Ukrainiens handicapés. On estime que des dizaines de milliers de blessés de guerre ont perdu au moins un membre [21].
Manifestations à Berlin et ailleurs
Le 17 novembre 2024, Ioulia Navalnaïa, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza, manifestant ensemble à Berlin avec, selon la police, 1 800 personnes [22], espèrent afficher leur unité, et mobiliser le vivier des dizaines de milliers de Russes ayant quitté leur pays depuis 2022, notamment pour échapper à la mobilisation militaire. Ioulia Navalnaïa veut montrer « qu’il existe une Russie antimilitariste et libre. »
Ilia Iachine, qui a récemment terminé une tournée européenne à la rencontre des exilés, veut tenter de mobiliser cette diaspora autour d’une « initiative anti-guerre et anti-Poutine » à même d’inspirer leurs compatriotes restés au pays. À propos des divisions de l’opposition, il a admis, lors d’une interview au Moscow Times début novembre « Il est clair que les conflits sont si profonds (...) qu’il est peu probable aujourd’hui de réconcilier tout le monde [23]. »
Ioulia Navalnaïa, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza au premier rang de la manifestation ; Photo Evgeny Feldman / Meduza
Bien que la marche vise à protester contre la guerre, l’événement a été durement critiqué par l’ambassadeur ukrainien en Allemagne, Oleksiï Makeïev, qui a moqué dans les colonnes du Zeit une « promenade sans dignité et sans conséquence ». Estimant que les trois opposants n’en font pas assez pour soutenir l’Ukraine et pour appeler leurs concitoyens à protester, il a fustigé une manifestation qui n’est que l’illustration de la « faiblesse » du mouvement.
Sur la même ligne, l’association d’exilés ukrainiens en Allemagne Vitsche a jugé que l’événement « échoue à délivrer un message clair » sur le soutien à l’Ukraine que les opposants russes évitent d’affirmer pour ne pas s’aliéner leurs concitoyens [24].
Le même jour, Tatiana Davidis a appelé à se réunir à Strasbourg « pour une paix juste en Ukraine et pour la liberté en Russie ». La militante vit à Colmar depuis qu’elle a quitté la Russie en septembre 2022. En raison des persécutions politiques, elle a obtenu un visa humanitaire en France, comme son compagnon Feraposhkin Slava, également employé de l’association Memorial. La manifestation a été suivie d’une séance d’écriture de lettres aux prisonniers politiques russes [25].
Future Russia, qui se définit contre une organisation d’opposants russes à la guerre en Ukraine et à la dictature de Poutine a réuni une cinquantaine de manifestants devant le Palais des nations, à Genève [26].
Industries militaires
Le sous-sol d’un hôtel de luxe de Kiev accueille le second Forum international des industries de défense, piloté par Oleksandr Kamychine, conseiller spécial de Zelensky en charge des industries stratégiques. 750 visiteurs de trente pays sont présents. Ils représentent 168 entreprises internationales et 115 compagnies ukrainiennes. Un industriel français précise « Il ne s’agit pas juste d’aider l’Ukraine, mais d’investir et de devenir partenaires. » Le Danemark est le premier partenaire de l’Ukraine en aide militaire et en investissement dans l’industrie de l’armement. En 2025, l’Ukraine deviendra le premier producteur européen de drones de tous types. « C’est en Ukraine que l’histoire de la guerre future s’écrit », confirme un participant français. Oleksandr Kamychine commente « L’industrie ukrainienne de l’armement a connu une véritable renaissance au cours des 18 derniers mois. […] Désormais nous pouvons tout produire. […] Il est de l’intérêt de la France de la Pologne de l’Allemagne et d’autres de nous aider à financer notre industrie parce qu’un jour, nous allons vous apporter nos capacités d’industrie et de défense à notre tour. Vos industries ne sont pas capables de produire des millions de drones FPV mais vos armées en auront besoin un jour [27]. »
Olga Taratuta
Dans l’émission Si vis pacem de l’Union pacifiste sur Radio libertaire, deux militants de l’association Olga Taratuta ont expliqué comment celle-ci informe sur les insoumis et les déserteurs russes et ukrainiens et les aide. Elle a obtenu l’asile en France pour deux insoumis russes et la compagne ukrainienne de l’un d’eux.
La suite de l’émission traite des objecteurs de conscience israéliens et des 230 réservistes qui refusent de combattre tant que le cabinet du Premier ministre n’aura pas conclu un accord de cessez-le-feu permettant la libération des otages israéliens retenus à Gaza. Enfin sont évoqués les réfractaires aux armées en Birmanie, en Haïti et au Soudan. Concernant ce dernier pays, on peut lire dans Le Monde libertaire [28] l’interview d’un anarchiste qui déclare :
« Nous ne soutenons aucune des parties engagées dans la guerre et voulons son arrêt immédiat.
Nous condamnons fortement les massacres commis par les Forces de Soutien Rapide (FSR) et par l’armée contre d’innocents citoyens, et nous ne soutenons ni les uns ni les autres.
Nous voulons la fin de la guerre et l’établissement de la paix. […]
Longue vie à la paix pas à la guerre. »
Un saboteur condamné
Un tribunal russe a condamné un homme à douze ans de prison pour avoir aidé à mettre le feu à des armoires électrique utilisées pour le fonctionnement du réseau ferroviaire. Il aurait reçu pour cela une « récompense » de 5 000 roubles (47 €) [29].
Vika Roshchyna
La journaliste ukrainienne free-lance Victoria (Vika) Roshchyna a disparu dans les territoires occupés par la Russie en août 2023. Ce n’est qu’en avril 2024 que la Russie a reconnu son arrestation. Selon l’Ukraine, elle figurait sur une liste d’échange de prisonniers. Début octobre 2024, le ministère russe de la Défense a annoncé son décès à son père. Son corps n’a pas encore été rapatrié [30].
Estonie
La majorité parlementaire estonienne a déposé un projet d’amendement constitutionnel pour retirer aux Russes et Biélorusses le droit de vote aux élections locales. 31 % de la population sont russophones. Ils sont Russes, parfois installés en Estonie de longue date, Biélorusses, Ukrainiens ou apatrides.
Seuls 2 539 électeurs ont voté à l’ambassade russe pour l’élection présidentielle. Ils l’ont fait à 75 % en faveur de Poutine.
Des opposants au projet refusent de jeter la suspicion sur un segment de la population ou préféreraient tester la loyauté des candidats [31].
Lituanie
Les Biélorusses Vitali Dvarashyn, objecteur de conscience, et Mikita Sviryd, déserteur, sont menacés d’être expulsés de Lituanie. Vitali, qui a reçu un permis de séjour de sept ans, est à présent déclaré « menace pour la sécurité nationale en Lituanie ». Isolé dans un camp de réfugiés, il s’est vu refuser l’asile. Pour échapper à l’arrestation et à l’expulsion, il s’est caché. Les déserteurs risquent la peine de mort en Biélorussie, complice de l’agression russe en Ukraine. Plusieurs organisations antimilitaristes ont pris la défense des deux défecteurs auprès de la Lituanie et de l‘Union européenne [32].
Échanges humanitaires
Les médiateurs russe et ukrainien aux droits humains ont annoncé s’être rencontrés en Biélorussie pour évoquer des questions humanitaires. Ce qui a permis le rapatriement des corps de 563 soldats ukrainiens et de 37 russes et l’échange de listes de prisonniers de guerre et de lettres de leurs familles leur étant destinées. Une femme de 91 ans habitant en Ukraine a été rapatriée en Russie, dans sa famille.
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a gracié 31 personnes emprisonnées pour « extrémisme », parmi elles des malades et des handicapés. Près d’une centaine de prisonniers au total avaient été libérés en août et en septembre [33].
Condamnations par la Russie de ses propres soldats
Deux soldats russes ont été condamnés à la perpétuité en Russie pour avoir assassiné, en 2023, une famille entière de neuf personnes, dont deux enfants, dans une ville occupée d’Ukraine. C’est une rare reconnaissance par la Russie de ses exactions dans les territoires qu’elle occupe [34].
Pour la Sainte Russie
La Maison d’édition du Patriarcat de l’Église orthodoxe russe de Moscou a publié un nouveau livre du patriarche de Moscou et de toute la Russie Kirill, Pour la Sainte Russie : patriotisme et foi [35].
Sans l’Église orthodoxe russe, les victoires de la Russie « sur les forces étrangères » auraient été impossibles, car elle seule pouvait « inspirer les guerriers pour les batailles historiques ». Malgré l’accomplissement réussi de cette mission par l’Église orthodoxe russe pendant 1 035 ans, aujourd’hui encore « les ennemis de la Russie tentent de toutes leurs forces de la détruire et de la conquérir », et le peuple doit à nouveau être élevé pour « défendre la Patrie ».
Le patriarche commence chaque chapitre du livre par une citation de Vladimir Vladimirovitch Poutine. Poutine proclame, et Kirill commente et explique. Par exemple : « L’orthodoxie et la Russie sont inséparables », alors que la Constitution affirme « Les associations religieuses sont séparées de l’État ». Dans les régions musulmanes et bouddhistes, les orthodoxes sont statistiquement insignifiants.
« La tradition russe, les sanctuaires de la civilisation russe et la grande culture russe sont la valeur et le sens les plus élevés de la vie. », rappelait le patriarche récemment. Il lance ce slogan « Mobilisation de tous : l’armée, les forces politiques. Et bien sûr, l’Église doit être mobilisée. » Selon lui, l’islam est plus proche de l’Église orthodoxe russe que du christianisme occidental. L’Islam et l’orthodoxie, dit-il, appartiennent au même groupe oriental. « L’Est s’est révélé moins réceptif aux innovations. » Il qualifie l’orthodoxie et l’islam de « notre tradition spirituelle [36] ».
Marche à Berlin
Ilya Iachine, Vladimir Kara-Mourza et Ioulia Navalnaïa appellent tous ceux qui le peuvent à venir à la grande marche contre la guerre à Berlin le 17 novembre.
L’appel des organisateurs : « Ce sera une marche pour exiger le retrait des troupes russes d’Ukraine, juger Vladimir Poutine comme criminel de guerre, et libérer tous les prisonniers politiques. »
Russie Libertés organise le voyage en car de Paris à Berlin [37].
[1] https://ovd.info, publié et consulté le 19 novembre 2024.
[2] Vera Chelishcheva, https://novayagazeta-ru.translate.goog/?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr, 21 novembre 2024, consulté le 24 novembre 2024.
[3] https://meduza.io/news/2024/11/23/v-rpts-zayavili-chto-patriarh-kirill-prostil-pevtsa-sharlota-i-poprosil-ne-nakazyvat-ego-po-delu-ob-oskorblenii-chuvstv-veruyuschih, 23 novembre 2024, consulté le 24 novembre 2024.
[4] https://ovd.info/story/zaderzhaniya-sudy-i-davlenie-za-antivoennye-vyskazyvaniya-i-kritiku-voyny-v-ukraine, 15 novembre 2024, consulté le 19 novembre 2024.
[5] https://zona.media/news/2024/11/22/sandulsky, publié et consulté le 22 novembre 2024.
[6] https://zona.media/news/2024/11/22/forum, publié et consulté le 22 novembre 2024.
[7] Benjamin Quénelle, « Les deux faces de la société russe », Le Monde, 21 novembre 2024.
[8] Pavel Vassiliev, https://zona.media/article/2024/11/15/kursk, 15 novembre 2024, consulté le 22 novembre 2024.
[9] https://www.nouvelobs.com/monde/20241120.OBS96686/les-etats-unis-vont-fournir-des-mines-antipersonnel-a-l-ukraine-ce-que-l-on-sait.html, 20 novembre 2024, consulté le 23 novembre 2024.
[10] Chloé Hoorman et Faustine Vincent, « Washington livre des mines antipersonnel à Kiev », Le Monde, 22 novembre 2024.
[11] https://www.nouvelobs.com/monde/20241119.OBS96631/guerre-en-ukraine-le-cout-environnemental-de-l-invasion-russe-estime-a-71-milliards-de-dollars.html, 19novembre 2024, consulté le 23 novembre 2024.
[12] https://www.lemonde.fr/international/live/2024/11/12/en-direct-guerre-en-ukraine-l-union-europeenne-doit-soutenir-kiev-aussi-longtemps-que-necessaire-declare-kaja-kallas_6385709_3210.html, publié et consulté le 12 novembre 2024.
[13] https://meduza.io/news/2024/11/12/pediatra-nadezhdu-buyanovu-prigovorili-k-pyati-s-polovinoy-godam-kolonii, publié et consulté le 12 novembre 2024.
[14] https://meduza.io/news/2024/11/12/v-lissabone-otkryli-memorial-alekseyu-navalnomu-ryadom-s-rossiyskim-posolstvom, publié et consulté le 12 novembre 2024.
[15] https://meduza.io/feature/2024/11/12/v-chebarkule-na-stende-pogibshih-geroev-svo-razmestili-foto-osuzhdennogo-za-ubiystvo, publié et consulté le 12 novembre 2024.
[16] https://t.me/sotavisionmedia/38520, publié et consulté le 14 novembre 2024.
[17] https://meduza.io/cards/prizyvnikam-rassylayut-smski-s-ugrozami-zakryt-vyezd-iz-strany-i-zavesti-ugolovnoe-delo-esli-te-ne-pridut-v-voenkomat, 13 novembre 2024, consulté le 14 novembre 2024.
[18] Propos recueillis par Benjamin Quénelle, Le Monde, 17 novembre 2024.
[19] Propos recueillis par Francis Brochet, « L’État est aussi en guerre avec sa propre société civile », Le Progrès, 16 novembre 2024.
[20] Francis Bochet, « Zoom / Un million et plus de "relokanty", les relocalisés », ibidem.
[21] 28 minutes, Arte, 16 novembre 2024. Diana Kuryshko, https://www.bbc.com/news/articles/clywj08d89no
[22] Veronika Dorman, « Nous devons monter que nous, les Russes, sommes nombreux à être contre Poutine », Libération, 18 novembre 2024.
[23] « Exilée, affaiblie et déchirée, l’opposition russe veut renaître avec une manifestation à Berlin », https://information.tv5monde.com/international/exilee-affaiblie-et-dechiree-lopposition-russe-veut-renaitre-avec-une-manifestation, 14 novembre 2024.
[24] https://fr.news.yahoo.com/lopposition-russe-exil-organise-%C3%A0-091701878.html?guccounter=1, publié et consulté le 17 novembre 2024.
[25] Guillaume Krempp, « Dimanche 17 novembre, un rassemblement pour la paix en Ukraine et la liberté en Russie », https://www.rue89strasbourg.com/rassemblement-pour-la-paix-en-ukraine-et-la-liberte-en-russie-319443
[26] https://www.ledauphine.com/defense-guerre-conflit/2024/11/17/des-russes-manifestent-contre-la-guerre-en-ukraine-et-vladimir-poutine, publié et consulté le 17 novembre 2024.
[27] Stéphane Siohan, « L’Ukraine ambitionne de devenir l’arsenal de l’Europe », Le Soir, 18 novembre 2024.
[28] « Interview d’un compagnon anarchiste », octobre 2024.
[29] https://www.lemonde.fr/international/live/2024/11/06/en-direct-guerre-en-ukraine-des-parlementaires-russes-appeles-a-ratifier-le-traite-de-defense-mutuelle-avec-la-coree-du-nord_6373158_3210.html, publié et consulté le 6 novembre 2024.
[30] Jean-Paul Marthoz, « Vika Roshchyna, au cœur des ténèbres », Le Soir, 8 novembre 2024.
[31] Anne Françoise Hivert, « L’Estonie veut priver les Russes du droit de vote aux scrutins locaux », Le Monde, 9 novembre 2024.
[32] Communiqué de presse, 29 juillet 2024, « Refuge pour les objecteurs du Bélarus », Union pacifiste, septembre-octobre 2024.
[33] https://www.lemonde.fr/international/live/2024/11/08/en-direct-guerre-en-ukraine-l-ukraine-a-obtenu-de-la-russie-les-corps-de-563-de-ses-soldats_6373158_3210.html, publié et consulté le 8 novembre 2024.
[34] https://t.me/tass_agency/284255, publié et consulté le 8 novembre 2024.
[35] https://rop.ru/novosti/article_post/patriarh-moskovskiy-i-vseya-rusi-kirill-za-rus-svyatuyu-patriotizm-i-vera, publié le 21 octobre 2024, consulté le 8 novembre 2024.
[36] https://novayagazeta.ru/articles/2024/11/08/kosmicheskoe-zlo-patriarkha-kirilla, publié et consulté le 8 novembre 2024.