Résistances

Les réfractaires depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie (16ème épisode • septembre-octobre 2024)

Mis à jour le 31 octobre 2024

Actions contre la guerre Antimilitarisme Guerres

Mise en ligne : Vendredi 6 septembre 2024
Dernière modification : Lundi 11 novembre 2024

Depuis octobre 2022, Guy Dechesne recense longuement les actes de désertion, d’insoumission, de désobéissance et d’exil posés pour refuser de combattre, les actions de désobéissance civiles pour entraver la guerre et les appuis que les réfractaires reçoivent tant dans les pays concernés qu’à l’étranger dans le prolongement d’un dossier paru dans le numéro 164-165 de « Damoclès ». Cette rubrique est rédigée à partir d’un suivi méticuleux des médias. 16ème épisode, septembre-octobre 2024.

Retrouvez les épisodes précédents dans la rubrique Résistances

De la nourriture au lieu des bombes

Selon le canal Telegram de la Confédération des anarchistes d’Ekaterinbourg [1], sa distribution de nourriture à des personnes dans le besoin et sans domicile fixe a été dispersée par la police et quatre militants ont été arrêtés pour avoir organisé une « action non coordonnée avec l’administration de la ville ». Les anarchistes rappellent que l’article 31 de la Constitution de la Fédération de Russie consacre le droit de se réunir pacifiquement, sans armes, d’organiser des réunions, des rassemblements et des manifestations, des marches et des piquets de grève. Et il n’y a pas un seul mot dans la Constitution pour dire que tout cela doit être coordonné avec qui que ce soit. Mais la Constitution de la Fédération de Russie, censée être la loi fondamentale, n’est pas respectée ; dans la Fédération de Russie, c’est une fiction, tout comme de nombreuses autres lois, que les « autorités » utilisent principalement pour leur propre bénéfice et leurs intérêts mercantiles, et non pour le bien de l’ensemble de la population.

Ils expliquent : « En plus de parler aux gens de l’histoire et de la signification de la campagne « De la nourriture au lieu des bombes », nous leur avons remis des brochures expliquant pourquoi l’attention et les dépenses matérielles en faveur des gens ordinaires et des personnes en situation difficile sont plus importantes que les dépenses en faveur des guerres, des armées et des armes, et pourquoi la pauvreté et l’inaccessibilité de la nourriture sont également des formes de violence. »

Une armée de déserteurs

Stanislav Asseyev, écrivain et journaliste ukrainien, a combattu l’armée russe dans le Donbass et y a été blessé à deux reprises. Ancien captif des forces russes, il a fait valoir son droit à la démobilisation. Il a créé une organisation pour rassembler des informations sur les crimes de guerre russes. Il déplore le manque de motivation pour combattre. « Nous pouvons avoir autant de drones ou de munitions qu’on veut, s’il n’y a pas de soldats dans les tranchées, rien ne changera », explique-t-il. « Nous avons une immense armée de déserteurs qui se baladent dans le pays. » Les procédures de recrutement sont considérées injustes en raison des scandales de corruption.

Selon le bureau du Procureur général, 51 000 soldats ont fui leurs unités entre janvier et septembre 2024, soit plus du double de toute l’année 2023. Les parlementaires ont voté une loi pour exonérer de toute responsabilité pénale les déserteurs repentis qui reprennent volontairement du service. Les soldats formés sont passés de 35 000 par mois à 20 000.

Serhiy Hnezdilov, qui a déserté publiquement pour alerter sur l’épuisement des troupes jamais remplacées, a été arrêté le 9 octobre 2024 et encourt douze ans de prison [2].

Suicide d’un réfractaire ukrainien

Un Ukrainien recherché pour avoir fui la mobilisation a été emmené par la police dans un centre d’enrôlement. Il a refusé l’examen médical puis s’est suicidé.

Le procureur général d’Ukraine a démissionné après que, dans ses services, un vaste système de corruption pour éviter l’enrôlement militaire a été découvert.

Un Ukrainien a été condamné en Russie à trois ans de prison et treize ans de camp pénitentiaire pour avoir provoqué des explosions visant trois locomotives dans la ville ukrainienne de Melitopol, contrôlée par les forces russes [3].

Peinture murale

Liudmyla Bordus a perdu son fils Maksym lors de la guerre avec la Russie, mais il n’est jamais loin. Son portrait est inscrit en couleurs vives sur les murs de son immeuble de Kiev.

« Je peux le sentir tous les jours, chaque fois que je passe devant lui », dit-elle en caressant l’image peinte à la bombe [4].

Mothers A song for Wartime

Un chœur féminin d’Ukrainiennes en exil, de Biélorusses fuyant les persécutions du régime et de Polonaises qui les ont accueillies. Elles ont de dix à soixante-dix ans. Elles sont dirigées par la Polonaise Maria Gόrnika. Dans leurs langues et leurs traditions musicales et rituelles, elles interpellent avec colère l’Europe endormie et donc nous, les spectateurs. Chacune porte le témoignage émouvant de son attachement à sa terre et à ses proches. L’une d’elles dit en substance « Je ne veux pas finir la guerre dans la haine. » Le spectacle s’achève dans l’émotion d’une exaltation de l’amour.

Ilia Iachine

La mairie de Paris a décerné le titre de citoyens d’honneur de la ville au militant des droits de l’Homme Oleg Orlov et à l’homme politique Ilia Iachine, alors qu’ils étaient emprisonnés. Depuis, ils ont été libérés au cours d’un échange de prisonniers. Ilia Iachine a reçu officiellement sa distinction lors d’une cérémonie à l’Hôtel de ville de Paris présidée par Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la maire de Paris, en charge des Droits humains.

Ilia Iachine a participé au Forum Russie-Libertés à Paris, consacré à l’opposition russe, à la société civile et à la résistance contre la guerre et les répressions. Au cours du forum, un des déserteurs de L’Adieu aux armes est intervenu brièvement et l’Ukrainienne Julia Loboda a réalisé une performance et une lecture d’extraits de « Russie, mon pays bien-aimé », de la journaliste de Novaya Gazeta, Elena Kostioutchenko.

L’Adieu aux armes

Six déserteurs russes qui avaient fui la guerre vers le Kazakhstan, regroupés dans L’Adieu aux armes, ont atteint la France et ont demandé à bénéficier du droit d’asile. Ils s’expliquent dans une vidéo.

Save children from putinism

La Russie organise la déportation massive d’enfants en Russie et en Biélorussie et leur adoption. Une vidéo de Free Russians Global, sous-titrée en anglais, fait le point.

Fuir les zones occupées par la Russie

Des Ukrainiens, opposés à Moscou, fuient les zones occupées par la Russie. Celle-ci se débarrasse ainsi de ces citoyens les moins dociles et russifie les régions conquises, tout en prélevant une partie du prix du voyage. Depuis le début de l’invasion, la fondation ukrainienne Helping to leave a géré, parfois avec la complicité d’opposants russes, l’exfiltration de 25 241 personnes. Ces fugitifs ont subi des intimidations russes, des menaces de viol, des pressions pour qu’elles deviennent agents de renseignement stipendiés en Ukraine. Ceux qui restent sur place doivent abandonner les liens avec l’Ukraine et sa langue, détenir un passeport russe et héberger des soldats russes. L’un d’eux constate « La russification se fait à marche forcée. Les salaires, les aides sociales, les papiers d’identité, l’école, la langue parlée, le droit, tout est à l’heure russe [5]. »

Neutralité suisse

Une majorité d’élus à Berne est convaincue que l’interprétation de la neutralité par le Conseil fédéral est trop stricte et nuit à l’industrie suisse d’armement. L’exécutif interdit un renvoi de matériel militaire en Ukraine. Les Pays-Bas et l’Allemagne ont signifié en retour qu’ils ne souhaitaient plus s’approvisionner en Suisse. Cinq propositions d’assouplissement des réexportations ont été rejetées. Une sixième est discutée. Elle prévoit notamment que l’État tiers ne doit pas violer gravement les droits de l’Homme ni utiliser les armes contre les civils.

Les partis sont divisés. Pour l’UDC, partisan d’une libéralisation totale : « La neutralité implique de traiter de façon égale les belligérants, donc soit de permettre la réexportation vers chacune des parties, soit vers aucune. » Le Centre (démocrate-chrétien) souhaite autoriser les exportations vers l’Ukraine. Le Parti socialiste ne soutient pas la nouvelle initiative. Les Verts estiment que l’initiative « sape les actions de la Suisse dans le cadre des efforts internationaux pour le contrôle des exportations ». Ils préfèrent renforcer les sanctions contre la Russie et la politique humanitaire.

Pour le secrétaire pour l’industrie de l’armement : « Bien sûr que cette guerre est horrible. Notre problème principal n’est pas l’interdiction de réexportation en Ukraine, mais le fait que des pays européens ne veulent plus s’approvisionner en Suisse. » Il souhaite que les clients puissent revendre du matériel suisse à d’autres pays sans autorisation [6].

Adieu aux armes

Début octobre 2024, six déserteurs russes qui avaient fui la guerre vers le Kazakhstan ont atteint l’Europe en toute sécurité. Il s’agit du premier cas connu dans lequel un pays de l’UE a accepté de délivrer des documents d’entrée à un groupe de plusieurs militaires russes en fuite.

Au moment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le lieutenant Anton avait 23 ans. Avant même la guerre, fin janvier 2022, il a exprimé son refus de participer aux exercices qui devaient avoir lieu début février dans la Crimée annexée. Son supérieur a refusé sa démission. Il est resté six mois sur le front en Ukraine. Lors de la mobilisation de septembre 2022, il a émigré au Kazakhstan.

À Astana, il a rencontré Artur Alkhastov, militant local des droits de l’homme et avocat du Bureau international des droits de l’Homme du Kazakhstan (KIBC). L’ancien officier russe Alexeï Alchanski aidait Alkhastov à vérifier la véracité des récits des déserteurs et qu’ils n’avaient commis de crime de guerre. La crédibilité de ces militants est indispensable pour obtenir le soutien d’organismes comme l’allemand In Transit ou le français Russie-Libertés qui peuvent négocier, pour les déserteurs anti-guerre, les documents d’entrée en Europe.

La présidente de Russie-Libertés, Olga Prokopieva, qualifie les déserteurs de catégorie abandonnée. Les militants des droits de l’Homme, selon elle, frappent à différentes portes depuis un an et tentent de développer un système pour aider à accueillir au moins ceux qui sont le plus en danger.

En 2023, en France, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a jugé que les déserteurs de l’armée russe et les Russes ayant fui la mobilisation pouvaient bénéficier du statut de réfugié dans le pays. La CNDA a depuis accordé ce statut à 102 Russes ayant fui la mobilisation, mais aucun n’était déserteur. Cela s’explique par le fait qu’on ne peut demander l’asile qu’à partir de la France elle-même, et que les déserteurs ne peuvent y parvenir sans passeport étranger.

Jusqu’au printemps 2024, les tentatives des militants des droits de l’Homme de négocier avec les autorités européennes sur les visas pour les déserteurs russes ont échoué.

Anton et d’autres déserteurs ont décidé de lancer le projet « Adieu aux armes » pour montrer aux soldats russes qu’ils avaient une alternative à la participation à la guerre. Leur première action a été une vidéo dans laquelle ils ont brûlé un uniforme militaire russe sur lequel était cousue la lettre Z.

Il y a désormais des centaines de déserteurs russes en Arménie et au Kazakhstan, affirme Grigori Sverdlin, fondateur du projet Traverser la forêt, qui aide les Russes à éviter la guerre. Mais ces deux pays ne peuvent pas être qualifiés de sûrs. Des militaires russes en fuite y ont été arrêtés par les forces de sécurité russes. 28 déserteurs ont été aidés par l’organisation en janvier 2023. En 2024, le nombre de demandes mensuel a été multiplié par dix.

Début octobre 2024, les six déserteurs, dont Anton, étaient arrivés en France et avaient entamé la procédure de demande d’asile.

La famille d’Anton, selon lui, était catégoriquement opposée à son départ de Russie et le traite désormais de traître. « Pendant de nombreuses années, j’ai essayé de leur expliquer pourquoi je voulais quitter l’armée. Même après le [début] des combats, j’ai essayé de leur parler, mais en vain » [7].

Dmitri Gloukhovski

L’écrivain russe Dmitri Gloukhovski, condamné à huit ans et demi de prison pour ses critiques de la guerre en Ukraine, vit en exil. Il a publié NOUS, journal d’un naufrage, non traduit en français.

Il est interviewé par Die Welt, repris par Le Soir [8]. Extraits :

Je me suis servi de toutes mes pages de réseaux sociaux pour m’opposer à la guerre. Un mois plus tard, […] les autorités russes ont demandé à Interpol de m’arrêter. […] Les motivations étaient clairement politiques, et Interpol a donc refusé de me poursuivre pénalement.
L’année dernière, j’ai été condamné à huit ans et demi de prison par contumace. Huit ans et demi, on dirait du Fellini ! Je pense que je ne remettrai jamais les pieds dans mon pays, du moins tant que cette dictature sera en place.
Le régime de Poutine opprime la minorité qui pense encore par elle-même. […] La vie est plutôt confortable pour la majorité conformiste. […] Tant que vous la fermez en tout cas. […] Le mal peut continuer à exister tant qu’il est confortable pour la majorité. La relation que l’Europe a entretenue pendant si longtemps avec Poutine en est la meilleure preuve !
Notre talent [en Russie est] d’occulter la terreur que nous diffusons, tout le chaos et toute la douleur que nous avons causés […] à nos voisins et à nous-mêmes. Car beaucoup continuent à croire à la fable de l’État bienveillant, humaniste et juste que nous aurions toujours été. […] Nous n’avons pas attaqué l’Ukraine : nous luttons contre les nazis qui menacent nos frontières.
À court terme, tout cela semble « tolérable » pour la société et l’économie. […] L’Occident permet encore à la Russie d’encaisser l’argent issu des ventes de gaz et de pétrole, dont elle a besoin pour cette guerre.

Connards contre Canard

Dans le Dossier du Canard enchaîné « Bienvenue en Poutinie », un journaliste rencontre des passagers du Transsibérien. Un ancien militaire raconte : « Quand on m’a dit qu’on allait en Ukraine, j’ai refusé. Je ne voulais pas y mettre les pieds. Ils m’ont viré gentiment, en me mettant à la retraite. Les prix ont explosé avec la guerre. […] On n’a même plus le choix du président, et notre seule chance de survie ce serait qu’il quitte le Kremlin de lui-même, ce qui me paraît improbable. »

Un homme raconte la mort d’un ami au combat. Quelques jours après que sa femme en a été tardivement informée, elle a reçu un ordre de mobilisation pour lui.

Un média local met en ligne le numéro de téléphone du journaliste : « Appelez ce soutien de l’Ukraine pour lui dire ce que vous pensez de lui, dans le cadre de la loi. » En quelques minutes, il reçoit des menaces : « Bienvenue en ville. Nous savons où tu dors, nous allons te retrouver, tu vas passer un mauvais moment. » Signé « un honnête citoyen » [9].

Des artistes russes ont cherché à quitter le pays dès les premiers jours de guerre. « Les premières semaines, nous recevions des milliers d’appels affolés. Nous avons instruit plus de 2 000 demandes de visa venant de Russie », explique la metteuse en scène Judith Depaule, responsable d’une mission d’aide aux artistes en danger en Ukraine confiée par le ministère français de la Culture [10].

Contournements d’embargo

Une enquête d’Inform Napalm révèle une stratégie qui permet à la Russie de maintenir ses bombardiers et chasseurs avec du matériel, des pièces détachées et des technologies françaises, malgré les sanctions internationales. Elle démontre que la société kazakhe ARC Group collabore avec l’armée russe pour maintenir les avions russes Su-30SM équipés d’avionique française de Thales et Safran. L’entreprise kazakhe a envoyé ses techniciens pour une formation et une certification à l’entreprise française Thales. Bien que le contrat français interdise le transfert d’équipements et de services à un tiers, et à plus forte raison à la Russie, les équipements sont ensuite envoyés à ce pays.

Un Kazakh a contacté le groupe Cyber Resistance qui dénonce les contournements des sanctions contre la Russie [11].

Selon les recherches de l’Observatoire des armements, en partenariat avec Mediacités, une société du nom d’Akka aviation services llc continuerait d’envoyer des pièces aéronautiques à la Russie, malgré l’embargo de 2022. 212 importations ont été dénombrées pour un montant de 2,9 millions d’euros [12].

Une cargaison, destinée à la Russie, de treize tonnes de produits chimiques pouvant servir d’armes chimiques ou d’agents neurotoxiques a été saisie en Espagne. Elle devait transiter par l’Arménie ou le Kirghizstan et continuer par route [13].

Ilia Iachine

Ilia Iachine, opposant politique à Poutine et à sa guerre, a bénéficié, contre son gré, d’un échange de prisonniers en août 2024. Il a accordé une interview à Libération [14]. Avec Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny et Vladimir Kara-Mourza, échangé en même temps que lui, il cherche à regrouper les opposants à Poutine « en une sorte de mouvement russe international pour la paix, contre la guerre, pour la liberté de la Russie ».

Alexeï Moskalev

Alexeï Moskalev, séparé de sa fille pour un dessin de celle-ci dénonçant l’offensive russe en Ukraine et condamné à un an et dix mois de camp pour « discrédit » de l’armée russe, a été libéré après avoir purgé sa peine. OVD-Info diffuse une vidéo des retrouvailles émues du père et de sa fille, âgée à présent de quatorze ans.

Le prisonnier a expliqué : « La cellule mesurait un mètre sur deux. On y était deux. Le plancher était pourri, des rats partout. Il faisait un froid épouvantable. J’étais obligé de passer seize heures debout car, le matin, les lits étaient rattachés au mur pour qu’on ne puisse pas s’allonger. Il était impossible de s’asseoir sur le petit banc métallique qui était glacial [15]. »

Yana Lisitsina

Le 7 octobre2024, le tribunal municipal de Berezovsky a infligé une amende de 30 000 roubles à Yana Lisitsina. Elle a été jugée pour « discrédit de l’armée russe ». Elle avait entrepris des démarches contrariées par les autorités pour refuser l’envoi de son fils à une formation militaire dispensée obligatoirement par son école. L’élève, qui a seize ans, prévoit de demander un service civil comme objecteur de conscience [16].

Ihor Rhyb

Pour ne pas donner l’ordre d’envoyer à la mort ses hommes sous équipés et en sous-effectif, le lieutenant-colonel ukrainien Ihor Rhyb s’est suicidé. C’est lui qui avait formé son bataillon avec surtout des gens de sa ville. Une centaine de soldats de son bataillon ont déserté au début d’octobre 2024 pour protester contre leur manque d’entraînement et d’armes. Trois jours plus tard, des déserteurs et des proches des soldats ont manifesté. Ihor Rhyb a compris qu’il ne pourrait pas tenir ses positions, comme on le lui ordonnait sous la menace de prison. Ses hommes et ses concitoyens ont assisté à son enterrement en l’estimant comme un héros [17].

Soldats nord-coréens

Une source militaire française confirme l’annonce de Zelensky : des soldats nord-coréens combattent contre l’Ukraine. Dix-huit d’entre eux auraient déjà déserté [18].

Dommages environnementaux en Ukraine

La guerre en Ukraine entraîne d’importants dommages environnementaux pour les sols, l’air, l’eau et la population, causés par les bombardements russes. Dans la seule région de Tchernihiv, les autorités ukrainiennes évaluent leur coût à environ 630 millions de dollars.

Le 28 février 2022, un bombardement russe embrase l’hypermarché Epicentre dans la banlieue de Tchernihiv, au nord de l’Ukraine. Une colonne de fumée noire est visible depuis différents endroits de la ville, et plus de 22 000 mètres carrés brûlent. Un mois après la fin du siège de Tchernihiv, en mai 2022, le site est examiné par des experts de l’Inspection nationale de l’environnement afin d’évaluer les dommages écologiques. Selon leurs estimations, 17 produits chimiques dangereux pour l’homme ont été libérés dans l’atmosphère.

L’incendie de l’Épicentre a affecté la santé des habitants de Tchernihiv de plusieurs manières. « Les gaz libérés pendant l’incendie ont dépassé le niveau maximum tolérable et ont eu un impact sur l’état psycho-émotionnel des gens. Ils entraînent une fatigue chronique, nuisent à l’efficacité, provoquent nausées, maux de tête et pertes de connaissance. En outre, ils ont un effet cancérigène et un impact toxique sur le système respiratoire », affirme Yurii Karpenko, un écologiste de Tchernihiv [19].

Justice

Cour pénale internationale

Le procureur de la Cour pénale internationale a reçu de nouvelles informations sur la Biélorussie de la part d’ONG ukrainiennes et biélorusses. Leur travail s’inscrit dans le contexte des mandats d’arrêt délivrés par la CPI à l’encontre du président russe Vladimir Poutine et de la commissaire à l’enfance Maria Lvova-Belova, qui portaient spécifiquement sur la déportation d’enfants vers la Russie. Le procureur de la CPI, Karim Khan, a dénoncé « la déportation d’au moins plusieurs centaines d’enfants enlevés dans des orphelinats et des foyers pour enfants. Selon nous, nombre de ces enfants ont depuis été confiés à l’adoption dans la Fédération de Russie. La loi russe a été modifiée par décrets présidentiels émis par le Président Poutine, afin d’accélérer la procédure d’octroi de la citoyenneté russe, facilitant ainsi l’adoption de ces enfants par des familles russes. Mon bureau fait valoir que ces actes, entre autres, démontrent l’intention d’éloigner définitivement ces enfants de leur propre pays. »

Les ONG ont recueilli des preuves de 2021 à juin 2024 et ont documenté le cas de plus de 2 000 enfants. « Nous avons commencé par le décret de 2021 signé personnellement par [le président de la Biélorussie] Loukachenko autorisant le déplacement d’un groupe d’enfants des territoires occupés de l’Ukraine vers la Biélorussie », indique Onysia Syniuk, analyste juridique travaillant pour l’ONG ukrainienne de défense des droits humain Zmina.

« Ce que les enfants apprennent relève de l’endoctrinement politique ou religieux, parfois de la militarisation », précise Kateryna Rashevska, experte juridique pour l’ONG ukrainienne Regional Centre for Human Rights (Centre régional pour les droits de l’homme). « Les enfants sont souvent utilisés dans des manifestations de propagande publiques. On leur pose des questions très traumatisantes. Jusqu’à les faire pleurer. Ils rencontrent des unités militaires locales, des membres des forces de l’ordre locales, qui montrent aux enfants comment se comporter avec des fusils, des armes. Ils sont photographiés en uniforme, avec les signes Z. »

« Nous essayons de ne pas mettre l’accent uniquement sur la déportation et le transfert forcé d’enfants ukrainiens, mais aussi sur l’éradication de leur identité nationale. Il s’agit avant tout, en tant que crime contre l’humanité, d’un cas de persécution discriminatoire », explique Rashevska.

Gabija Grigaitė-Daugirdė, la vice-ministre de la Justice de Lituanie qui était aux Pays-Bas pour déposer la saisine de la CPI, estime que « Pour s’assurer que la Cour n’oublie pas la Biélorussie, il faut constamment le lui rappeler [20]. »

Collaboration ?

L’article sur la collaboration, introduit dans le code pénal ukrainien après le début de l’invasion russe, couvre des crimes comme le soutien public aux actions de l’agresseur, un emploi au sein des autorités d’occupation, l’application des normes éducatives du pays agresseur dans les territoires occupés, la participation à des référendums illégaux, la fourniture de ressources matérielles ou le service au sein des forces de l’ordre de l’occupation.

Au vu des statistiques du parquet général, qui font déjà état de plus de 8 000 procédures pour collaboration, les services d’enquête et le système judiciaire ukrainiens risquent de se trouver dans une situation où, par manque de temps, ils ne seront pas en mesure d’enquêter sur un si grand nombre de dossiers.

« Il y a un problème de manque de clarté dans l’éventail des responsabilités et de flou dans la législation. Par exemple, si un professeur de mathématiques se contente de donner un cours, il ne s’agit pas d’une application [des normes éducatives du pays agresseur]. Le terme "mise en application" ouvre un large pouvoir d’appréciation. Il est possible que ceux qui doivent vraiment être punis échappent à leurs responsabilités et que ceux qui ne méritent pas d’être jugés soient poursuivis », déclare Serhiy Horbachov, médiateur ukrainien chargé de l’éducation, lors d’un débat organisé par Docudays UA dans le cadre du Festival international du film 2024 sur le thème « Éducateurs, médecins, travailleurs des services publics dans les territoires occupés : qui l’Ukraine considère-t-elle comme des collaborateurs et est-ce juste ? »

Selon un acte d’accusation, en août 2022, les occupants ont nommé un professeur comme nouveau directeur de l’école, le directeur intérimaire ayant refusé de travailler. Cependant, des témoins ayant travaillé à l’école ont confirmé qu’après l’occupation du village, l’école a terminé l’année scolaire conformément au programme scolaire ukrainien. Ils ont déclaré que l’accusé ne les avait jamais incités à travailler selon les normes russes et que les cours étaient dispensés en ukrainien. Bien que les occupants ont livré des manuels russes, les manuels ukrainiens ont été conservés. Selon les témoins, l’accusé leur a demandé de répéter le programme scolaire enseigné l’année précédente. L’école a fonctionné sous l’occupation pendant une semaine au total, la région de Kharkiv ayant été libérée par les forces armées ukrainiennes.

Le tribunal de première instance a reconnu l’homme coupable d’avoir appliqué les normes éducatives russes, l’a condamné à un an de prison et lui a interdit de travailler dans l’éducation et le gouvernement pendant 12 ans.

Bien que des témoins ont confirmé qu’un électricien aidait à rétablir l’approvisionnement en électricité de la ville, qui avait été coupé par les bombardements, la chambre de première instance l’a jugé coupable de collaboration.

Ihor Zhosan travaillait comme chef cuisinier dans l’établissement pénitentiaire de Kherson. Il occupait ce poste depuis 1999 et l’a conservé pendant l’occupation. Il était chargé des repas des prisonniers. Bien qu’il a expliqué qu’il n’avait aucun contrat de travail avec les occupants et que tout se passait ainsi automatiquement, sans le consentement des employés, il a été placé en détention et est actuellement jugé pour collaboration.

Cependant, par rapport à l’année précédente, on constate que dans certains cas, les tribunaux réduisent les peines pour collaboration humanitaire [21].

Réfugiés

Koursk

Après l’invasion ukrainienne en Russie, 150 000 personnes sont réfugiées à Koursk. « Il y a la réalité des discours et de la télévision. Et il y a notre réalité ! Nous sommes en guerre, mais le reste de la Russie derrière ses écrans ne le sait pas. », déplore l’une d’elles.

Alors que les volontaires pour le front reçoivent des primes de 50 000 euros, les réfugiés reçoivent du Kremlin une allocation de 10 000 à 15 000 roubles (100 à 150 euros) et 150 000 roubles en compensation de leur maison détruite. Quinze mouvements d’opposition au Kremlin tiennent un bureau de distribution d’aide. « S’il y avait assez de soutien de la part de l’État, pourquoi seraient-ils nombreux à faire la queue chez nous ? », s’interroge un bénévole [22].

Saint-Pétersbourg

À Saint-Pétersbourg, un centre humanitaire aide indifféremment les réfugiés ukrainiens et russes. Les bénévoles, essentiellement des femmes, sont opposées à la guerre. « C’est notre façon de dire, discrètement, notre farouche opposition à tout ça. », malgré les risques qu’elles encourent, confie l’une d’elles. Pourtant, elles accueillent des Ukrainiens qui préfèrent se réfugier à St Pétersbourg et évoquent la Russie qui est venue libérer Marioupol et des Russes qui fuient l’invasion ukrainienne [23].

Europe

Plusieurs pays européens, la Norvège, la Hongrie, la République Tchèque, les Pays-Bas, restreignent les droits des Ukrainiens fuyant la guerre. La Norvège indique qu’il y a une part croissante d’hommes « dont beaucoup sont en âge de combattre ». La Pologne et l’Allemagne, en pénurie de main d’œuvre, réservent un meilleur accueil mais il est contesté par l’extrême droite [24].

Conseil des droits de l’homme de l’ONU

En octobre 2022, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a créé le poste de rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Russie. La Bulgare qui l’occupe a été qualifiée, en Russie, de « russophobe active » de laquelle « on ne peut rien attendre de bon ». Les autorités russes utilisent largement l’étiquette d’« agent étranger » pour porter atteinte aux droits fondamentaux des Russes, notamment la liberté d’expression, la liberté d’association, la participation politique et publique et la vie culturelle, indique son rapport. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine, le nombre de ces agents s’est brutalement accru. En août 2024, 186 organisations figuraient sur la liste des « indésirables », dont plus de la moitié ont été ajoutées à la liste au cours des 18 derniers mois.

L’impunité des forces de sécurité et la répression brutale des manifestations contre la guerre en 2022 ont eu un « effet dissuasif » : il y a eu moins de manifestations de masse dans le pays. Aucun des membres des forces de sécurité qui ont torturé les manifestants n’a jamais été puni, indique le rapport. Les manifestations des minorités ethniques et des peuples indigènes sont « impitoyablement réprimées ».

Les autorités ont tenté de réprimer les tentatives visant à rendre hommage à la mémoire du défunt Alexeï Navalny : au moins 600 personnes dans 39 villes ont été arrêtées pour avoir déposé des fleurs devant les monuments aux victimes de la répression politique. Au moins 119 personnes ont été arrêtées le jour des funérailles de l’homme politique.

L’année écoulée en Russie a été marquée par une censure accrue, la suppression de la liberté d’expression et la dissidence politique. Au moins 331 personnes ont été impliquées dans des affaires relevant de l’article sur les « contrefaçons militaires », et 192 autres ont été accusées de « discréditer l’armée ».

Au moins 1 372 militants des droits humains, journalistes et opposants à la guerre « ont été arrêtés sur la base d’accusations politiquement motivées et condamnés lors de procès grotesques à de longues peines de prison, souvent dans des conditions s’apparentant à de la torture ».

Les personnes reconnues coupables d’opposition à la guerre sont souvent confrontées à des mauvais traitements, à la torture et au refus de soins médicaux pendant leur détention ainsi qu’au « recours fréquent à l’isolement cellulaire pour des périodes injustifiées et longues ».

De nombreux journalistes ont quitté le pays et ceux qui restent travaillent sous la menace de poursuites pénales. Au moins trente journalistes ont été arrêtés « sur la base de diverses accusations criminelles forgées de toutes pièces ». Ainsi, le journaliste de RusNews Roman Ivanov a été condamné à sept ans de prison, notamment pour avoir publié un rapport de l’ONU sur les crimes de l’armée russe en Ukraine.

En juin, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé le blocage de 81 médias européens. Les journalistes internationaux de nationalité étrangère en Russie sont arbitrairement détenus et utilisés pour des échanges de prisonniers « dans des conditions favorables aux autorités ».

Les personnalités culturelles et artistiques anti-guerre sont « soumises à une censure et à des pressions de plus en plus sévères ».

Des hommes politiques de l’opposition emprisonnés comme Alexeï Gorinov, Vladimir Kara-Mourza et Alexeï Navalny ont été soumis à une nouvelle pratique de « disparitions forcées », où personne à l’extérieur ne savait rien de leur sort pendant environ un mois.

Les autorités russes ont intensifié leurs persécutions à l’encontre des avocats, en particulier de ceux qui défendent les prisonniers politiques.

Le concept d’« extrémisme » - imprécis, vague et large - est interprété et appliqué arbitrairement : ainsi, le « Mouvement social international LGBT » et le « Mouvement séparatiste anti-russe » inexistants ont été déclarés extrémistes, et la persécution des Témoins de Jéhovah visés par les articles extrémistes continuent.

Au cours des dix dernières années, le nombre de condamnations pour terrorisme a été multiplié par 50, sans un seul acquittement. En 2023, au moins 22 cas de torture et autres violations des droits humains ont été enregistrés lors d’« opérations antiterroristes ».

La mobilisation « vise à recruter des groupes spécifiques de la population, y compris des groupes socialement et économiquement vulnérables ». Des membres des peuples autochtones « ont été mobilisés de manière disproportionnée pour la guerre contre l’Ukraine », y compris par la force, ce qui « menace l’extinction de petits peuples en raison des pertes militaires qu’ils ont subies ». Le risque de disparition des minorités est environ quatre fois plus élevé que celui des Russes de souche, et cent fois plus élevé que celui des habitants de Moscou.

Des prisonniers, des migrants sont également envoyés au front, et l’institution d’un service civil alternatif ne fonctionne pas dans le pays. La violence physique et les subterfuges tactiques sont utilisés pour contraindre les hommes à signer des contrats pour combattre en temps de guerre. Au front, les refuzniks sont soumis à la torture et, en guise de punition, ils sont enfermés dans des fosses en terre, sans nourriture ni eau.

La Russie détient au moins 1 672 civils ukrainiens et plus de six mille prisonniers de guerre. Les prisonniers rentrant en Ukraine ont signalé des actes de torture et des mauvais traitements systématiques. Plus de 19 000 enfants ukrainiens ont été emmenés de force dans les territoires contrôlés par la Russie.

Le rapport formule également des recommandations à l’intention de la communauté internationale et des États membres de l’ONU : renforcer le soutien aux journalistes indépendants, aux défenseurs des droits de l’Homme et aux militants tant en Russie qu’à l’étranger, sans retarder l’examen des demandes d’asile et en envisageant la possibilité d’accorder l’asile aux refuzniks.

Lors de l’exposé du rapport, le représentant russe était absent. Les pays plus ou moins liés à la Russie (Chine, Érythrée, Cuba, Biélorussie, Nicaragua…) ont pris sa défense.

Le délégué géorgien a rappelé que la Russie viole les droits de l’homme dans les territoires géorgiens occupés. Les représentants du Kirghizistan et du Kazakhstan ont attiré l’attention sur les dispositions du rapport relatives aux violations des droits des travailleurs migrants.

« Ce mandat n’est pas contre le peuple russe, c’est un mandat pour le peuple russe. Avec amour, compréhension, indépendance et impartialité absolues, j’écouterai tout le monde et traiterai tous les cas après avoir soigneusement vérifié les faits », a conclu la rapportrice spéciale [25].

Dix-huit ans de prison

Un habitant de Sibérie a été condamné à dix-huit ans de prison pour avoir tenté d’incendier un bureau de recrutement militaire, a fait savoir l’antenne locale du Service russe de sécurité (FSB). Il a été arrêté avant de pouvoir passer à l’acte [26].

La presse sous pressions

Le site d’information respecté Ukraïnska Pravda, un des plus populaires et influents du pays, a accusé l’administration de Volodymyr Zelensky « d’exercer une pression continue et systématique […] sur la rédaction et certains journalistes » et d’avoir recours à cette pratique en pleine invasion de l’Ukraine par la Russie, « alors que notre lutte commune à la fois pour la survie et les valeurs démocratiques est essentielle ». Le site affirme notamment que la présidence interdit à des responsables d’État de communiquer avec ses journalistes, de participer à des événements qu’il organise, et de « faire pression sur des entreprises » pour « arrêter leur coopération publicitaire » avec lui.

« Chacune de ces tentatives ne fait que renforcer notre motivation à dénoncer la corruption et la mauvaise gestion aux plus hauts niveaux du pouvoir [27]. »

Une des journalistes d’Ukraïnska Pravda, Victoria Rochtchina, qui avait été arrêtée par les forces russes dans les territoires occupés d’Ukraine en 2023, est morte lors d’un transfert depuis une prison de Taganrog, dans le sud-ouest de la Russie, vers Moscou [28].

Dieu reconnaîtra les siens

Dans le très complet Dossier du Canard enchaîné « Bienvenue en Poutinie », un article est consacré aux deux cathédrales orthodoxes de Paris [29]. La première, Saint-Alexandre-Nevski, du nom d’un prince célèbre pour ses victoires militaires, est formellement inféodée au patriarcat de Moscou. Pourtant des Ukrainiens y sont fidèles et l’archevêque a pris officiellement position contre l’agression de l’Ukraine et organisé des collectes pour ce pays.

La seconde, celle de la Sainte-Trinité, est loyale au patriarche moscovite Kirill et donc au Kremlin. Elle est l’annexe du centre culturel de la Fédération de Russie à Paris. Elle est bâtie en bord de Seine, à la place du siège de Météo France vendu par Nicolas Sarkozy, au risque grave d’espionnage du bâtiment voisin immédiat qui est une annexe de l’Élysée.

Le même Sarkozy avait vendu à Poutine deux porte-hélicoptères Mistral. C’était la première fois qu’un pays de l’Otan vendait de l’armement à la Russie. « Nous avons besoin des Russes et ils ont besoin de nous », se justifiait, encore en 2023, le petit Nicolas. Après l’invasion de la Crimée, en 2014, François Hollande a suspendu la livraison des navires.

Manifestation pour la démobilisation

À l’occasion du deuxième anniversaire de la mobilisation, le 21 septembre 2024, une vingtaine d’épouses de soldats mobilisées ont manifesté devant le bâtiment moscovite du ministère de la Défense pour exiger la démobilisation de leurs proches. Elles ont subi des menaces policières et les insultes et les provocations de contre-manifestants [30].

Contre Darwin

L’assistant du Premier ministre russe Mikhaïl Mishustin et l’ancien Premier ministre tchétchène Muslim Khuchiev ont appelé à l’interdiction de l’enseignement de la « théorie » de Darwin dans les écoles. « Tout le monde sait que c’est une théorie erronée, elle va à l’encontre de la religion. C’est, je crois, la première étape vers la décadence spirituelle des enfants. Nous pouvons simplement la supprimer », a déclaré Khuchiev, approuvé par des représentants de l’Église orthodoxe [31].

Bourrage de crâne

Sacha Filipenko est un romancier biélorusse. Il a travaillé en Russie pour la télévision indépendante Dojd’ désormais interdite. Depuis la répression de la contestation du régime de Loukachenko en 2020, il vit en Suisse. Dans un article de Kometa [32], il raconte comment son grand-père a écrit contre lui une lettre ouverte de dénonciation calomnieuse, relayée par les propagandistes du pouvoir. Il explique son attitude par l’emprise exercée par la télévision sur la population. La télé relate la décomposition de l’Occident, les morts de faim en Europe, le manque d’hygiène à cause du coût de l’eau, la drogue, l’homosexualité. Les États-Unis mènent des expériences militaires sur le matériel génétique des Slaves pour les empoisonner par des moustiques. À l’Ouest, à cause du féminisme, une femme peut refuser d’enfanter. Contaminées par cette idéologie, la Russie et la Biélorussie se retrouveraient sans soldat.

Retour de guerre

Au cours des deux années et demie qui se sont écoulées depuis le début de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine, au moins 242 personnes sont mortes des suites de crimes commis par des participants à la guerre rentrés en Russie. 227 autres personnes ont été grièvement blessées, selon une étude du journal Verstka. La plupart de ces crimes ont un mobile domestique ou se produisent dans le contexte de la consommation d’alcool. Les anciens prisonniers tuent plus souvent que les autres rapatriés de guerre et commettent également plus souvent des crimes contre les femmes. La participation à la guerre est souvent considérée comme circonstance atténuante par les tribunaux [33].

Russie-Libertés

L’association Russie-Libertés organise un forum « La résistance anti-guerre continue », les 19 et 20 octobre 2024, à la Mairie de Paris Centre, 2 rue Eugène Spuller, 75003, Paris. Inscription obligatoire.

Pavel Kushnir

Le soir du 26 septembre 2024, dans une salle bondée de l’Hôtel de ville de Paris, un concert a été organisé à la mémoire du pianiste Pavel Kushnir, un musicien, opposant russe à la guerre, décédé en prison après un grève de la faim et de la soif. Les bénéfices sont versés en soutien aux prisonniers politiques russes. Des manifestations similaires ont eu lieu à Postdam et à Belgrade [34].

Anya Arkhipova

Novaya Gazeta [35] a adressé des questions à six prisonniers liés au mouvement anti-guerre Vesna (Printemps). La liste des griefs porté contre eux est lourde : participation à une ONG portant atteinte aux droits des citoyens, participation à une « communauté extrémiste », appels publics à des activités dirigées contre la sécurité de l’État, tendance aux émeutes, diffusion par un groupe de personnes d’informations irrespectueuses sur les jours de gloire militaire, diffusion de « fausses nouvelles » sur l’armée. Anya Arkhipova est la seule dont les réponses ont pu franchir la censure. Extraits :

« J’ai abandonné le militantisme un an avant mon arrestation en raison d’une grave fatigue morale.
Je suis en prison depuis plus d’un an maintenant, mais c’est comme si c’était quelques mois ou toute ma vie. La notion de temps est ici différente. […] J’ai passé un peu plus d’un an dans un centre de détention provisoire pour femmes à Moscou. Là, j’ai vu peut-être l’une des images les plus terribles de ma vie : celle des enfants de prison.
Dans le fourgon cellulaire en route vers Arsenalka, j’ai apprécié le monologue d’une heure du gardien, qui se plaignait du fait qu’à cause des caméras pectorales, « il ne pouvait plus battre les prisonniers ». Puis il raconta comment, alors qu’il servait dans l’armée, il mangeait des chiens et buvait leur sang. […] À en juger par le regard de son collègue, je n’étais pas la seule à me sentir mal.
Le plus difficile pour moi est l’incapacité totale de gérer ma vie. Vous faites ce qu’ils disent et quand ils le disent, et vous ne pouvez rien influencer. Le centre de détention provisoire décide de ce que vous mangez, de ce que vous lisez, où vous allez et vous vivez sous surveillance constante. Dans certaines cellules, même dans les toilettes et les douches, il y a un judas spécial pour que les agents puissent voir si vous enfreignez le règlement intérieur.
Un jour, lors d’un contrôle, j’ai demandé la permission de prendre mes médicaments et j’ai tout de suite entendu la réponse : « Le prisonnier doit être malade et fragile. ». Je pense que cela explique beaucoup de choses.
Certaines [prisonnières] vous louent et vous remercient pour votre courage, tout le monde sympathise. La plupart des gens ont la réaction suivante : « Alors, vous obtenez 15 ans de prison pour vos propos ? Je n’arrive pas à comprendre, je pensais que cela ne pouvait pas arriver. » Cela arrive, les filles, et malheureusement très souvent. Dans notre pays, on peut obtenir moins pour un meurtre que pour une position non violente - telles sont les priorités.

Anya Arkhipova et trois de ses co-accusés, Chaîne Telegram, freearkhipova

Un jour, une jeune fille inconnue, ayant appris de quoi j’étais accusée, m’a regardée dans les yeux et, doucement, pour que les autres ne l’entendent pas, a déclaré la précieuse « liberté des prisonniers politiques ». Il y avait aussi une phrase de trois et cinq lettres. (« Niet voïna », « Non à la guerre », en russe, le mot « guerre » est interdit pour désigner l’opération militaire spéciale et aurait valu la censure de la lettre.) […]
Dans un centre de détention provisoire de Moscou, j’ai étudié l’italien et le japonais, l’anglais et le marketing et la psychologie. À Saint-Pétersbourg, mes livres ont été confisqués.
Pendant que j’étais à Pechatniki, j’ai réussi à lire beaucoup. […] J’ai continué à étudier mon bien-aimé Remarque. Si seulement vous saviez à quel point « À l’Ouest, rien de nouveau » est ressenti avec acuité lorsque vous êtes impliquée dans une affaire anti-guerre.
Nous pouvons parler sans cesse de l’importance des lettres adressées aux prisonniers politiques, mais tous les mots sont impuissants.
Il est arrivé plus d’une fois que dans les moments de faiblesse, quand il est particulièrement difficile de tenir le coup, c’est une lettre qui sauve. Une simple lettre de soutien et de sympathie. Vous voilà à nouveau debout. […]
Bien sûr, mes parents vivent une période difficile avec mon arrestation. Mon père a 61 ans. Il veut jouer avec ses petits-enfants, pas voir sa fille derrière les barreaux. Hier, je l’ai rencontré pour la première fois depuis mai de l’année dernière. Je ne veux même pas décrire à quoi ça ressemble. Le plus dur est de voir la souffrance des proches.
J’ai raté les anniversaires de mon père et de ma mère, mon copain a défendu son doctorat et je n’étais pas là. Il m’écrit tous les jours depuis son arrestation ; il n’y a aucun endroit où ranger les lettres. Profitant de cette occasion, j’aimerais lui dire : je t’aime ! […]
Même après la libération, la vie en Russie me sera impossible, cela me donne envie de crier. […]
Le procès dans notre affaire va commencer très bientôt. […] Je ne m’attends pas à un acquittement ou à la justice. Cela n’arrive pas dans les affaires politiques. […]
La mort de Pavel Kushnir m’a beaucoup influencée et m’a poussée à agir. Je veux rendre le monde un peu meilleur, en partie en mémoire de lui. Et il y a tellement de travail à faire ! Vous voyez, je ne peux pas abandonner aujourd’hui parce que j’ai des projets pour demain. En plus, je n’ai pas encore lu tous les livres. Je souhaite du bonheur à tous ! »

Impôts, démographie, prisonniers

En Ukraine, le taux de l’imposition sur le revenu des personnes physiques est passé de 15 % à 18 % et, compte tenu du prélèvement militaire, à 19,5 %. Le taux de l’impôt sur le revenu des sociétés a été réduit de 24 % à 18 %. En Ukraine, à cause de la guerre, le taux de mortalité est trois fois supérieur au taux de natalité [36].

En échange de leur, libération en cas de survie, au moins 4 000 anciens prisonniers ukrainiens ont rejoint l’armée depuis mai 2024, soit 13 % des détenus. Ils sont déployés presqu’uniquement pour de dangereuses missions d’assaut. Leur courage et leur motivation sont appréciés par la hiérarchie [37].

Norvège

Les autorités norvégiennes ont refusé l’asile politique au Russe Pavel Suetin, qui a échappé à la mobilisation, et lui ont ordonné de quitter l’espace Schengen dans un délai de trois semaines, écrit The Barents Observer [38]. « "Je ne veux pas tuer et je ne veux pas mourir », dit-il.

Difficultés de recrutement

Russie

Des stands de recrutement sont installés dans des stations de métro, souvent dans l’indifférence des passants. Outre une solde annuelle de 5,2 millions de roubles, le soldat bénéficiera pour son épouse d’une formation professionnelle, de la cantine gratuite pour ses enfants écoliers, d’aides médicales pour ses parents et de soutien psychologique pour la famille et d’une prime de trois millions de roubles en cas de mort au front. Selon l’agence Bloomberg, les dépenses militaires annuelles représenteront 40 % des dépenses de l’État. Les policiers et le personnel pénitentiaire sont en sous-effectif en raison de leur afflux sur le front [39].

Selon le service russe de la BBC [40], en 2024, les tribunaux russes ont reçu un nombre record de plaintes pour désertion et cessation de service non autorisée. Il relate quelques anecdotes de complicité des familles avec les refuzniks. Le beau-père d’un déserteur a réussi à passer ses propres menottes à un policier. Sous une étagère de cornichons, d’autres policiers ont trouvé une boîte recouverte de terre dans laquelle se cachait un fugitif. Selon le témoignage des policiers, la belle-mère du déserteur les a menacés avec un couteau et a jeté de l’eau bouillante au visage de l’un d’entre eux, ce qu’elle nie.

Toutes les personnes impliquées dans ces affaires ont finalement été condamnées.

Ukraine

Busification

En Ukraine, la « busification » est l’enrôlement, plus ou moins brutal, d’hommes en âge de combattre puis leur transport en bus vers un centre d’entraînement. Elle vise particulièrement ceux qui recourent à des pots-de-vin pour éviter la conscription ou fuir à l’étranger. Selon un rabatteur, 80 % des interpellés ne veulent pas combattre, arguant qu’aucune démobilisation n’est prévue et que la formation est insuffisante [41].

Déserter pour inciter à combattre

Serhiy Hnezdilov, réputé pour ses interviews de personnalités pour le média Hromadske, s’est engé volontairement en 2019 lors de la guerre du Donbass. Il a pris une décision radicale en annonçant sur Facebook sa décision d’« abandonner sans y avoir été autorisé » son unité d’infanterie mécanisée jusqu’à l’établissement de conditions de service claires. Une manière désespérée de protester pour attirer l’attention sur l’absence de perspectives de démobilisation pour des soldats engagés depuis le début de l’invasion, alors que l’armée peine à recruter leur relève. « Les soldats ne se sentent pas comme des défenseurs, mais comme des esclaves. » « Éviter l’armée est devenu un sport national. » « Nous sommes maintenant face au risque que cette guerre devienne une guerre menée par les pauvres. », les riches peuvent se payer des avocats ou verser des pots-de-vin. Il espère un procès médiatisé pour attirer l’attention sur le sujet. Quatre avocats ont déjà refusé de le défendre. Pour certains son geste est salutaire. D’autres critiquent sa décision irresponsable qui pourraient inciter à d’autres désertions.

Il se sent victime d’une injustice : « Ceux qui ont décidé de s’engager ont le sentiment d’avoir tiré la mauvaise carte. […] J’ai sacrifié cinq ans de ma vie. » « Nous ne pouvons pas continuer ainsi : qu’un homme soit amené à défendre le pays jusqu’à la fin de sa vie, tandis qu’un autre continue à simplement vivre normalement. »

Un député du parti présidentiel parle de plus de 80 000 soldats ayant volontairement quitté leurs unités depuis le 24 février 2022. Selon la télévision internationale allemande Deutsche Welle, il y a eu 9 400 cas en 2022, 24 100 en 2023 et 29 800 pour le premier trimestre 2024 [42].

Paix pour tous

L’archiprêtre Andreï Drugaï est l’ancien recteur de l’église de Krasnodar en l’honneur de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie. Pour sa position pacifiste et ses critiques de la répression contre les dissidents, il a été banni du ministère et contraint de quitter la Russie. Il est aidé par « Paix pour tous », une équipe de personnes partageant ses idées et soutenant le clergé rejeté par l’Église orthodoxe russe en raison de ses appels à la paix [43].

Économie de la mort

Sur les murs de Moscou, d’immenses affiches mettent en avant un chiffre : 5 200 000 roubles, 52 000 euros. C’est ce qu’un soldat volontaire va toucher la première année. Vladimir Poutine a ordonné par décret d’augmenter de 180 000 les effectifs militaires russes pour atteindre 2,38 millions d’hommes, la troisième décision du genre depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

Les volontaires ne paieront plus d’impôts et gagneront huit fois le salaire moyen en Russie, et encore plus dans les régions les plus pauvres, comme la Bouriatie, près de la frontière mongole, explique l’opposante Alexandra Garmazhapova, présidente de la Free Buryatia Foundation.

En cas de décès, l’état paiera jusqu’à 12 000 000 de roubles, soit 120 000 euros à sa famille. Vladislav Inozemtsev, un économiste russe exilé aux États-Unis, estime qu’on est entré dans une économie de la mort : « Si l’on calcule tous les revenus d’un homme au front en combattant un an là-bas, il s’avère que si cet homme avait 35 ans, sa famille recevrait plus d’argent qu’il n’aurait pu en gagner jusqu’à sa retraite. Donc, aller au front et être tué un an plus tard est plus rentable que travailler honnêtement pendant plusieurs décennies [44]. »

Musique

Pussy Riot

Des membres du groupe musical principalement féminin Pussy Riot ont été ajoutées à la liste des personnes recherchées par le ministère russe de l’Intérieur. Parmi elles, Olga Borisova, ancienne policière russe qui a quitté son job pour protester contre le régime. Elles ignorent en vertu de quel article du Code pénal a été prise cette décision. Actuellement, les Pussy Riot participent à la tournée de concerts Riot Days basée sur le livre de mémoires d’une de ses membres, Maria Alekhina. Le spectacle a fait des tournées dans le monde entier, a été présenté plus de 200 fois dans la plupart des pays d’Europe, aux États-Unis, au Brésil, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Au cours de leur tournée, elles collectent des fonds pour l’hôpital pour enfants Okhmatdyt à Kiev, endommagé par une attaque de missile russe en juillet. Le groupe a déjà collecté plus de 150 000 euros [45].

Casta

Les musiciens de Casta s’opposent à l’invasion russe de l’Ukraine. L’album « New Foreign Rap » est presque entièrement consacré à la guerre et à la politique. Il a été bloqué sur tous les services de streaming russes, en raison de « la présence dans les textes d’informations peu fiables visant à déstabiliser la situation socio-politique en Fédération de Russie. » Sur le site, il y a un lien pour télécharger, à prix libre, des fichiers mp3.

Une des chansons dit :

Le vieil homme a appris le pouvoir et y a pris goût.
Le vieil homme a vécu pleinement et a prolongé son parcours. […]
Toi, petit-fils, tu devrais donner ta vie pour nous, ne sois pas un lâche.
Le vieil homme vous appelle à la mort et c’est tout.
[…] crachez sur cet appel. […]
Ils vous envoient au-delà des frontières pour tuer et mourir.
Vous devez le faire, vous êtes gouverné par un vieux fantôme.

Casta écrit : « Écoutez "New Foreign Rap", écrit par des artistes anti-guerre en émigration forcée au Portugal, à Chypre, en Turquie (et un peu en France). Nous constatons qu’ils nous écoutent également en Ukraine. Merci [46] ! »

Procès à huis clos

Alexeï Lipster, Igor Sergounine et Vadim Kobzev, arrêtés en octobre 2023, sont jugés à huis clos dans une petite ville russe. Ils sont trois des avocats qui ont défendu Alexeï Navalny, le célèbre opposant mort en prison en février 2024. Ils sont inculpés comme lui pour « extrémisme » [47].

Mikhaïl Afanasyev

Le rédacteur en chef de la publication khakassienne New Focus, Mikhaïl Afanasyev est lauréat des Free Media Awards, décernés aux médias indépendants d’Europe centrale et orientale pour leur courage dans leur travail dans des conditions difficiles. En septembre 2023, le tribunal d’Abakan l’a condamné à cinq ans et demi de prison dans une colonie à régime général pour un article sur les policiers anti-émeutes qui refusaient de combattre en Ukraine.

Les journalistes Nastasya Arabuli (Géorgie), Szabolcs Panyi (Hongrie), Larisa Shchirakova (Biélorussie), l’équipe de la publication ukrainienne Bihus.Info et l’équipe éditoriale de la plateforme d’information Abzas Media d’Azerbaïdjan sont également lauréates du prix [48].

La journaliste russe Antonina Favorskaya est poursuivie pour extrémisme. Elle avait suivi les procès d’Alexeï Navalny pour la chaîne Telegram Sota Vision. Au moins six autres journalistes sont poursuivis pour le même motif [49].

Aide à résister à la mobilisation

Le Comité d’enquête de la région d’Arkhangelsk a publié une vidéo de l’arrestation de responsables de l’Université fédérale du Nord (Arctique), la vice-rectrice aux activités éducatives de l’université, Lyudmila Morozova, et le secrétaire du comité d’admission de l’Université, Vyacheslav Parshin. Ils avaient inscrit des étudiants a posteriori pour leur éviter la mobilisation de septembre 2022 [50].

« Il a abusé de la liberté d’expression »

Pavel Kolosnitsyn, archéologue, vulgarisateur scientifique, chercheur au Centre de recherche archéologique et enseignant à l’Université de Novgorod, a exprimé son opposition à la guerre contre l’Ukraine dès le début de celle-ci.

Pavel Kolosnitsyn et son avocat, archives Pavel Kolosnitsyn

Il a été poursuivi en justice pour « abus de la liberté d’expression » et a perdu son travail. « Je demanderai peut-être que les mots "Il a abusé de la liberté d’expression" soient gravés sur ma pierre tombale. », ironise-t-il [51].

Vladimir Kara-Mourza

Russie-Libertés, Free Russia Foundation et l’Espace Libertés | Reforum Space Paris ont accueilli Vladimir Kara-Mourza, un des prisonniers russes libérés en août. La conférence, doublée en français, peut être suivie sur Internet.

Échecs

Recevant le prix du meilleur joueur de tous les temps, à Budapest, des mains du président de la Fédération internationale des échecs (FIDE) et ex-vice-premier ministre russe Arkadi Dvorkovitch, Magnus Carlsen a rendu hommage au champion Garry Kasparov, son ancien entraîneur, opposant à Vladimir Poutine et aujourd’hui en exil.

« Je suis sûr que [Garry Kasparov] profiterait de l’occasion [de la remise d’un prix] pour déconseiller la réintégration des fédérations russe et biélorusse des échecs, et c’est donc ce que je fais également », a-t-il publié, dans une vidéo [52].

Religions

Le ministère russe de la Défense a publié une vidéo publicitaire très bien réalisée dans laquelle des soldats orthodoxes, bouddhistes et musulmans prient, chacun à sa manière, sur le champ de bataille. À la fin apparaissent les mots : « Nous sommes Russes - Dieu est avec nous » et un appel à servir sous contrat.

Tortures

L’aérodrome militaire de Dyaghilevo, à Riazan, a été attaqué par des drones le 20 juillet 2023. Mais les avions n’ont pas été endommagés. Quelques mois plus tard, dans la région de Riazan, après une explosion sur la voie ferrée, dix-neuf wagons de marchandises ont quitté les voies. Les deux actes de sabotage, selon les enquêteurs, ont été commis par l’anarchiste Ruslan Sidiki. Celui-ci ne nie pas avoir réellement commis ces explosions, mais refuse catégoriquement de les qualifier d’« attaques terroristes ». Il souligne que son objectif était d’endommager des cibles militaires et non de nuire aux personnes : « Il était important pour moi d’éviter les victimes civiles, car mon objectif était […] d’endommager un train transportant des marchandises militaires. »

Mediazona relate le calvaire vécu, sous les tortures répétées, par l’anarchiste [53].

Vladimir Kara-Mourza

Vladimir Kara-Mourza est un des plus notoires opposants à la guerre de Poutine. « On m’a infligé la plus longue peine [vingt-cinq ans] de prison depuis l’époque de Staline », dit-il. Il a subi sa peine, pendant deux ans et trois mois, dans treize institutions carcérales. Avec d’autres prisonniers, il a été échangé en août 2024 contre des Russes incarcérés en Occident. Il a rencontré les chefs d’État allemand, américain, français et finlandais. Il leur a parlé des 1 300 prisonniers politiques russes et des 2 000 biélorusses, sans compter les prisonniers de guerre ukrainiens. « On ne peut pas se permettre que l’échange du 1er août, qui a sauvé seize vies, dont la mienne, reste unique. »

Il répond à des interviews que nous entrecroisons, celle du Monde [54] et, avec son épouse, celle du Figaro [55] : « Quand le régime de Poutine prendra fin, et il prendra fin, il faudra ouvrir les archives, être prêt à juger tous les responsables des crimes commis en Ukraine mais aussi contre le peuple russe, des assassinats de Boris Nemtsov et d’Alexeï Navalny. […] Nous devons réfléchir à une feuille de route pour intégrer la Russie de l’après-Poutine dans la communauté internationale. Si l’Europe veut vivre unie en paix elle le sera avec une Russie libre et démocratique. »

Serait-il prêt à jouer un rôle dans cet après ? « Ce serait pour moi un honneur de servir mon pays. Mais le plus important, c’est que la Russie ait un futur démocratique. »

L’opposition russe n’a jamais réussi à s’unir… « C’est mon but de pouvoir renouer avec tous les démocrates russes et je n’ai aucun doute sur le fait que nous allons parvenir à travailler ensemble. Nos différences ne sont rien face à une dictature et à un régime d’assassins. »

« Malgré tous les efforts de la propagande du Kremlin, beaucoup de Russes sont contre la guerre et contre le régime de Poutine. Je l’ai vu dans les milliers de lettres que je recevais en prison. L’Occident doit reconnaître qu’il existe cette autre Russie. On nous dit que les Russes soutiennent Poutine, mais nous n’avons pas eu d’élections libres depuis un quart de siècle ! Si nous étions une minorité, pourquoi ne pas autoriser des candidats antiguerre aux élections ?

En tant que société, oui, nous avons une responsabilité collective, nous avons le devoir de trouver une réconciliation avec l’Ukraine. Mais une grande partie de cette responsabilité incombe aussi aux chefs d’État des pays démocratiques, qui ont longtemps invité Poutine et lui ont permis de devenir le monstre qu’il est. J’admets la responsabilité collective. Elle consistera à organiser des réparations vis-à-vis de l’Ukraine […] Mais je n’accepterai jamais la culpabilité collective. C’est très utile pour les dictateurs : comme cela, on ne peut jamais juger les vrais coupables.

[…] Les armes russes contiennent toujours des composants occidentaux. Le missile russe qui a frappé l’hôpital pour enfants de Kiev, le 8 juillet, comportait une puce électronique de fabrication occidentale ! Les proches du régime continuent à circuler en Europe. Ce n’est pas acceptable. Mais il n’est pas non plus acceptable que les Russes soient discriminés simplement parce que Russes […]. Les sanctions touchent les opposants, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes indépendants. »

Evguena, l’épouse de Kaza-Mourza intervient : « Des centaines d’enseignants ont été soumis à la répression après avoir refusé de laver le cerveau de leurs élèves, de moucharder. Ce sont aussi des Russes ! […] Il y a aussi ceux qui protestent dans la rue, envoient de l’argent aux Ukrainiens… Il y a deux Russies, pas un monolithe. »

Vladimir Kaza-Mourza conclut : « C’est notre responsabilité, à nous, politiques, de montrer que nous n’avons pas peur. Comment pourrais-je appeler mes concitoyens à résister si je ne le fais pas moi-même ? […] En Russie, les grands changements politiques se produisent toujours de manière rapide, soudaine, personne n’y est jamais préparé. Il s’agit donc de se préparer.

Je demande aux gens d’écrire aux prisonniers politiques, car je peux vous dire qu’il y a tant de chaleur, tant d’espoir, quand vous recevez ce petit bout de papier des mains de votre geôlier. »

La Pologne et les insoumis ukrainiens

Le ministre des Affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski, est interviewé par Le Monde [56] :
« En Pologne, nous ne versons pas d’allocations sociales aux réfugiés ukrainiens. S’ils sont sous la protection de l’UE en tant que réfugiés, ils touchent 200 euros par mois par enfant scolarisé dans le système polonais. En Europe de l’Ouest ils touchent d’autres indemnités. Cela a un effet financier dissuasif sur les jeunes hommes et femmes qui pourraient rentrer chez eux pour défendre leur pays. Nous ne devrions pas subventionner l’insoumission. »

Kharkiv

En reportage près d’un immeuble bombardé de Kharkiv, la deuxième ville ukrainienne, une journaliste interroge une jeune consœur. Celle-ci évoque une cousine du Donbass dont la maison a été détruite en 2014 : « Je lui ai raconté qu’on avait faim, mais que nous refusions l’aide alimentaire, que les Russes me mettaient la pression pour que j’enseigne dans les petites classes de l’école du village, mais que je les avais envoyés balader en disant : "Vous pouvez me tuer, jamais je ne collaborerai avec vous." » Au téléphone, la cousine soupire : « Tu sais, au début, on pleure, puis on s’habitue. » et s’entend répondre un colérique : « Je ne veux pas m’habituer [57] ! »

Journalistes emprisonnés

Society, avec Reporters sans frontières, consacre un numéro aux journalistes emprisonnés. La Biélorussie et la Russie, devancées largement par la Chine et la Birmanie, sont les deuxième et troisième pays dont les journalistes incarcérés sont les plus nombreux, respectivement 42 et 40.

Un article raconte les persécutions biélorusses, en particulier de tut.by et de sa rédactrice en chef Maryna Zolatava, condamnée à douze ans de prison. Son équipe communique maintenant sur Zerkalo.io [58].

Démographie ukrainienne

La guerre a aggravé la crise démographique en Ukraine et est devenue l’une des principales causes du déclin de la population, a reconnu la première vice-ministre de la Politique sociale, Darina Marchak, à la BBC.

Selon son département, 3,5 millions de personnes ont quitté l’Ukraine pour les États-Unis et l’UE à cause de la guerre. Mais l’UE affirme en avoir officiellement accepté plus de 4,2 millions.

Migration forcée, baisse du taux de natalité, augmentation de la mortalité prématurée sont les défis auxquels l’Ukraine est confrontée.

Bien qu’en Ukraine la mobilisation commence à l’âge de 25 ans, après 18 ans, il n’est plus possible de partir. C’est pourquoi parfois les parents envoient leurs enfants à l’étranger avant même qu’ils n’atteignent l’âge adulte. Ils n’ont pas de sentiments anti-ukrainiens et condamnent l’agression russe, mais la perspective de combats leur fait peur. Il y a des jeunes qui, au contraire, rentrent en Ukraine dès l’âge de 18 ans [59].

Prisonniers politiques

Le Prix Nobel de la paix, Dmitry Muratov a sollicité vainement la Croix-Rouge en faveur du prisonnier politique Alexeï Gorinov. Il n’avait ni matelas ni couverture, pas d’eau chaude ni de toilettes fonctionnelles, pas de livres, pas de lettres, pas d’appels. En raison de son isolement complet, il a commencé à oublier les mots. Il a 63 ans, il lui manque une partie d’un poumon. Il est condamné pour avoir dénoncé les massacres en Ukraine, lors d’une réunion du conseil des députés municipaux moscovites. Des démarches de son comité de soutien et de défenseurs des droits humains ont permis d’améliorer son confort. La souris avec laquelle il partageait des miettes est restée dans son ancienne cellule. La Croix-Rouge n’a toujours pas réagi [60].

La demande concernait aussi les prisonniers biélorusses. L’une des leaders de l’opposition biélorusse, Maria Kolesnikova, est détenue à l’isolement. Son avocat n’a pas pu lui rendre visite depuis le 2 février 2023 [61].

Sergueï Mikhaïlov, fondateur du journal Listok, qui avait le plus grand tirage de la République russe de l’Altaï a été condamné à huit ans de prison. Il a déclaré : « Mon objectif est de réduire le nombre de cercueils en zinc contenant mes compatriotes. Moins de gens trompés par la télévision, moins de volontaires, moins de cercueils dans la République de l’Altaï. […] Même s’il y a un cercueil de moins, cela veut dire que ces dix années de notre travail, depuis 2014, n’ont pas été vaines [62]. »

Prisonniers de guerre

Deux militaires russes ont déserté la guerre en Ukraine après avoir été blessés, être revenus de captivité au cours d’un échange de prisonniers puis renvoyés au front. La Convention de Genève interdit l’utilisation d’anciens prisonniers de guerre dans le service militaire actif. Un avocat militaire assiste les déserteurs [63].

Embrigadement patriotique et familial

De nouveaux cours sont dispensés dans les écoles russes sur le comportement en cas de menace militaire, les premiers secours sur le champ de bataille et sur le « système traditionnel russe des valeurs familiales » et l’importance de la fonction reproductrice de la famille dans la résolution des problème démographiques. Selon le service fédéral des statistiques de l’État russe, la population a baissé de 321 000 personnes au premier semestre 2024. Le marché de l’éducation en ligne a augmenté de 35 à 40 % en un an.

En Russie, 2023 a été déclarée Année de l’enseignant. La même année, 193 000 enseignants ont quitté l’école, soit 14 % du nombre total d’enseignants du pays.

Les enseignants qui formulent des critiques sont soumis à des pressions qu’OVD Info détaille dans une étude très fouillée. Généralement visés par des délations, ils sont condamnés à des amendes, qui sont plus sévères en Crimée annexée. Le cyberharcèlement est aussi plus fréquent dans la péninsule.

La Criméenne professeure de chimie Linara Rasulova a chanté des chansons patriotiques ukrainiennes dans le bus. Des images de son arrestation puis ses excuses contraintes ont été diffusées. Le lendemain, elle a été licenciée.

Les chefs d’établissements d’enseignement considèrent la dénonciation comme un motif suffisant pour licencier un enseignant, et les forces de l’ordre pour des poursuites en vertu du Code des infractions administratives.

59 % des enseignants sanctionnés ont été licenciés. 15 % ont émigré. Comme pour l’ensemble de la population, les infractions sont en baisse : 61 en 2022, 18 en 2023, 7 en 2024. Mais la justice est très lente et traite des affaires anciennes.

Ruzilya Bisheva, professeure de langue et littérature russes, risque jusqu’à cinq ans de prison pour une pétition anti-guerre.

Parlant du cubisme, une enseignante cite le tableau Guernica. L’administration la menace parce qu’elle a trop utilisé le mot « guerre ».

Les échanges avec les universités étrangères sont souvent proscrits. Les universités appliquant le modèle éducatif occidental perdent leurs bâtiments, sont soumises aux inspections des autorités et les enseignants sont contraints de quitter leur poste et de quitter le pays. Au moins 150 personnes ont quitté l’École supérieure d’économie et la Russie.

Des enseignants ont bénéficié de manifestations de solidarité de collègues, d’élèves et de leurs parents [64].

Le ministère de la Justice a annoncé travailler sur un projet de loi assimilant le refus délibéré d’avoir des enfants à un courant d’orientation extrémiste [65].

Aide humanitaire en Russie attaquée par l’Ukraine

Les opposants Boris Nadejdine et Ekaterina Dountsova, candidats évincés des élections présidentielles, ont renoncé à leur campagne d’aide humanitaire dans la région envahie par l’Ukraine. Leurs bénévoles ont reçu des menaces [66].

Le cadeau de Maduro

Les services de sécurité russes ont annoncé avoir arrêté deux citoyens colombiens pour avoir combattu aux côtés de l’Ukraine. L’extradition a été réalisée par le Venezuela de Nicolás Maduro [67].

[1https://t.me/kae_anarchists/1141, consulté le 22 octobre 2024.

[2Thomas D’Istria, « L’Ukraine a une immense armée de déserteurs », Le Monde, 27 octobre 2024.

[5Jacques Follorou, « Dans le Donbass, "ce n’était pas la vraie vie, il fallait que je parte" », Le Monde, 31 octobre 2024.

[6Jonas Follonier, « Réexportation du matériel de guerre : les partis politiques face à un sixième projet », L’AGEFI, 30 octobre 2024.

[7Olga Shamina, Polina Romanova, https://www.bbc.com/russian/articles/clylr5603z4o, 11 octobre 2024, consulté le 12 octobre 2024.

[8Andrea Seible, « La société civile russe n’a pas réussi à se placer au cœur du pouvoir », Le Soir, 12 octobre 2024.

[9« Au fil du Transsibérien des wagons plombés par la guerre ».

[10« La culture nettement moins cultivée », « Bienvenue en Poutinie ».

[11https://informnapalm.org/fr/su30leaks-thales-safran, 12 septembre 2024, consulté le 14 septembre 2024.

[12https://www.obsarm.info/spip.php?article670, publié et consulté le 15 octobre 2024.

[147 octobre 2024, « je n’ai jamais voulu faire de la politique en exil, mais je n’ai pas le choix », propos recueillis pat Veronika Dorman.

[17Thomas d’Istria, « En Ukraine, le désespoir des soldats sous-équipés », Le Monde, 18 octobre 2024.

[18Stanislas Poyet, « Des soldats nord-coréens en renfort des Russes sur le front ukrainien », Le Figaro, 18 octobre 2024.

[19Ksenia Rekun, https://www.justiceinfo.net/fr/137157-epicentre-dommages-environnementaux-ukraine.html, 17 octobre 2024, consulté le 20 octobre 2024.

[21Anastasia Zubova, https://www.justiceinfo.net/fr/134112-proces-collaboration-ukraine-que-disent-verdicts-tribunaux.html, 11 juillet 2024, consulté le 20 octobre 2024.

[22Benjamin Quénelle, « Deux mois après l’incursion ukrainienne, 150 000 réfugiés russes sont contraints de vivre d’expédients », Le Monde, 4 octobre 2024.

[23Julian Colling, « En Russie, ces volontaires qui aident les réfugiés d’Ukraine malgré les pressions », Le Figaro, 5 octobre 2024.

[24Cécile Chambraud, Elsa Conessa, Jean-Baptiste Chastand, Jakub Iwaniuk, Jean-Pierre Stroobants, « Tensions en Europe sur l’accueil des Ukrainiens », Le Monde, 11 octobre 2024.

[25Maria Klimova, https://zona.media/article/2024/09/24/report, 24 septembre 2024, consulté le 7 octobre 2024.

[29« La colombe et les deux églises », n° 273, octobre 2024.

[32« Papi fait de la propagande », Kometa n° 4, septembre 2024.

[34Youri Safronov, https://novayagazeta.ru/articles/2024/09/27/ne-ozhidali-chto-zhelaiushchikh-budet-tak-mnogo, 27 septembre 2024, consulté le 28 septembre 2024.

[36Brigades internationales de solidarité, Soutien à l’Ukraine résistante, n° 33, 6 septembre 2024, « Chronique des affaires courantes », p. 47.

[37Fabrice Deprez, « Des prisonniers ukrainiens en renfort sur le front de Pokrovsk », La Croix, 25 septembre 2024.

[38Gueorgui Tchentemirov, « Un Russe qui a fui la mobilisation en Norvège s’est vu refuser l’asile politique », publié et consulté le 26 septembre 2024.

[39Benjamin Quénelle, « Moscou peine à recruter des soldats », Le Monde, 28 septembre 2024.

[40Nina Nazarova, https://www.bbc.com/russian/articles/c98ypzxdd59o, 30 septembre 2024, consulté le 1er octobre 2024.

[41Thomas D’Istria, « Les méthodes de mobilisation de Kiev de plus en plus contestées », Le Monde, 28 septembre 2024.

[42Thomas D’Istria, « Ukraine : Les soldats se sentent esclaves », Le Monde, 2 octobre 2024.

[43https://novayagazeta.ru/articles/2024/09/15/prosto-ne-ubii, 15 septembre 2024, consulté le 16 septembre 2024.

[47Benjamin Quénelle, « Le procès en catimini des trois avocats de Navalny », Le Monde, 21 septembre 2024.

[49Benjamin Quénelle, art. cit.

[51https://novayagazeta.ru/articles/2024/09/17/dzhentlmen-nauki-osobo-opasen, 17 septembre 2024, consulté le 18 septembre 2024.

[53Egor Skovoroda, https://zona.media/article/2024/09/05/sidiki-turtures, 5 septembre 2024, consulté le 8 septembre 2024.

[54« Il faut une feuille de route pour préparer le jour d’après Poutine », propos recueillis par Isabelle Mandraud et Benjamin Quénelle, 12 septembre 2024.

[55« Sans Russie libre et démocratique, il n’y aura pas d’Europe en paix », propos recueillis par Laure Mandeville, 13 septembre 2024.

[56« Le plan de paix est celui-ci : Poutine doit dire "Tirons-nous de là" », propos recueillis par Sylvie Kauffmann.

[57« Tout le monde ici a un cousin en Russie », Ariane Chemin, Le Monde, 14 septembre 2024.

[58Robin Boctot, Society, 12-25 septembre 2024.

[64https://reports.ovd.info/teachers, 1er septembre 2024, consulté le 3 septembre 2024.

[65Alain Berluet, « Russie : une rentrée sous le signe d’un tour de vis "patriotique" », Le Figaro, 2 septembre 2024.

[66Lucie Bonnard, « En Russie, la région de Koursk s’installe dans la guerre », La Croix, 2 septembre 2024.

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