Cette ONG humanitaire a travaillé sur de nombreux conflits, sur de nombreux enfants traumatisés. Elle s’appuie sur « l’art thérapie », un des moyens utilisés pour « […] détraumatiser des enfants et des adolescents, victimes de conflits militaires, et les aider à surmonter leurs souffrances. Pour cela, cette technique a recours à différents supports artistiques (arts visuels, peinture, musique, etc.) à des fins humanitaires et thérapeutiques, pour aider à la réadaptation physique et psychologique de ces jeunes victimes. Elle permet l’expression des émotions et aide à surmonter certains blocages. […] (p. 28) » L’enfant, ou la personne concernée, s’exprime autrement que par la parole, développe sa créativité, renforce sa confiance en soi, dans un travail en atelier par petits groupes.
L’ADE a acquis une expérience reconnue auprès des enfants de l’ex-Yougoslavie réfugiés en Pologne (1994), auprès d’enfants afghans (2001), et surtout auprès d’enfants victimes du conflit soudanais (1992–2003), puis en Ouganda. L’Organisation mondiale de la santé et l’Unesco reconnaissent les bienfaits des séances d’art-thérapie pour détraumatiser les enfants et les renforcer psychologiquement.
Après quelques informations sur les lois qui protègent les enfants, puis des précisions psychologiques et médicales sur la notion de traumatisme, le livre s’intéresse plus précisément à des enfants ukrainiens réfugiés en Pologne, en juin 2022. « Ils venaient tout juste d’arriver de leur pays, fuyant les régions bombardées. Ils venaient aussi bien de Kiev que de Lviv. » (p. 34). Afin de mieux cerner l’impact du traumatisme, il était important que ces enfants soient arrivés le plus récemment possible. Un tableau synthétise 146 peintures à l’acrylique et au pinceau, analysées et classifiées selon le niveau de traumatisme. 41 peintures sont présentées dans ce livre, contextualisées, avec l’âge des enfants, des explications succinctes sur l’interprétation de la peinture, et le degré de traumatisme qui se dégage. La spécificité de ce livre est qu’il est écrit, pour la plupart des articles, en trois langues, anglais, polonais et ukrainien, en plus du français.
Ce petit livre est nécessaire, car au-delà de l’apitoiement des situations de ces enfants relayé par les médias qui ne creusent ni le pourquoi, ni le comment, il est rédigé par des personnes compétentes qui tentent du mieux qu’elles le peuvent, de réparer ce que la guerre démonte irrémédiablement dans tous les nombreux conflits qui saturent l’actualité internationale. Les traumatismes des enfants, des adultes victimes des guerres, ont besoin d’autre chose que des éternelles lamentations de médias qui ne souhaitent aucunement chercher à comprendre, et encore moins à soigner, des traumatismes qui leur semblent inéluctables.
Jean-Michel Lacroûte