Retrouvez la septième partie de cette rubrique, juillet-août 2023
Retrouvez la sixième partie de cette rubrique, juin 2023
Retrouvez la cinquième partie de cette rubrique, mai 2023
Retrouvez la quatrième partie de cette rubrique, mars et avril 2023
Retrouvez la troisième partie de cette rubrique, janvier et février 2023
Retrouvez la deuxième partie de cette rubrique, décembre 2022
Retrouvez la première partie de cette rubrique, novembre 2022
Écoutez les interventions de Guy Dechesne sur RCN, Radio libertaire ou Radio Canut…
Stage militaire pour civils ukrainiens
Les Ukrainiens sont maintenant bien conscients que la guerre sera longue. La lassitude en frappe certains. Les volontaires pour le front se raréfient. D’autres savent qu’ils risquent d’être mobilisés. « Il est possible qu’un jour on parvienne à une situation où la mobilisation des femmes dans l’armée sera obligatoire. », prédit une jeune femme. Pour minimiser les risques du combat et, éventuellement, pouvoir choisir leur affectation, d’autres participent, à leurs frais, à des stages d’entraînement militaire. Cette possibilité n’est pas à la portée de toutes les bourses. « Pour ce prix, tu peux t’offrir un week-end dans les Carpates. », estime un participant [1].
Traque aux migrants pour l’enrôlement dans l’armée russe
En manque de chair à canon, l’armée russe veut éviter une nouvelle mobilisation. Elle cherche à enrôler les migrants d’Asie centrale et du Caucase par la coercition et la duperie.
En juillet 2023, les forces anti-émeutes, précédées de gaz lacrymogènes, ont procédé à des contrôles d’identité dans une moquée. 250 fidèles au physique non slave ont été emmenés en quatre autobus dans une base militaire pour leur faire signer un contrat d’engagement. Depuis l’été, les rafles se multiplient, sur les marchés, dans le métro, sur les lieux de travail…
Depuis novembre 2022, les étrangers de moins de trente ans, qui ont acquis la nationalité russe étant adultes, doivent le service militaire. Contrairement aux engagés, les conscrits ne sont pas censés combattre en Ukraine. L’armée fait signer des contrats d’engagement par ruse ou par menace de la prison.
Valentina Tchoupik, qui est en exil, défend les immigrés. Elle parle d’enlèvements, d’incarcérations abusives, de menaces d’expulsion et de violences systématiques pour exercer une pression sur les étrangers pour qu’ils s’enrôlent contre la promesse d’une naturalisation accélérée.
Un Tadjik qui voulait éviter l’envoi au front a été accusé d’espionnage [2].
Exécutions de réfractaires ?
D’après les informations de la Maison Blanche, l’armée russe « exécute des soldats » qui tentent de fuir les nouvelles offensives dans l’est de l’Ukraine où les pertes sont « importantes ».
« Nous disposons également d’informations selon lesquelles des commandants russes menacent d’exécuter des unités entières si celles-ci cherchent à se dérober aux tirs d’artillerie ukrainiens », a ajouté le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, sans indiquer les modes de renseignement et d’obtention de ses informations [3].
Boycott d’artistes russes
Des prestations d’artistes russes favorables à Poutine, surnommés les Z-Artistes, sont boycottées et annulées au Kirghizstan, au Kazakhstan et en Ouzbékistan. Dans ce dernier pays, le hashtag #StopKremlinPropaganda est devenu le plus populaire.
Les élites de ces pays, en dépendance économique et diplomatique de la Russie, ont aussi obtenu l’annulation de spectacles interprétés par des opposants à l’invasion russe [4].
La fête des pères
Toutes les occasions sont bonnes en Russie pour embrigader les enfants dès la maternelle.
Comment célébrer la fête des pères ? Le Conseil local des pères d’Oulianovsk a invité des employés du Bureau du Service pénitentiaire fédéral de la région d’Oulianovsk pour une exposition d’armes, pour des master classes sur leur démontage et assemblage, des cours de médecine tactique, un cours de formation d’autodéfense, et des techniques de combat au corps à corps [5].
Comment organiser une fête religieuse ? « Félicitations à tous pour la fête de l’Intercession de la Bienheureuse Vierge Marie ! Aujourd’hui est une journée inhabituelle pour les étudiants. […] Nous sommes allés à Nizhny Tagil pour visiter le musée des véhicules blindés Uralvagonzavod.
Les gars ont eu l’occasion de se familiariser avec l’histoire de la création des chars à Uralvagonzavod, ainsi que de voir des échantillons de chars produits par cette entreprise légendaire. Les gars ont même pu grimper à l’intérieur de certains véhicules de combat et s’imaginer dans le rôle d’un guerrier de char. Les étudiants se sont notamment retrouvés dans les légendaires T-34 et T-72A. » La visite est illustrée par une icône religieuse et des photos des enfants et adolescents posant fièrement. Le texte ne mentionne que les gars mais les filles étaient bien présentes [6].
Comment pratiquer le sport ? Eh bien, par exemple, le plaisir des enfants de Samara : « Le concours s’est déroulé en quatre étapes. Première étape : assaut d’une zone fortifiée. Deuxième étape : embuscade, escorte d’un prisonnier. Troisième étape : entraînement tactique individuel (tir au stand de tir, duel, changement de chargeur). Quatrième étape : combat imminent, recherche et sauvetage du parachutiste. » Tout cela assisté par des drones.
Et les tout petits ? « Dans notre jardin d’enfants, il y a eu une réunion entre les élèves, des groupes de personnes âgées et des […] garde-frontières vétérans [qui] ont parlé aux enfants des difficultés et des particularités du service à la frontière, de la vie quotidienne des services frontaliers, de leurs chiens assistants, de la persévérance et du courage de nos soldats. Les enfants ont écouté en retenant leur souffle les histoires des gardes-frontières sur leur participation à la protection des frontières de notre patrie, sur l’esprit combatif et la véritable fraternité militaire [7]. »
Dmitri Mouratov
Dmitri Mouratov, rédacteur en chef journal russe Novaya Gazeta, colauréat du prix Nobel de la paix 2021, a accordé un entretien au Monde [8] et au journal genevois Le Temps. Il a décidé de rester en Russie, au plus près de ses lecteurs. Son équipe publie le journal en Lettonie. « Plusieurs de nos collègues partis ont été désignés "éléments indésirables", "agents de l’étranger" et même "extrémistes". Beaucoup ont quitté leurs parents, leur famille, leurs amis, mais le retour est impossible, car ils risqueraient d’être arrêtés. » « Mon numéro d’agent de l’étranger est le 665 : je suis l’ennemi du peuple numéro 665. C’est bien que je ne sois pas le numéro 666, numéro maudit ! […] Vladimir Poutine affirme que les agents de l’étranger sont financés par l’étranger. Or, dans la motivation de la décision de me nommer "agent de l’étranger" – « donne des appréciations négatives de la politique étrangère et intérieure russe » – , il n’y a pas un mot sur un financement étranger. […] Sur près de 700 agents de l’étranger, un tiers sont des journalistes. Il y a près de 600 prisonniers politiques en Russie. »
« L’"Occident collectif" a toujours monnayé les droits de l’homme contre le pétrole. Pour cet Occident-là, les droits de l’homme, c’était de la merde, que [Poutine] était prêt à céder contre du pétrole. […] Certains sont devenus des collaborateurs de Poutine : un chancelier allemand, un chancelier autrichien, un premier ministre français…
[…] On pouvait discuter des droits de l’homme, mais c’était le prix du baril de pétrole qui comptait. Tout le monde a contribué à la création du régime actuel. »
« L’Église [orthodoxe] est devenue le fondement de la propagande. […] À tous les coups, Jésus-Christ va être nommé "agent de l’étranger" ! »
« Aujourd’hui, quand un soldat meurt au combat en Ukraine, la famille reçoit aussitôt 12 millions de roubles [120 000 €.] Le salaire moyen en Russie est d’environ 300 € par mois. Pour atteindre la somme d’un mort au combat, il faudrait travailler sans dépenser pendant 25 ans. La mort est devenue un investissement. Un soldat tombé fait plus pour sa famille que s’il restait en vie. »
« Le principal atout de Poutine, c’est le temps. Et, soyons honnêtes, il a raison. Il n’y a pas de mouvement mondial anti-guerre. »
République du Donetsk annexée par la Russie
Dans le territoire occupé du Donetsk, le pouvoir organise des rafles massives de réfractaires aux armées de la prétendue République populaire. Des listes de ces refuzniks sont dressées et envoyées aux entreprises ; des photographies des déserteurs sont affichées aux arrêts de bus et aux poteaux électriques dans les rues. Rien qu’entre janvier et juin 2023, 2 800 réfractaires auraient été comptabilisés, selon une liste de noms qui circule sur les réseaux sociaux oppositionnels au sein de la RPD.
Sur ordre de l’Internationale communiste, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français, avait déserté l’armée française en octobre 1939 et s’était réfugié en Russie. La ville de Thorez a été baptisée, en 1964, en son hommage. Paradoxalement, environ 300 réfractaires y sont recherchés [9].
Une amende pour Orlov
Le procès pour discrédit de l’armée russe intenté à Oleg Orlov, cofondateur de l’ONG Memorial, prix Nobel de la paix 2022, s’est soldé par une légère amende. Les « experts » judiciaires se sont largement ridiculisés. La procureure a recommandé d’éviter à l’accusé des années de prison en raison de son âge et de sa santé. Il a répliqué « Je ferai appel de tout autre verdict que l’acquittement [10]. »
Avocats emprisonnés
L’opposant Alexeï Navalny purge une peine de dix-neuf ans de colonie pénitentiaire. Trois de ses avocats, actuels et anciens ont été emprisonnés. On leur reproche leur appartenance à « un groupe extrémiste organisé [11]. »
Ioulia Galyamina
Comme quelques autres hommes politiques russes, Alexeï Navalny, Vladimir Kaza-Mourza, Ilya Yachine…, Ioulia Galyamina assume le risque de na pas quitter le pays et d’y défendre ses opinions. En 2017, à Moscou, elle a été élue députée municipale du parti Yabloko. En 2020, elle a été arrêtée avec 130 manifestants pacifiques qui protestaient contre la modification de la constitution qui permet à Poutine d’exercer deux mandats supplémentaires. Elle a été condamnée à deux ans de prison avec sursis et déchue de son mandat. Elle a été déclarée « agent étranger », ce qui implique qu’elle ne peut plus enseigner à l’université. On lui a proposé des postes de femme de ménage, de préposée au vestiaire ou de bibliothécaire.
Elle participe à Soft Power, une organisation dirigée par des femmes qui compte quelque 170 membres et dont l’objectif est d’aider les femmes dans le besoin et de les former pour qu’elles deviennent les dirigeantes politiques de demain. Le groupe a été le fer de lance de la rédaction de pétitions, de l’organisation de grèves et de la création de contenus éducatifs. Sa pétition contre la mobilisation de l’armée russe en septembre 2022 a recueilli plus de 500 000 signatures.
L’organisation, même si elle se présente comme s’adressant aux femmes, évite soigneusement d’utiliser le mot féministe dans ses documents de campagne, dans un pays où le terme est souvent perçu de manière négative. « Les droits des femmes en Russie sont limités exactement de la même manière que les droits humains sont limités à tous les niveaux. », constate Ioulia Galyamina.
En 2017, une loi a dépénalisé la violence domestique « modérée » (entraînant des contusions mais pas des fractures), fixant la peine maximale à seulement 15 jours de prison. Les ONG russes qui soutiennent les victimes de violences domestiques sont également devenues une cible pour le gouvernement, et la majorité d’entre elles ont obtenu le statut d’agent étranger [12].
Comme dans toute guerre, on constate la recrudescence de militaires de retour du combat qui sont traumatisés et qui basculent dans la criminalité. En 2022, les meurtres et les tentatives de meurtre ont fortement augmenté : jusqu’à plus de 96 % dans la région de Belgorod.
Des criminels ont été sortis de prison pour combattre dans la milice Wagner. Après six mois sur le front, ils ont été libérés et leurs casiers judiciaires effacés. Ils sont à nouveau coupables de nombreux meurtres, domestiques ou non, et de viols. Ils ont constaté que leurs « compétences » criminelles étaient devenues la norme sociale de la guerre. Ils ont perdu la capacité de penser de manière critique et sont revenus d’une situation de menace constante pour la vie à un monde où personne ne les attend. Une loi interdit même de les discréditer.
Un groupe de députés a soumis à la Douma d’État un projet d’amendements au Code du travail, qui permettraient aux personnes reconnues coupables de délits graves et particulièrement graves, après avoir effacé leur casier judiciaire, de « s’engager dans l’enseignement et l’encadrement d’activités » avec des enfants et des adolescents [13].
Un juge a demandé l’ouverture d’une procédure pénale contre un avocat pour « des signes d’insulte à la mémoire des défenseurs de la patrie » à l’encontre des commandants de Wagner [14].
Pub
À Berezniki, une ville de la région de Perm, un panneau d’affichage à défilement automatique affichait successivement une publicité incitant à l’engagement militaire et une pour une maison funéraire. Le responsable a dû présenter ses excuses [15].
Lesya Ukrainka
Lesya Ukrainka (1871–1913) était une poétesse et féministe ukrainienne. Au pied de son monument à Moscou, des habitants ont déposé des fleurs aux couleurs ukrainiennes à la mémoire des 59 personnes tuées par l’attaque de missile russe contre le village de Hroza, dans la région de Kharkov. Selon une journaliste, les magasins proches ont quasi épuisé leurs stocks de fleurs et de rubans jaunes et bleus. Les services publics évacuent tout rapidement [16].
Israël, Palestine et Ukraine
L’analyste politique de Al-Jazeera conteste le parallèle établi par Joe Biden entre les deux pays en guerre qu’il veut armer, Israël et l’Ukraine, car il existe, selon lui, « une différence majeure : Israël est une puissance occupante, tandis que l’Ukraine est un pays occupé. […] Alors qu’il parle de la brutalité russe en Ukraine et la condamne, il ignore la brutalité israélienne à Gaza [17]. »
Le Kremlin espère que le conflit du Proche-Orient détournera de l’Ukraine les fournitures d’armements et l’attention portée aux crimes de guerre et ravivera au sujet de ces derniers la critique sur les deux poids deux mesures et lui ralliera de nouveaux adversaires à l’Occident collectif. Pour appuyer ce raisonnement, Poutine a comparé le siège de Gaza à celui de Stalingrad par les nazis. Il appelle à la protection des populations civiles qu’il méprise ouvertement en Ukraine.
À l’inverse, l’Ukraine soutient totalement Israël [18].
Traité d’interdiction des essais nucléaires
La guerre fait à nouveau rage au Proche-Orient. Poutine multiplie les échanges avec les chefs d’État de la région, prétendant servir de médiateur entre eux, Israël et la Palestine. En même temps, du 16 au 18 octobre 2023, les députés russes ont approuvé unanimement, en trois lectures successives, la révocation de la ratification du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (Ticen). Le traité, ouvert à la signature en 1996, n’est jamais entré en vigueur, faute d’un nombre suffisant de ratifications. Les États-Unis, la Chine, l’Iran et l’Égypte s’en sont abstenus [19].
Lors de la remise d’une décoration au directeur scientifique honoraire du Centre nucléaire fédéral russe où a été conçue la bombe nucléaire soviétique, le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, a déclaré : « Ils ont créé l’arme sous la protection de Saint Séraphin de Sarov car, par une ineffable providence divine, cette arme a été créée dans le monastère de Saint Séraphin. Grâce à cette puissance, la Russie est restée indépendante et libre et, bien entendu, nous devons tous chérir dans nos cœurs et dans nos mémoires cet exploit remarquable de nos scientifiques, qui ont pratiquement sauvé le pays [20]. »
Le Parlement ukrainien a adopté en première lecture l’interdiction de toute organisation religieuse liée au « pays effectuant l’agression armée contre l’Ukraine ». L’Église orthodoxe visée dénonce une mesure qui entrave « la liberté religieuse » et est contraire à la « Convention européenne des droits de l’Homme et à la Constitution de l’Ukraine » [21].
Couverture de Novaya Gazeta
Biélorusses victimes et coupables
Victimes du régime de Loukachenko, les Biélorusses fuient de pays en pays et s’aperçoivent qu’ils sont souvent traités en coupables de complicité avec la Russie. Ils craignent la vengeance de ceux dont ils sont victimes et la colère de ceux pour qui ils sont coupables. Certains pays exigent que les fugitifs fournissent un certificat de bonne conduite qu’ils n’ont aucune chance d’obtenir chez eux. Leurs cartes bancaires sont bloquées. Une journaliste a apporté à la banque des imprimés de ses articles, des convocations de la police, des ordonnances du tribunal et un certificat médical concernant sa grève de la faim en prison. Elle a jeté tous ces papiers, derrière lesquels il y avait deux ans de vie, sur le bureau de l’employé et a demandé : « Que dois-je vous fournir d’autre pour que ce dégoût prenne fin ? »
Pour éviter que leurs pneus soient crevés, les exilés cachent leur nationalité en appliquant des autocollants sur leurs plaques d’immatriculation.
« Courez plus loin. On dit qu’en Argentine, personne ne vous connaît et ne vous accuse de rien. Et aussi en Équateur. Ou cherchez un autre globe. », ironise Irina Khalip, dans son article de Novaya gazeta consacré à ces nomades [22].
1,80 m², c’est la dimension d’une cellule de prison biélorusse, insuffisante pour s’étendre. C’est aussi l’espace dans lequel évoluent les comédiens de la pièce « 1,8M », créée à Varsovie puis en tournée en France. Les artistes sont des Biélorusses accueillis en Pologne, sous la direction d’Ivan Viripaev. Celui-ci, né en Russie, a déclaré « Le terme "metteur en scène russe" ne me convient pas. J’ai rompu toutes les relations avec la Russie. » Il a abandonné sa nationalité en 2022 et a acquis la polonaise.
La pièce est une succession de monologues, poignants mais jamais larmoyants, reprenant les témoignages de victimes des brutalités policières et carcérales. Un homme raconte la richesse des rêves qu’il vit en cellule. Une jeune femme rend compte de la force de la solidarité entre prisonnières. Une femme, assignée à domicile et séparée de sa famille, imagine la fête d’anniversaire qu’elle aurait pu offrir à son mari… s’il n’était pas mort. Une mère raconte comment son fils handicapé mental est emprisonné ayant accepté la suggestion de son avocat commis d’office d’avouer une action dont il est complètement innocent.
Géorgie
En 2012, le parti « Rêve géorgien » accède au pouvoir. Il est dirigé en sous-main par l’oligarque Bidzina Ivanichvili dont la fortune, faite en Russie, égale la moitié du PIB géorgien. Le parti est prorusse et prend des décisions qui sabotent le processus d’adhésion à l’UE, comme un projet de loi instituant, sur le modèle russe, un statut d’agent de l’étranger.
En 2020, Salomé Zourabichvili est élue Présidente de la république de Géorgie. Le gouvernement lui intente une procédure de destitution parce qu’elle a enfreint son interdiction de se rendre dans certains pays pour y promouvoir l’adhésion à l’UE. La démarche échoue au parlement le 18 octobre 2023 [23].
Recrutement des faux étudiants ukrainiens
En Ukraine, les hommes entre dix-huit et soixante ans sont susceptibles d’être recrutés par l’armée. Dans les endroits publics, les bus par exemple, jours et nuits, des militaires chassent les resquilleurs au recrutement, en particulier ceux qui bénéficient abusivement de l’exemption comme étudiants. Les universités inscrivent les étudiants qui ont réussi leurs études secondaires et payent les frais d’admission. « Nous sommes là pour enseigner, pas pour faire la police », commente une vice-rectrice. Le recteur estime qu’il n’y a que de 2 à 3 % d’étudiants fraudeurs et que les recruteurs font du zèle, en réaction aux scandales de corruption. « Avant, c’était la mafia, maintenant ils lavent plus blanc que blanc. » Pour lui, les soldats feront gagner la guerre et les étudiants feront gagner la paix [24].
Storm Z
Les escouades russes Storm Z sont principalement constituées d’anciens prisonniers, mais aussi de militaires surpris en consommant de l’alcool ou de la drogue, ou qui refusent de suivre les ordres. Elles sont envoyées aux endroits les plus exposés du front et subissent de lourdes pertes.
Une vingtaine de soldats de Storm Z ont enregistré une vidéo, publiée le 28 juin par Gulagu.net et confirmée par l’agence Reuters, où ils annoncent refuser de retourner au font en raison des mauvais traitements qu’ils subissent. « Sur la ligne de front, là où nous étions, nous n’avons pas reçu de livraisons de munitions. Nous n’avons pas reçu d’eau ni de nourriture. Les blessés n’ont pas été évacués : aujourd’hui encore, les morts pourrissent. » Un soldat a témoigné qu’il a désobéi à son commandant en soignant six ou sept combattants. Des policiers ont tabassé plusieurs membres de l’escouade participant à la vidéo [25].
Oleg Orlov
Co-créateur de l’ONG russe Memorial et colauréat du Prix Nobel de la Paix 2022, Oleg Orlov passe en procès pour s’être opposé à la guerre et risque trois ans de prison. Il compte démontrer l’absurdité des accusations et des « experts » qui les soutiennent. « Il n’y a pas de justice indépendante. […] Nous ne nous battons pas pour que je sois acquitté -bien que nous l’exigions-, mais pour que la lumière soit faite sur l’absurdité de ce qu’il se passe ici. » Il raconte : « La dernière fois, nous avons interrogé la pseudo-experte pendant une heure et demie. À la fin, elle était presqu’en larmes. On aurait presque pitié de ce genre de personnages si des gens n’étaient pas en prison à cause d’eux [26]. »
L’appel à une grève de la faim, le 30 octobre 2023, en soutien aux prisonniers politiques est soutenu par Vladimir Kara-Murza, Vadim Ostanin, Liliya Chanysheva, Daniel Kholodny et Ilya Yashin. Tous ont été condamnés à de longues peines de prison et reconnus comme prisonniers politiques [27].
Cuba
« Le ministère [cubain] de l’Intérieur a détecté et travaille à la neutralisation et au démantèlement d’un réseau de trafic d’êtres humains qui opère depuis la Russie pour incorporer des citoyens cubains qui y vivent, et même certains de Cuba, dans les forces militaires participant aux opérations de guerre en Ukraine. […] Cuba a une position historiquement ferme et claire contre le mercenariat et joue un rôle actif au sein des Nations unies dans le rejet de cette pratique. […] Cuba ne fait pas partie de la guerre en Ukraine. »
Une enquête du magazine belge Le Vif [28] établit que cette déclaration est mensongère ainsi que celle, concordante, de la Russie. Des Cubains, attirés par le salaire, ont signé en ligne un contrat en langue russe pour travailler dans le domaine de la construction. Leurs passeports confisqués à leur arrivée, ils doivent combattre sur le front ukrainien. « Aidez-nous, s’il vous plaît, essayez de nous faire sortir le plus vite possible, parce que nous avons peur », écrit un combattant de 19 ans sur les réseaux sociaux. Selon lui, ils auraient été torturés par des Russes. Des soldats des forces spéciales cubaines ont participé en Biélorussie à des entraînements avec l’armée locale.
Ilia Iachine
Le Monde publie une tribune d’Ilia Iachine qui a dénoncé l’agression russe contre l’Ukraine [29]. Il est resté volontairement en Russie, conscient du risque qu’il encourait. Il est condamné à huit ans et demi de prison.
Il rappelle la responsabilité de la communauté internationale et de sa politique d’apaisement à l’égard du régime de Vladimir Poutine qui « s’en est sorti en utilisant tous les moyens : usurpation du pouvoir et corruption, répression de l’opposition et assassinats politiques, interventions militaires et annexions de territoires étrangers. » « Les dirigeants mondiaux accueillaient solennellement le dictateur russe dans les capitales du monde, achetaient du pétrole et du gaz auprès de lui, lui vendaient des pièces pour des systèmes d’armes et des technologies […]. Cette politique a finalement donné à Poutine le sentiment d’une totale impunité. »
« De nombreux compatriotes sont trompés par la propagande et effrayés par la répression, c’est vrai. […] Un grand nombre de Russes ont quitté le pays pour échapper à la mobilisation et ne pas prendre les armes. Une partie importante de la société a choisi l’émigration intérieure et garde le silence, expliquée par la crainte légitime de poursuites criminelles. Les troupes sont principalement composées de mercenaires motivés par l’argent et de criminels recrutés pour le front en échange d’une promesse de réhabilitation. Cependant, il n’y a tout simplement aucune file d’attente aux bureaux de recrutement, aucun enthousiasme public, ni d’autres signes d’une guerre populaire en Russie.
En revanche, le nombre de prisonniers politiques dépasse désormais un millier. […] Des centaines de personnes, c’est encore beaucoup lorsque l’on parle du choix conscient de renoncer à sa liberté, à son confort, à sa santé, à sa carrière et à sa vie de famille pour rester en accord avec sa conscience et ne pas se taire. Il ne s’agit pas de quelques jours dans une cellule sale et étouffante d’un poste de police, […] mais de plusieurs années d’humiliations constantes, d’incertitude loin de sa famille. […]
Cependant, les manifestations continuent, malgré tout. Oui, elles sont probablement rares, mais chaque sortie dans la rue est un acte de bravoure. La véritable Russie ne combat pas les Ukrainiens sur le front. La véritable Russie est en prison, écrit des lettres aux prisonniers politiques, collecte de l’argent pour les détenus en centres de détention provisoire. […] La véritable Russie aide des centaines de milliers de réfugiés ukrainiens qui se trouvent dans notre pays : ils sont accueillis dans des familles russes, on leur fournit des vêtements et de la nourriture, et les blessés sont pris en charge dans les hôpitaux. Des milliers d’entre eux sont évacués à l’étranger pour ceux qui souhaitent vivre en Europe. […] Récemment, leur vie déjà difficile a été compliquée davantage : l’Europe a fermé ses frontières aux véhicules immatriculés en Russie. […]
Il est nécessaire, au minimum, de changer de rhétorique à l’égard des citoyens russes. Je vous en prie, cessez de menacer mes compatriotes en leur promettant toutes sortes de châtiments après la défaite de Poutine en Ukraine. Cessez d’humilier les gens en bloquant sans discernement les véhicules à la frontière et en menaçant de mettre sous contrôle des services de renseignement occidentaux tout détenteur d’un passeport russe. Je vous demande instamment de faire une distinction claire entre les criminels de guerre qui ont pris le pouvoir au Kremlin et les citoyens ordinaires qui se sont retrouvés en Russie en tant qu’otages et qui vivent, les yeux fermés, soit de peur pour leur vie et leur avenir, soit de honte et d’horreur face à ce qui se passe. […]
Je comprends que notre société porte une immense responsabilité envers le peuple ukrainien pour le crime monstrueux commis par notre gouvernement en notre nom. Nous tenterons de racheter cette culpabilité. Un jour, je viendrai moi-même à Kyiv pour demander pardon. […] Nous sommes liés historiquement et géographiquement obligés d’être voisins. Par conséquent, soyons matures, réfléchissons ensemble à l’avenir et à la manière d’éviter la répétition de la tragédie actuelle. »
Alexandre Nozdrinov
Selon l’ONG Memorial, Alexandre Nozdrinov, blogueur de la région du Kouban, a publié en mars 2022 sur Telegram une photo d’un immeuble d’habitation endommagé à Kiev avec le message ironique suivant : « Les villes ukrainiennes après l’arrivée des libérateurs. » Cela lui a valu une condamnation à huit ans et demi de prison [30].
Démographie
Les pertes démographiques vont compromettre l’avenir des pays belligérants.
Cinq à huit millions de femmes ukrainiennes et leurs enfants ont fui la guerre à l’étranger, sans doute définitivement pour certaines. Les décès dus à la guerre, la détérioration du système de santé et du pouvoir d’achat, les syndromes post-traumatiques, l’absence des femmes et la séparation des combattants en âge de procréer accentuent le déclin démographique en cours depuis l’indépendance du pays [31].
800 000 à 900 000 Russes, la plupart actifs et éduqués, ont quitté leur pays lors de l’invasion de l’Ukraine puis lors de la mobilisation de septembre 2022. Une deuxième vague de mobilisation subirait une forte opposition. La conscription pour le service militaire russe qui commence le 1er octobre 2023 inclut pour la première fois les territoires ukrainiens annexés [32]. Les mobilisés actuels le resteront sans doute jusqu’à la fin de l’ « opération spéciale », alors que les criminels sortis de prison par la milice Wagner sont amnistiés et libérés de leur contrat après seulement six mois de combat [33]. Le président russe a estimé que les repris de justice recrutés dans les prisons et qui sont morts par milliers sur le front en Ukraine avaient « racheté » leur dette envers la société [34].
Les Biélorusses en Lituanie
Depuis le soulèvement de l’été 2020, Vilnius est devenue, avec Varsovie, la capitale de l’exil biélorusse. Plusieurs dizaines de milliers de personnes s’y sont installées pour fuir la répression. Depuis l’invasion de l’Ukraine, ces exilés sont souvent considérés cobelligérants et traités avec méfiance par les autorités qui redoutent les espions. En août 2023, l’agence de la migration a annoncé que 910 Biélorusses étaient considérés comme des « menaces pour la sécurité nationale » et donc privés de leur visa ou permis de séjour.
« Les dossiers de nos clients révèlent que la décision de considérer certaines personnes comme des menaces est basée sur les données biographiques qu’elles ont elles-mêmes fournies au département des migrations. Toutes les personnes qui ont travaillé pour l’État bélarusse entrent dans cette catégorie, quel qu’ait été leur poste ou la durée de leur activité », commente Rytis Satkauskas, l’avocat de Nash Dom (Notre Maison), l’ONG qui défend les déserteurs et les objecteurs de conscience biélorusses [35].
Sabotons la guerre !
Des groupes anarchistes de plusieurs régions italiennes ont publié « Sabotons la guerre ! Appel à une mobilisation internationale et internationaliste contre la guerre en Ukraine ».
L’appel attribue une large responsabilité dans le déclenchement du conflit à l’Otan et à l’Ukraine qui « a vu se déployer de féroces réformes antirusses et antisociales. » Il considère « qu’il est dangereux et inquiétant que certains camarades, en Ukraine et ailleurs, soutiennent le gouvernement de Kiev et la "résistance ukrainienne" économiquement, avec de la propagande, et même militairement. » Il précise cependant « Nous n’avons aucune sympathie pour l’odieux État policier imposé par le gouvernement russe à sa population ; nous ne sommes pas insensibles aux persécutions visant l’opposition et les anarchistes en Russie, et nous soutenons les nombreuses formes d’insubordination qui ont lieu dans la Fédération de Russie et au Belarus contre la guerre. »
Le collectif Guerre de classe qui répercute ces prises de position les fait précéder des désaccords qui les séparent, en particulier sur des arguments proches de la propagande russe.
L’appel incite à une « initiative internationaliste afin de mettre un terme au carnage en cours et d’éviter de nouvelles escalades dangereuses.
Les ennemis ne sont pas les conscrits envoyés de force au front, ni les travailleurs du pays adverse, mais tous les maîtres, leurs gouvernements, leurs États et leurs armées. Pendant que nos sœurs et nos frères subissent les atrocités les plus brutales, il y a une bourgeoisie qui s’enrichit grâce à la production d’armes et qui spécule sur les conséquences de la guerre […].
Refusons d’être enrôlés sur un front quelconque, avec la conviction que la seule force qui peut arrêter la guerre est la mobilisation des exploités du monde entier.
Pour nous, l’internationalisme signifie le défaitisme, c’est-à-dire la critique de tous les gouvernements en commençant par "le nôtre", l’attaque contre tous les maîtres et bourgeoisies nationales en commençant par ceux qui nous exploitent tous les jours. Ainsi, de ce côté-ci du front, nous voulons faire de notre mieux pour nous opposer à l’OTAN […] et la saboter, tout comme nos frères et sœurs en Russie luttent contre la machine de guerre de leur camp (comme l’attestent les comptes-rendus d’attaques contre les infrastructures de transport militaire et les centres de recrutement), et tout comme d’autres frères et sœurs en Ukraine affrontent l’effort de guerre de leur gouvernement. »
« Historiquement, le développement des technosciences conduit à la guerre et, inversement, la guerre implique inévitablement le développement des technosciences. La plupart des technologies actuelles sont intrinsèquement duales. La séparation entre recherche militaire et recherche civile, si elle a jamais existé, a aujourd’hui disparu. Il n’est donc pas surprenant que les technologies testées sur les champs de bataille soient ensuite utilisées contre les prolétaires dans d’autres parties du monde, y compris dans des pays en "paix". L’utilisation et l’expérimentation de nouvelles technologies intensifient le contrôle sur les populations, rendant toujours plus difficile notre libération vis-à-vis de l’État et du capital. »
L’appel se termine en ces termes :
« Il est nécessaire de s’opposer à la machine de guerre tant en Russie qu’en Ukraine, ainsi que dans les pays capitalistes occidentaux qui sont responsables de ce conflit et de toutes les principales guerres de ces trente dernières années.
- Soutenons la désertion sur tous les fronts, en offrant refuge et solidarité à tous ceux qui se soustraient à la conscription militaire et refusent de participer au massacre !
- Sabotons la machine militaire, bloquons la production d’armements et arrêtons les flux de logistique militaire !
- Démasquons la machine de propagande. Dans cette guerre hybride, les médias font partie intégrante de l’appareil de guerre !
- Opposons-nous à l’occupation militaire des territoires, en nous confrontant aux bases militaires, aux manœuvres militaires, à la militarisation de la vie publique !
- Soutenons la nécessité d’une véritable grève générale qui, au-delà des aspects rituels et testimoniaux, stoppe concrètement l’industrie et la logistique des pays concernés !
- Démasquons la connivence de l’université et de la recherche avec l’appareil militaro-industriel et les intérêts économiques capitalistes à l’origine de toutes les guerres !
LUTTONS POUR TRANSFORMER LA GUERRE DES PATRONS EN GUERRE CONTRE LES PATRONS
Rome, 2 septembre 2023 [36] »
Enrôlement des migrants en Russie
« Les travailleurs migrants en Russie constituent une population nombreuse et vulnérable qui est toujours utilisée pour les objectifs du pays. Et le gouvernement russe a plusieurs moyens de les exploiter pour alimenter son armée », explique Temur Umarov, analyste au Carnegie Endowment for International Peace. « Cela s’applique particulièrement aux personnes emprisonnées en Russie qui sont enrôlées de force sur les champs de bataille en Ukraine. » « Je pense que nous devrions nous attendre à ce que l’ampleur de l’enrôlement forcé des Centrasiatiques ayant obtenu la citoyenneté russe s’aggrave. », prévient Umarov. « Les ressources de la Russie s’amenuisent, le gouvernement n’osera probablement pas procéder à une mobilisation complète et il faut éviter toute forme de panique sociétale. Les travailleurs migrants – le groupe le moins protégé en Russie – subiront donc le poids de la guerre. »
La police contrôle systématiquement les nouveaux bénéficiaires du passeport russe et parfois les contraint à l’enrôlement militaire [37].
Les dissidents russes
Tatiana Kastouéva-Jean, de l’Institut français des relations internationales, est interviewée par Le Monde à propos des dissidents russes [38]. Alexeï Navalny et Ilia Iachine ont choisi de rester en Russie et d’y être emprisonnés pour acquérir davantage de légitimité. Certains se sont exilés avant la guerre : Mikhaïl Kkodorkovski, Garry Kasparov, des proches d’Alexeï Navalny… Après l’invasion de l’Ukraine, des militants des droits de l’Homme, des journalistes, des avocats, des artistes, des féministes anti-guerre… ont émigré. En septembre 2022, menacés par la mobilisation, une troisième vague a quitté le pays. Ceux qui sont politisés ou le deviennent s’organisent, les autres font souvent profil bas.
Des rencontres d’opposants ont eu lieu dans plusieurs capitales européennes. Contrairement à la biélorusse Svetlana Tsikhanovskaïa, aucun leader russe incontestable ne s’est imposé. Une plate-forme commune a néanmoins établi que la guerre en Ukraine est criminelle et doit être arrêtée, que tous les territoires annexés doivent être rendus à l’Ukraine, que les prisonniers politiques doivent être libérés et la démocratie revitalisée.
Les méthodes ne sont pas consensuelles. Les uns soutiennent financièrement l’armée ukrainienne, voire intègrent celle-ci dans des bataillons russes. La mouvance pacifiste redoute une révolte armée entraînant une guerre civile et l’arrivée au pouvoir de groupes radicaux.
Toutes les tendances souhaitent une coordination, notamment pour financer les avocats des prisonniers politiques et aider les réfractaires.
Récriminations de soldats russes
Novaïa Gazeta résume huit actions de récriminations de soldats russes entre novembre 2022 et juillet 2023 [39]. Dans des vidéos parfois diffusées par leurs compagnes ou leurs mères, les mobilisés se plaignaient d’être envoyés au front, sous le feu ennemi et parfois celui d’autres soldats russes, sans préparation militaire suffisante, sous les ordres de chefs incompétents, absents voire en fuite, avec du matériel de mauvaise qualité, de subir de mauvais traitements, de devoir acheter eux-mêmes leurs équipements et leur nourriture et de ne pas toucher leurs soldes. Ils ont parfois été accusés abusivement de désertion, séquestrés et battus, obligés de diffuser une vidéo d’excuses, puis renvoyés au front. Des troupes de blocage, parfois des prétendues républiques séparatistes, les menaçaient de leurs mitraillettes s’ils tentaient de battre en retraite La trace de certains est perdue.
Le Conseil des mères et épouses qui avait défendu les militaires a cessé ses activités après avoir été qualifié d’« agent étranger ».
Mansuétude d’un tribunal
Le tribunal de Saint-Pétersbourg a rejeté les poursuites pénales contre la militante Tatiana Sichkareva, accusée de « discréditer l’armée russe » pour avoir organisé une manifestation avec une pancarte disant « N’allez pas tuer, n’allez pas mourir ». Il a estimé que le conflit armé n’étant pas la seule cause de la mort, les soupçons de discrédit sur l’armée « ne peuvent être confirmés » et que l’accusation n’était fondée sur « rien d’autre que des spéculations » [40].
Procès de Yurii Sheliazhenko
Yurii Sheliazhenko, objecteur de conscience, pacifiste, défenseur des droits humains et secrétaire exécutif du Mouvement pacifiste ukrainien, a été assigné à résidence partielle à Kiev le 15 août 2023, accusé, à tort, de « justifier l’agression russe ». Son procès commence le 20 septembre. Une campagne internationale de soutien est en cours.
L’inculpation est infondée puisque Yurii Sheliazhenko condamne sans ambiguïté l’invasion russe. L’accusation d’un pacifiste est paradoxale. En effet, le gouvernement incite à la résistance non-violente. En application de la loi « sur les fondements de la résistance nationale », adoptée le 16 juillet 2021, le site du ministère de la Défense ukrainien publie un document téléchargeable de dix-neuf pages La résistance citoyenne en territoires occupés [41]. 198 méthodes très pratiques (et gratuites) de résistance à l’envahisseur sont proposées [42]. Elles font explicitement référence au politologue américain Gene Sharp et à son livre Politics of Nonviolent Actions : la grève, le sabotage, la démoralisation, « Compliquer toutes les tâches, les rendre inexécutables ou les ralentir ». « Donnez des réponses incompréhensibles lorsqu’on vous demande quelque chose sur votre lieu de travail. » Les précautions à respecter, par exemple pour organiser une réunion, sont aussi précisées ainsi que l’attitude à suivre en cas d’arrestation et des notions de secourisme [43].
Le Centre de résistance ukrainien indique que « les civils ukrainiens accueillent favorablement les activités partisanes qui sabotent systématiquement le régime d’occupation russe [44] ». Des campagnes coordonnées d’affichage appellent à la désobéissance. L’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), qui produit des cartes actualisées du conflit y fait figurer, en juin 2022, une « zone de guérilla de partisans » ukrainiens entre les villes de Kherson et Melitopol [45].
Le rapport « La résistance civile non violente ukrainienne face à la guerre », élaboré par le professeur Felip Daza, dans le cadre du projet commun de l’ICIP (Institut catalan international pour la paix [46]) et de Novact (Institut international pour une action non violente [47]), analyse la résistance civile non violente ukrainienne entre février et juin 2022. Il recense 235 actions non violentes vérifiées du 24 février au 30 juin 2022. Les actions enregistrées se répartissent en trois catégories : actions de protestation et de dissuasion (148), actions d’intervention non violente (51) et actions de non-coopération (36). Les actions les plus nombreuses ont été les actions de protestation, notamment des manifestations et des rassemblements publics, enregistrées principalement dans le sud du pays, dans les zones occupées par les Russes, et pendant les premières semaines de l’invasion [48]. En voici des exemples :
Comme lors de l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie en 1968, des citoyens s’interposent spontanément et à mains nues [49] devant les chars pour bloquer leur avancée et dissuader leurs occupants [50]. D’autres élèvent des barricades ou organisent des ateliers de fabrication de « hérissons tchèques » (obstacles métalliques anti-char) [51], notamment à Kherson où trente volontaires soudent au lycée professionnel de construction navale [52]. Ils égarent les véhicules en modifiant les panneaux routiers [53] ou en fournissant des informations erronées. Ils manifestent, à plusieurs reprises dans les mêmes villes, souvent par milliers [54] alors qu’une poignée de collaborateurs de l’occupant se font filmer par la télévision russe [55]. Les soldats russes tirent parfois en l’air, ou des balles en caoutchouc dans les jambes [56]. Ils lancent des grenades lacrymogènes [57]. Ils arrêtent des manifestants [58] mais parfois la foule les en empêche.
Pendant une manifestation dans la ville de Slavutych, on entend des coups de feu et des explosions. Le maire, temporairement arrêté par les occupants, annonce à la foule que les Russes ont accepté de quitter le centre de la ville [59].
Des manifestants réclament la libération du maire de Skadovsk enlevé par les occupants. L’armée russe diffuse des gaz lacrymogènes et tire pour disperser la foule. Le maire est libéré immédiatement après les manifestations.
À Energodar, alignés devant leurs véhicules de secours, les employés du Service d’urgence de l’État protestent contre l’arrestation de leur chef. Selon le maire, certains auraient été battus par les soldats russes [60].
Le boycott des produits occidentaux toujours commercialisés en Russie est organisé. De discrets rubans aux couleurs ukrainiennes, des tracts [61], des graffitis ou, plus risquées, des peintures murales apparaissent dans les villes [62]. Des sites russes sont piratés [63].
Des individus et des groupes tentent de dissuader les soldats russes [64] et les convainquent parfois de rebrousser chemin [65], enlèvent des drapeaux russes [66] ou chantent l’hymne national à la frontière biélorusse [67]. Un paysan dérobe avec son tracteur un tank en panne et le cache [68]. Un homme déplace dans une forêt, à mains nues, une mine posée près d’un pont et de bâtiments [69].
En avril et mai 2022, des stations radar sont détruites, un pont ferroviaire et des voies ferrées le sont aussi et un train militaire déraille [70].
Le 29 juillet 2022, des partisans dans l’oblast de Louhansk retardent l’approvisionnement en munitions de l’armée russe en incendiant une boîte de distribution contrôlant les feux de circulation ferroviaire, les jonctions et les passages à niveau [71]. D’autres partisans, à Marioupol, incendient des champs de céréales pour en empêcher le vol par la Russie [72]. En août, le pont ferroviaire au sud-ouest de Melitopol est détruit, empêchant l’arrivée des trains russes via la Crimée [73].
Des citoyens organisent l’aide humanitaire et psychologique aux victimes et aux réfugiés. Ils répertorient les crimes de guerre [74]. L’aide ukrainienne ne peut entrer dans les villes occupées. Quand l’aide russe va être distribuée, les habitants la refusent. Ils arborent des drapeaux nationaux, sifflent les militaires et interrompent l’opération démagogique. Ils scandent « Ne nous nourrissez pas ! Arrêtez de tuer ! » [75]. Dans le village de Komyshi, les rations sont brûlées [76].
Le 18 mars 2022, à Lviv, 109 poussettes vides symbolisent les 109 enfants ukrainiens tués depuis le début de l’invasion.
Le 1er juin 2022, l’armée russe fait irruption dans deux centres commerciaux à Kherson. Elle retient le personnel en otage pendant plusieurs heures, et déclare que les magasins lui appartiennent désormais et que le commerce y continuera sous leur direction. 80 % des travailleurs refusent de coopérer avec les occupants [77].
À Kherson, dans leurs magasins, les entrepreneurs locaux refusent d’étiqueter les marchandises avec les prix en roubles.
À Kyrylivka, les entrepreneurs refusent de payer une taxe exigée par les autorités pro-russes [78].
Les habitants de Strilkovo refusent de fournir leurs données aux collaborateurs locaux, prétendument pour le recensement de la population de l’ONU [79].
Les dix-huit directeurs d’école de Melitopol refusent d’enseigner le programme russe et signent des lettres de démission [80]. Malgré les menaces, la plupart des parents ne se laissent pas convaincre de scolariser leurs enfants qui pourraient servir de boucliers humains. Iryna Shcherbak, directrice de l’éducation à Melitopol, quatre directrices d’école, une conseillère municipale et le maire sont enlevés après avoir refusé de collaborer avec les envahisseurs. Le maire fait ensuite l’objet d’un échange de prisonniers. Après leur détention, les directrices sont abandonnées sur une route [81].
Le 1er mai 2022, Yuri Bardachov, recteur de l’Université technique nationale de Kherson écrit une lettre de démission pour ne pas coopérer avec les occupants. À Kakhovka, les autorités russes ne peuvent ouvrir que trois écoles sur sept, faute d’enseignants collaborateurs [82].
Les enseignants de l’oblast de Kherson sont convoqués à une réunion avec l’« administration (d’occupation) militaro-civile régionale de Kherson ». Sur les 61 écoles, seules une vingtaine de personnes viennent. Le « gouverneur » nommé par la Russie, Volodymyr Saldo, porte un gilet pare-balles, craignant sans doute les éducateurs. Il veut imposer le programme et la langue russes. En désaccord, presque tous les présents partent.
Dans trois villages du district d’Henichesk, malgré les négociations et les promesses de salaires élevés, tous les enseignants disent qu’il vaut mieux vivre de leurs jardins que de prendre de l’argent pour avoir trahi leurs élèves [83].
Le président du conseil du village de Novotroitske, Petro Zbarovsky, annonce qu’il n’exercera son pouvoir que dans les limites de la législation ukrainienne [84].
À Tavriysk, aucun membre du personnel municipal ne veut travailler sous la direction du maire imposé par l’occupant [85].
Les médecins de Kherson refusent massivement leur collaboration avec l’occupant [86]. En une semaine seulement, plus de 36 000 personnes se rassemblent sur Instagram sur la version virtuelle de l’avenue Ouchakov à Kherson et y écrivent des messages « Kherson, c’est l’Ukraine [87] ! ».
Les Russes manquent de volontaires pour les milices populaires de maintien de l’ordre : à Chaplinka, quatre personnes sur 10 000 habitants [88].
Cette non-coopération active avec l’adversaire n’est nullement une capitulation ni un compromis diplomatique comme celui souhaité par Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou Luc Ferry. Si cette résistance non-violente avait été organisée et préférée à la riposte guerrière, son efficacité aurait-t-elle suffi à contrebalancer les conséquences dramatiques de l’affrontement militaire ?
Éviter la conscription en Ukraine
Les sommes réclamées pour des certificats de complaisance pour éviter la conscription ont augmenté : 10 000 euros alors que le salaire moyen est d’environ 385 euros. « Le plus souvent, les personnes interpellées invoquent des raisons familiales et personnelles, plutôt que politiques ou idéologiques. », assure le responsable de la police nationale à Kharkiv. La police appelle à la délation récompensée financièrement. Certains divorcent pour obtenir la garde des enfants et donc l’exemption.
À Kharkiv, un canal Telegram suivi par 116 000 personnes permet de signaler la présence de recruteurs militaires dans les lieux publics [89].
Semaine des voix russes contre la guerre
Une semaine de conférences et d’événements culturels à Paris fait entendre les voix russes contre la guerre. Programme.
Felix Dzerjinski réhabilité
Felix Dzerjinski est complétement réhabilité. En 1917, il a fondé la Tcheka, la police politique soviétique responsable de déportations et d’exécutions de masse. Une copie de sa statue, déboulonnée par la foule en 1991, a été érigée au siège des services de renseignement extérieur de la Fédération de Russie, le SVR. Le chef de ce service l’a glorifié : « Il est resté jusqu’au bout fidèle à ses idéaux de bonté et de justice. »
L’une des dizaines de statues de Joseph Staline récemment inaugurées a été bénie par un prêtre orthodoxe qui a admis les souffrances de l’Église sous le « petit père des peuples » mais il a tempéré : « Mais cela nous a offert de nouveaux martyrs bien russes [90]. »
Fraudes ecclésiastiques
Les services de sécurité ukrainiens ont arrêté un ancien diacre du diocèse d’Odessa de l’Église orthodoxe ukrainienne soumise au patriarcat moscovite. Pour 4 500 dollars américains, il envoyait à l’étranger, en prétendue mission ecclésiastique, des hommes en âge d’être conscrits. Il risque neuf ans de prison [91].
Démissions dans une école russe
Dans la ville de Perm, près des montagnes de l’Oural, le directeur et dix professeurs d’une école ont démissionné.
Au cours de l’année scolaire précédente, des vétérans de la guerre de Tchétchénie et de l’actuelle « opération spéciale », dont le père de deux élèves, ont exigé de venir parler aux plus jeunes lors des cours obligatoires de patriotisme belliciste dits « Conversations importantes ». Après un refus, ils sont revenus accompagnés par un représentant départemental. Ils ont proféré des grossièretés et des menaces et exercé des pressions. La plupart des parents ont soutenu les professeurs réfractaires.
L’école est spécialisée dans les études avancées de langue allemande. En raison des pressions du FSB, désormais, la coopération avec le Goethe-Institut n’existera plus. Le directeur de l’école a refusé de signer un document attestant que la décision était celle de son établissement.
Un professeur témoigne : « Je voulais changer quelque chose. Je pensais que je continuerais à travailler et à dire la vérité aux enfants. Mais après avoir lu les lois adoptées dans notre pays […] et parlé aux gens, j’ai réalisé que je ne pourrais malheureusement rien changer. Je ne peux pas être un propagandiste. Je ne veux pas l’être. Alors, à la mi-août, j’ai démissionné.
Je ne sais toujours pas si nous avons fait la bonne ou la mauvaise chose en partant. J’aime beaucoup mon travail. Et je peux encore faire beaucoup de choses. Mais je comprends que les vis ne feront qu’être resserrées davantage [92]. »
Des gaz lacrymogènes au tribunal
Sasha Skochilenko a été arrêtée en avril 2022 et accusée d’avoir substitué aux étiquettes d’un magasin des messages contre la guerre. Elle risque dix ans de prison. Elle passait en procès le 15 septembre 2023. Le public a protesté contre les restrictions d’accès à l’audience. Il a dû quitter le tribunal dans un nuage de gaz lacrymogènes diffusé dans les escaliers proches de la salle [93].
Guerre aux baudruches
Le 9 septembre 2023, un immense drapeau ukrainien accroché à des dizaines de ballons de baudruche est envoyé dans le ciel de Avdiivska et flotte jusqu’au-dessus de Dontesk. Les soldats russes tentent vainement de l’abattre [94].
Je veux vivre
Une ligne téléphonique et une plateforme Internet ukrainiennes, baptisées « Je veux vivre » facilitent la désertion et la reddition des soldats russes et leur promettent un bon traitement et des soins. Le porte-parole, annonce que, au début d’août 2023, 22 239 candidatures fermes et vérifiées ont été reçues, la plupart préventivement en cas de mobilisation dans les territoires annexés par la Russie. Il interroge « Nos partenaires comprennent parfaitement la situation. Pourquoi ne pas aider les citoyens russes qui ne veulent pas être tués et ne soutiennent pas le régime Poutine et qui ont réussi à sauver leur vie et ont été capturés par les Ukrainiens. Pourquoi ne pas accorder à ces personnes l’asile en Allemagne ou, par exemple, aux Pays-Bas. ».
L’état-major général des forces armées ukrainiennes diffuse à l’intention des soldats russes une vidéo sur la manière de se rendre à un drone [95]. Après s’être inscrits sur le site Je veux vivre, les réfractaires recevront les coordonnées et l’heure d’arrivée du drone qu’ils suivront, sans armes, jusqu’au point de rencontre avec l’armée ukrainienne [96]. Pour lui éviter des sanctions en cas de retour en Russie, le prisonnier est enregistré comme capturé au cours de la bataille. Après leur reddition, la sincérité des prisonniers est évaluée par des psychologues. Les Russes ne tendent plus de pièges comme ils le tentaient au début de la plateforme.
Je veux vivre soutient juridiquement les dissidents russes en bute à la répression et espère en échanger contre ses propres prisonniers [97].
Selon un communiqué du renseignement militaire ukrainien, après des mois de préparation, un pilote russe a fait défection et a livré son hélicoptère à l’Ukraine. Sa famille a pu être transférée en sécurité dans le pays. Dans une vidéo, le défecteur explique son opposition à la guerre russe et incite ses camarades à l’imiter. « La vérité, c’est qu’il n’y a pas de nazis ou de fascistes. C’est une véritable honte ce qu’il se passe ici. Des meurtres, des larmes, du sang. Les gens s’entretuent tout simplement. Je ne veux pas participer à cela. » Dans une interview accordée à Radio Liberty, le patron du renseignement militaire a précisé que les deux autres membres de l’équipage qui ne connaissaient pas les intentions du pilote ont tenté de s’enfuir et ont été tués après l’atterrissage [98].
Mines
Human Rights Watch est auteur d’un rapport faisant état de 1 172 personnes tuées ou blessées dans le monde par des armes à sous-munitions en 2022. 890 de ces victimes ont été atteintes par des armes ukrainiennes et surtout russes. 95 % sont des civiles [99].
Serbie
Deux Russes exilés en Serbie, un organisateur de concerts de groupes russes opposés à Poutine, et sa compagne, une artiste, ont reçu un avis d’expulsion, alors qu’ils risquent une arrestation en Russie. Ils ont demandé un visa de travail à l’Allemagne.
Peter Nikitin est fondateur, en Serbie, du mouvement pacifiste « Société démocratique russe ». Il vit à Belgrade depuis 2006. Il a risqué d’être refoulé à son retour de vacances. Il regrette que l’Union européenne reste fermée aux milliers de Russes qui aimeraient un exil plus sûr que la Serbie, la Géorgie et la Turquie. Sans pouvoir prouver qu’on a été arrêté en manifestant, il n’est guère possible d’obtenir l’asile en Europe [100].
Azat Miftakhov
Le militant anarchiste Azat Miftakhov [101] a été libéré après quatre ans et demi de prison pour avoir brisé une fenêtre d’un local du parti au pouvoir Russie unie. Le temps d’étreindre les membres de sa famille, il a été renvoyé en détention provisoire pour d’autres accusations. Il a rassuré sa mère en affirmant qu’il tiendrait le coup.
Il bénéficie d’un soutien international de gauche et d’extrême gauche et, en tant que mathématicien, du milieu scientifique international dont la Société mathématique de France. Il a poursuivi ses travaux en détention et a publié deux articles [102].
Mikhaïl Afanassiev
Mikhaïl Afanassiev, rédacteur en chef de la revue Novy Fokus, a été condamné à cinq ans et demi de prison pour « fausses informations ». Pourtant les témoins ont attesté la véracité des faits : le refus légal de onze membres des forces antiémeute du ministère de l’Intérieur de combattre en Ukraine [103].
Biélorussie
L’ONG Viasna, co-lauréate du Prix Nobel de la paix, dénombre environ 1 500 prisonniers politiques en Biélorussie. 200 000 à 300 000 opposants ont fui la répression à l’étranger. Ils risquent de devenir apatrides. Le président Loukachenko a en effet signé le 6 septembre 2023 un décret interdisant le renouvellement des passeports hors du pays. Les biens immobiliers ne pourront plus être vendus sans la présence physique du propriétaire. L’organisation de l’opposition exilée cherche à faire valider par d’autres États des passeports qu’elle émettrait [104].
Les ONG réprimées
Le journal La Croix consacre un article [105] à la répression des ONG russes considérées comme « agents de l’étranger » ou « organisations indésirables » et des ONG internationales chassées de Russie comme Amnesty international, Greenpeace et la Fédération internationale des droits de l’Homme. La plupart de ces ONG travaillent désormais à distance du Kazakhstan, d’Arménie ou des pays baltes.
Marie Stuther, responsable du bureau Europe centrale d’Amnesty, conclut par un appel : « Il faut que les Européens assurent une aide juridique aux activistes russes en leur fournissant notamment des visas pour voyager. »
Bouriatie
Natalia Filonova, une des figures de l’opposition en Bouriatie et ancienne journaliste, a été arrêtée en septembre 2022 lors d’une manifestation contre la mobilisation. Quatre policiers affirment qu’elle les a battus, griffés, frappés au visage avec un stylo à bille et leur avait cassé un doigt. Elle a été condamnée à deux ans et dix mois de prison. Son fils adoptif a été envoyé dans un orphelinat à trois cents kilomètres de chez eux. Le directeur de l’établissement incite les autres enfants à le harceler et à le battre [106].
Le 1er septembre 2023, la Russie a qualifié « d’indésirable » l’ONG Free Buryatia, basée aux États-Unis, qui apporte une assistance juridique aux soldats qui ne veulent pas combattre en Ukraine.
Six ans de prison pour sept critiques
Olga Smirnova, photo de son comité de soutien
Olga Smirnova du groupe Résistance pacifique (Мирное сопротивление) de Saint-Pétersbourg a été condamnée à six ans de prison pour de « fausses nouvelles motivées par la haine politique ». Il s’agissait de sept messages diffusés à propos de la destruction de villes ukrainiennes, victimes de bombardements, d’un incendie à la centrale nucléaire de Zaporozhye, ainsi que de la mort d’habitants de Marioupol lors de la prise de la ville [107].
Russes âgés et opposants
L’artiste Elena Osipova lors d’une de ses multiples arrestations par la police anti-émeutes
En Russie, les personnes âgées sont réputées conformistes. Leur seule source d’information serait la télévision d’État et sa propagande. Pourtant, l’organisation de défense des droits humains OVD-Info estime que plus de deux cents retraités ont été condamnés pour activités anti-guerre depuis le début de l’invasion. Ils sont emprisonnés au mépris de leurs problèmes de santé et condamnés à des amendes dépassant leurs ressources. 165 personnes de 60 à 84 ans ont été inculpées pour des manifestations anti-guerre. L’une d’entre elles raconte : « Je suis grand-mère et j’imaginais que toutes les femmes de mon âge seraient dans la rue pour protester. Quand il est devenu clair que ce n’était pas le cas, j’étais désemparée. Je ne m’en suis toujours pas remise. » « Mais essayer de les convaincre est inutile. J’ai perdu des amis de cette façon. J’ai honte de ma génération. Ils ont du sang sur les mains. Mais peu importe, le plus important est que la guerre prenne fin. Mais la guerre ne se termine pas. » En sortant du fourgon après une manifestation, un policier lui a tendu la main. « On ne bénéficie pas de ce genre de traitement dans le bus de la ville », a-t-elle ri. À son arrivée avec son amie dans les locaux de la police, tous les jeunes manifestants se sont levés et les ont applaudies [108].
L’éducation des enfants victime de la guerre
L’Unicef déplore la détérioration de l’apprentissage des élèves ukrainiens. En août 2023, plus de 1 300 écoles en Ukraine avaient été totalement détruites depuis le débit de l’invasion. Seuls un tiers des élèves suivaient tous les cours en présence d’un enseignant. La moitié des enfants exilés ne sont pas scolarisés dans leur pays d’accueil [109].
La rentrée scolaire russe est marquée par le rétablissement d’un module de « première formation militaire » qui existait en Union soviétique [110].
Le pape et la grande Russie
Le 25 août 2023, en téléconférence avec la Xème Rencontre panrusse de la jeunesse catholique qui se tenait à Saint-Pétersbourg, le pape François a déclaré « N’oubliez jamais le patrimoine. Vous êtes les héritiers de la grande Russie : la grande Russie des saints, des dirigeants, la grande Russie de Pierre Ier de Catherine II, cet empire - grand, éclairé, [pays] d’une grande culture et d’une grande humanité. N’abandonnez jamais cet héritage, vous êtes les héritiers de la grande mère Russie, allez-y. »
Le représentant du Kremlin a souligné que l’éducation des jeunes à l’héritage russe est l’une des tâches principales de l’État, des associations publiques et des enseignants. « Et le fait que le pontife, disons, s’associe à ces efforts est très, très gratifiant. », a-t-il ajouté.
L’Église gréco-catholique ukrainienne a communiqué qu’avec tous les citoyens ukrainiens, elle « condamne l’idéologie du "monde russe" ». « Il existe un danger que ces paroles soient perçues comme un soutien au nationalisme et l’impérialisme qui a provoqué la guerre en Ukraine » L’Église demande des explications au Vatican [111].
Espionnage russe aux États-Unis
Le groupe de bénévoles Bridge to the US a proposé son aide aux migrants en provenance de « pays de l’espace post-soviétique », annonçant qu’il « aide les gens à entrer légalement en Amérique » et qu’il « travaille directement » avec le service frontalier américain. Les avocats de l’organisation ont facturé entre 2 000 et 3 000 dollars pour leur assistance. Ce groupe est soupçonné d’avoir été créé par les services de renseignement russes. Une cinquantaine de Russes suspectés de travailler pour le FSB ont été arrêtés à la frontière mexicaine [112].
[1] Thomas D’Istria, « Dans la région de Poltava, des jeunes de Kiev s’entraînent à la guerre », Le Monde, 27 octobre 2023.
[2] Benoît Vitkine, « À Moscou, la chasse aux migrants pour les enrôler », Le Monde, 28 octobre 2023.
[3] Kelman Marti, « Guerre en Ukraine : la Russie "exécute ses soldats qui refusent de suivre les ordres", selon les Etats-Unis », Midi Libre, 27 octobre 2023.
[4] Emma Collet, « En Asie centrale, les jeunes boycottent les artistes russes », L’Express, 26 octobre 2023.
[5] https://vk.com/search?c%5Bq%5D=%23%D0%9F%D0%B0%D1%82%D1%80%D0%B8%D0%BE%D1%82%D0%B8%D1%87%D0%B5%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B5%D0%92%D0%BE%D1%81%D0%BF%D0%B8%D1%82%D0%B0%D0%BD%D0%B8%D0%B5&c%5Bsection%5D=auto&w=wall445873666_16189, 14 octobre 2023, consulté le 22 octobre 2023.
[6] https://vk.com/search?c%5Bq%5D=%23%D0%9F%D0%B0%D1%82%D1%80%D0%B8%D0%BE%D1%82%D0%B8%D1%87%D0%B5%D1%81%D0%BA%D0%BE%D0%B5%D0%92%D0%BE%D1%81%D0%BF%D0%B8%D1%82%D0%B0%D0%BD%D0%B8%D0%B5&c%5Bsection%5D=auto&w=wall-202934036_1688, 14 octobre 2023, consulté le 22 octobre 2023.
[7] Marina Vinogradskaïa, https://novayagazeta.ru/articles/2023/10/20/obuchenie-smerti, 20 octobre 2023, consulté le 22 octobre 2023.
[8] Propos recueillis par Sylvie Kauffmann, « Dmitri Mouratov "Je suis agent de l’étranger 665" », Le Monde, 23 octobre 2023.
[9] https://nowar.solidarite.online/blog/d%C3%A9sertion-en-masse-dans-les-r%C3%A9publiques-populaires-du-donetsk-rpd-et-de-lougansk-rpl-des-milliers-de-soldats-refusent-de-se-battre-et-mourir-pour-la-f%C3%A9d%C3%A9ration-de-russie, 5 octobre 2023, consulté le 6 octobre 2023.
[10] Benoît Vitkine, « À Moscou, la fin burlesque du dissident Orlov », Le Monde, 13 octobre 2023.
[11] https://meduza.io/en/news/2023/10/18/defense-lawyers-arrested-and-charged-with-extremism-after-representing-navalny-are-held-in-matrosskaya-tishina-jail, 18 octobre 2023, consulté le 19 octobre 2023.
[12] Alyona Itskova, https://novayagazeta.eu/articles/2023/10/13/staying-the-distance-en, 13 octobre 2023, consulté le 14 octobre 2023.
[13] https://novayagazeta.ru/articles/2023/10/19/iz-ognia-na-grazhdanku, publié et consulté le 19 octobre 2023.
[14] https://novayagazeta.ru/articles/2023/10/18/mozhet-ia-komu-to-meshaiu, 18 octobre 2023, consulté le 19 octobre 2023.
[15] https://meduza.io/news/2023/10/06/v-permskomu-krae-na-odnom-i-tom-zhe-bilborde-reklamirovali-pohoronnoe-byuro-i-sluzhbu-v-armii-direktoru-reklamnogo-agentstva-prishlos-izvinyatsya, publié et consulté le 6 octobre 2023.
[16] https://meduza.io/news/2023/10/06/zhiteli-moskvy-prinesli-tsvety-k-pamyatniku-lese-ukrainke-v-pamyat-o-pogibshih-v-harkovskoy-oblasti, 6 octobre 2023, consulté le 7 octobre 2023.
[17] https://reveil.courrierinternational.com/#/edition/1581/article/210781, publié et consulté le 20 octobre 2023.
[18] Emmanuel Grynszpan, Philippe Ricard, Faustine Vincent, Benoît Vitkine, « La Russie utilise le conflit à Gaza pour saper le soutien à l’Ukraine », Le Monde, 21 octobre 2023.
[19] Alain Barluet, « Moscou ne s’interdit plus les essais nucléaires », Le Figaro, 18 octobre 2023.
[20] https://meduza.io/en/news/2023/10/18/patriarch-kirill-says-russia-s-nuclear-weapons-were-created-by-divine-providence-under-the-protection-of-saint-seraphim-of-sarov, 18 octobre 2023, consulté le 19 octobre 2023.
[21] https://www.rfi.fr/fr/europe/20231019-ukraine-le-parlement-vote-l-interdiction-de-l-%C3%A9glise-orthodoxe-li%C3%A9e-%C3%A0-moscou, 19 octobre 2023, consulté le 20 octobre 2023.
[22] https://novayagazeta.ru/articles/2023/10/13/zasnut-zhertvoi-prosnutsia-vinovnym, publié et consulté le 13 octobre 2023.
[23] Faustine Vincent, « En Géorgie, le parti au pouvoir échoue à destituer la présidente pro-occidentale », Le Monde, 20 octobre 2023.
[24] Jacques Follorou, « À Odessa, des recruteurs militaires aux portes des universités », Le Monde, 4 octobre 2023.
[25] Polina Nikolskaya et Maria Tsvetkova, https://www.reuters.com/world/europe/theyre-just-meat-russia-deploys-punishment-battalions-echo-stalin-2023-10-03, 3 octobre 2023, consulté le 4 octobre 2023.
[26] Paul Gogo, « Mon procès montre l’absurdité de la justice russe », L’Express, 5 octobre 2023.
[27] https://meduza.io/news/2023/10/05/navalnyy-kara-murza-i-yashin-ob-yavili-30-oktyabrya-dnem-politzaklyuchennyh-i-prizvali-provesti-golodovku, publié et consulté le 5 octobre 2023.
[28] Hector Lemieux, « Des Cubains recrutés par la Russie pour la guerre », 21 septembre 2023.
[29] Ilia Iachine, traduit par Veronika Shulgina, « La véritable Russie ne combat pas les Ukrainiens sur le front. La véritable Russie est en prison », 30 septembre 2023.
[30] https://www.lemonde.fr/international/live/2023/09/29/guerre-en-ukraine-en-direct-retour-sur-la-journee-du-29-septembre_6191531_3210.html, 29 septembre 2023, consulté le 30 septembre 2023.
[31] Emmanuel Grynszpam, « L’Ukraine au défi de l’exode des femmes et des adolescents », Le Monde, 29 septembre 2023.
[32] https://www.lemonde.fr/international/live/2023/09/30/guerre-en-ukraine-en-direct-les-dernieres-informations_6191705_3210.html, publié et consulté le 30 septembre 2023.
[33] Benoît Vitkine, « Russie : l’échec démographique de Poutine », Le Monde, 29 septembre 2023.
[34] https://www.lemonde.fr/international/live/2023/09/29/guerre-en-ukraine-en-direct-retour-sur-la-journee-du-29-septembre_6191531_3210.html, art. cit.
[35] Nelly Didelot, « A Vilnius, une méfiance grandissante envers les réfugiés bélarusses », Libération, 25 septembre 2023.
[36] https://ilrovescio.info/2023/09/12/sabotiamo-la-guerra-appello-per-una-mobilitazione-contro-la-guerra-in-ucraina, 12 septembre 2023, consulté le 1er octobre 2023.
[37] Sher Khashimov, https://meduza.io/en/feature/2023/09/22/naturalized-and-mobilized, 22 septembre 2023, consulté le 25 septembre 2023.
[38] Propos recueillis par Isabelle Hennebelle et Marc Semo, « L’opposition russe en exil n’a pas de leader incontestable », 28 septembre 2023.
[39] https://novayagazeta.eu/articles/2023/09/26/catching-flak-en, 26 septembre 2023, consulté le 27 septembre 2023.
[40] https://novayagazeta.eu/articles/2023/09/15/st-petersburg-court-dismisses-prosecution-of-activist-on-charges-of-discrediting-military-en-news, 15 septembre 2023, consulté le 16 septembre 2023.
[41] https://sprotyv.mod.gov.ua, consulté le 29 août 2023.
[42] https://sprotyv.mod.gov.ua/198-metoliv-nenasylnytskyh-dij, 27 avril 2023, consulté le 17 septembre 2023.
[43] Patrick Silberstein, « Ensemble, nous transformerons la vie de nos ennemis en enfer ! », Brigades éditoriales de solidarité, Soutien à l’Ukraine résistante, n° 7, 23 mai 2022, p. 82-85.
[44] Patrick Silberstein, « Lignes de front », Brigades éditoriales de solidarité, Soutien à l’Ukraine résistante, n° 8, 7 juin 2022, p. 64.
[45] Patrick Angevin, « Dans les territoires occupés par les Russes, les Ukrainiens développent une "guerre de partisans" », Ouest-France, 8 juin 2022.
[46] www.icip.cat/ca, consulté le 19 septembre 2023.
[47] https://novact.org/?lang=en, consulté le 19 septembre 2023.
[48] « Non-violence, résistances passives et désobéissance civile », Brigades éditoriales de solidarité, Soutien à l’Ukraine résistante, n° 13, 15 novembre 2022, p. 12 à 16.
[49] https://suspilne.media/212712-u-melitopoli-miscevi-meskanci-vijsli-na-miting-ta-ne-vpuskali-rosijsku-tehniku-v-misto, 1er mars 2022, consulté le 12 septembre 2023.
[50] Eléa Pommiers, « La résistance ukrainienne est une épine dans le pied de Poutine », Le Monde, 28 février 2022 ; Thomas Laffitte, « En Ukraine comment les civils se dressent face à l’envahisseur », Ouest-France, 3 mars 2022.
[51] https://www.youtube.com/watch?v=4AagtIG_D2Y, 7 mars 2022, consulté le 12 septembre 2023.
[52] https://t.me/jurnko/1947, 27 février 2022, consulté le 16 septembre 2023.
[53] https://t.me/suspilnekherson/8595, 28 juin 2022, consulté le 11 septembre 2023 ; https://t.me/suspilnekherson/8651, 1er mars 2022, consulté le 11 septembre 2023.
[54] https://suspilne.media/214579-neskorenij-melitopol-mistani-znovu-vijsli-na-miting-proti-okupacijnih-vijsk-rf, 6 mars 2022, consulté le 12 septembre 2023 ; https://zp.depo.ua/ukr/zp/u-mistakh-zaporizkoi-oblasti-lyudi-mitinguyut-proti-rosiyskikh-okupantiv-foto-video-202203061432039 6 mars 2022, consulté le 12 septembre 2023 ; https://t.me/GeneralStaffZSU/632, 7 mars 2022, consulté le 12 septembre 2023.
[55] https://www.ukrinform.ua/rubric-regions/3428506-u-hersoni-na-prorosijskij-miting-zibrali-hersonskih-politicnih-marginaliv-socmerezi.html, 13 mars 2022, consulté le 13 septembre 2023.
[56] https://www.pravda.com.ua/rus/news/2022/03/13/7330971, 13 mars 2022, consulté le 13 septembre 2023.
[57] https://t.me/vgorunews/3099, 22 mars 2022, consulté le 14 septembre 2023.
[58] https://t.me/onenews_zp/28504, 20 mars 2022, consulté le 14 septembre 2023 ; https://www.ccma.cat/324/latac-de-russia-a-ucrainaen-directe/una-protesta-a-la-ciutat-ocupada-denerhodar-acaba-amb-4-ferits/minut/7110/263810, 2 avril 2022, consulté le 14 septembre 2023.
[59] https://www.rferl.org/a/smoke-and-gunfire-in-slavutych-as-city-protests-against-russian-occupation/31772069.html, 26 mars 2022, consulté le 14 septembre 2023.
[60] https://suspilne.media/241403-v-energodari-spivrobitniki-dsns-vijsli-na-protest-proti-vikradenna-svogo-ocilnika, 20 mai 2022, consulté le 16 septembre 2023.
[61] https://crimea.suspilne.media/ua/news/8126, 16 juin 2022, consulté le 18 septembre 2023.
[62] https://t.me/suspilnechernihiv/8944, 11 mai 2022, consulté le 16 septembre 2023.
[63] https://t.me/mash_na_volne/1393, 31 mai 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[64] https://www.rferl.org/a/ukraine-henichesk-wGGGoman-confronts-russian/31723523.html 24 février 2022, consulté le 10 septembre 2023 ; https://www.youtube.com/watch?v=Nu9ejPdVbC0, 26 février 2023, consulté le 11 septembre 2023 ; https://www.youtube.com/watch?v=I95GDRRJ9VY, 28 février 2023, consulté le 11 septembre 2023 ; https://www.youtube.com/watch?v=3G97bBTCy50, consulté le 11 septembre 2023 ; https://www.nbcnews.com/nightly-news/video/blinken-says-ukraine-has-made-tangible-progress-in-counteroffensive-against-russia-exclusive-192492101895, 1er mars 2022, consulté le 11 septembre 2023.
[65] https://t.me/suspilnechernihiv/6407, 28 février 2022, consulté le 11 septembre 2023 ; https://news.sky.com/story/ukraine-war-kherson-residents-tell-russian-forces-to-go-home-as-they-confront-military-vehicles-12571479, 21 mars 2022, consulté le 14 septembre 2023.
[66] https://t.me/suspilnekherson/8474 ; https://novakahovka.city/articles/196417/u-chaplinci-skinuli-rosijskij-prapor, 26 février 2022, consulté le 11 septembre 2023.
[67] https://t.me/suspilnechernihiv/6440, 28 février 2022, consulté le 11 septembre 2023.
[68] Pierre-Yves Paque, https://www.dhnet.be/actu/monde/2022/03/01/quand-un-fermier-ukrainien-vole-un-tank-russe-avec-son-tracteur-video-24ZD4IXY5ZHPTGMJ65IK2YL7W4, 1er mars 2023, consulté le 4 septembre 2023.
[69] https://twitter.com/NewVoiceUkraine/status/1497944521635680259, 27 février 2022, consulté le 11 septembre 2023.
[70] Patrick Le Tréhondat, « Territoires occupés : la guerre des partisans s’organise », Brigades éditoriales de solidarité, Soutien à l’Ukraine résistante, n° 9, 30 juin 2022, p. 21-22.
[71] https://www.ukrinform.net/rubric-ato/3540350-luhansk-partisans-complicate-enemy-ammunition-supplies-by-rail.html, consulté le 29 août 2023.
[72] https://news.yahoo.com/ukrainian-partisans-mariupol-set-grain-160200018.html?guccounter=1, 29 juillet 2022, consulté le 29 août 2023.
[73] https://www.ukrinform.net/amp/rubric-ato/3550493-guerillas-damage-bridge-near-melitopol-trains-stop-moving-from-crimea-mayor.html, consulté le 29 août 2023.
[74] https://russiancrime.org/main-page, consulté le 11 septembre 2023 ; https://www.5am.in.ua/en, 15 mars 2022, consulté le 13 septembre 2023
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[75] https://www.ukrinform.ua/rubric-regions/3420253-u-centri-hersona-vijsli-na-akciu-protestu-proti-agresora.html, 3 avril 2022, consulté le 11 septembre 2023 ; https://tinyurl.com/59fa9efn, 3 mai 2022, consulté le 12 septembre 2023.
[76] https://t.me/vgorunews/2786, 18 mars 2022, consulté le 13 septembre 2023.
[77] https://suspilne.media/246425-prijsli-i-skazali-so-magazini-ihni-u-hersoni-rosijski-vijskovi-zahopili-epicentri, 3 juin 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[78] https://www.061.ua/news/3405789/v-kirilivci-z-miscevih-pidpriemciv-vimagaut-platiti-daninu-novij-kerivnici-okupovanogo-selisa, 12 juin 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[79] https://suspilne.media/244544-na-hersonsini-u-strilkovomu-kolaborantam-ne-vdalos-provesti-perepis-naselenna-radnik-golovi-ova-hlan, 29 mai 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[80] https://suspilne.media/223842-direktori-skil-melitopola-napisali-zaavi-na-zvilnenna, 31 mars 2022, consulté le 14 septembre 2023.
[82] Halya Coynash, https://khpg.org/en/1608810509, 5 mai 2022, consulté le 16 septembre 2023.
[83] Halya Coynash, https://khpg.org/en/1608810648, 6 juin 2022, consulté le 16 septembre 2023 ; https://suspilne.media/244489-u-troh-selah-geniceskogo-rajonu-vsi-vciteli-vidmovilis-pracuvati-za-rosijskou-programou-sergij-danilov, 29 mai 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[84] https://t.me/suspilnekherson/11336, 3 mai 2022, consulté le 16 septembre 2023.
[85] https://suspilne.media/250557-na-hersonsini-vijskovi-rf-priznacili-tak-zvanim-merom-tavrijska-kahovskogo-advokata, 15 juin 2022, consulté le 18 septembre 2023.
[86] https://www.ukrinform.net/rubric-society/3501085-in-kherson-medics-massively-refusing-to-cooperate-with-russian-invaders.html, 6 juin 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[87] https://t.me/yellowribbon_ua/404, 18 juin 2022, consulté le 18 septembre 2023.
[88] https://suspilne.media/249922-u-caplinci-vijskovi-rf-ne-mozut-znajti-dostatnoi-kilkosti-narodnih-milicioneriv-centr-nacionalnogo-sprotivu, 14 juin 2022, consulté le 17 septembre 2023.
[89] Raphaël Godet, Fabien Magnenou, https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/reportage-guerre-en-ukraine-pots-de-vin-combines-comment-les-refractaires-a-la-mobilisation-tentent-d-echapper-aux-autorites_6057864.html#at_medium=5&at_campaign_group=1&at_campaign=alerte_info&at_offre=3&at_variant=V3&at_send_date=20230918&at_recipient_id=726375-1467529521-439e5738, 18 septembre 2023, consulté le 19 septembre 2023.
[90] Benoît Vitkine, « À Moscou, le retour de Felix Dzerjinski », Le Monde, 13 septembre 2023.
[91] https://apostrophe.ua/ua/news/society/accidents/2023-09-12/sbu-razoblachila-eks-diakona-upts-mp-kotoryiy-pod-vidom-tserkovnyih-missionerov-otpravlyal-uklonistov-za-granitsu-foto/304591, publié et consulté le 12 septembre 2023.
[92] Alla Konstantinova, https://en.zona.media/article/2023/08/21/schools, 21 août 2023, consulté le 15 septembre 2023.
[93] https://meduza.io/news/2023/09/15/v-peterburgskom-sude-posle-zasedaniya-po-delu-sashi-skochilenko-raspylili-slezotochivyy-gaz-pered-etim-pristav-ugrozhal-primenit-ego-protiv-gruppy-podderzhki-hudozhnitsy, publié et consulté le 15 septembre 2023.
[94] Ostap Kalita, https://dn.depo.ua/ukr/donetsk/ukrainskiy-styag-u-nebi-donetska-stalo-vidomo-chiikh-to-ruk-sprava-202309091451932, 9 septembre 2023, consulté le 11 septembre 2023.
[95] https://www.facebook.com/GeneralStaff.ua/videos/5202580043179264, consulté le 18 décembre 2022.
[96] https://meduza.io/news/2022/12/13/genshtab-vsu-opublikoval-instruktsiyu-dlya-rossiyskih-voennyh-kak-sdatsya-v-plen-bespilotniku, publié et consulté le 13 décembre 2022.
[97] Elizaveta Antonova, https://meduza.io/feature/2023/09/04/my-uchim-ih-instinktu-samosohraneniya, publié et consulté le 4 septembre 2023.
[98] B. L., https://www.tf1info.fr/international/video-guerre-ukraine-russie-le-pilote-russe-maxim-kuzminov-deserte-avec-un-helicoptere-de-l-armee-kiev-l-erige-en-heros-2268545.html, 4 septembre 2023, consulté le 5 septembre 2023.
[99] Cédric Pietralunga, https://www.lemonde.fr/international/live/2023/09/05/guerre-en-ukraine-en-direct-trois-drones-qui-tentaient-d-attaquer-moscou-ont-ete-abattus-selon-le-maire-de-la-capitale-russe_6187850_3210.html, publié et consulté le 5 septembre 2023.
[100] Jean-Baptiste Chastand, « En Serbie, les opposants russes sous pression », Le Monde, 7 septembre 2023.
[101] https://fr.wikipedia.org/wiki/Azat_Miftakhov, consulté le 11 novembre 2023.
[102] Benoît Vitkine, « En Russie, le mathématicien Azat Miftakhov libéré puis aussitôt cible de nouvelles accusations », Le Monde, 6 septembre 2023.
[103] « Un journaliste emprisonné pour "fausses informations" », Le Monde, 8 septembre 2023.
[104] Faustine Vincent, « Les Biélorusses en exil menacés de perdre leur passeport », Le Monde, 8 septembre 2023.
[105] Olivier Tallès, « En Russie, les ONG retournent à la clandestinité », 29 août 2023.
[106] https://meduza.io/en/news/2023/08/31/prominent-buryatia-activist-who-was-arrested-for-striking-policemen-with-ballpoint-pen-sentenced-to-nearly-three-years-in-prison, publié et consulté le 31 août 2023.
[107] https://meduza.io/news/2023/08/30/v-peterburge-aktivistku-mirnogo-soprotivleniya-prigovorili-k-shesti-godam-po-delu-o-feykah-pro-rossiyskuyu-armiyu-povodom-dlya-dela-stali-antivoennye-posty, publié et consulté le 30 août 2023.
[108] https://meduza.io/en/feature/2023/08/29/i-couldn-t-just-stay-silent-and-spoil-my-obituary, 29 août 2023, consulté le 31 août 2023.
[109] https://www.reuters.com/world/europe/ukrainian-children-fall-behind-with-no-let-up-attacks-schools-unicef-2023-08-29, 29 août 2023, consulté le 30 août 2023.
[110] https://www.lemonde.fr/international/live/2023/09/01/guerre-en-ukraine-en-direct-des-avancees-notables-des-forces-armees-ukrainiennes-dans-le-sud-selon-la-maison-blanche_6187331_3210.html, publié et consulté le 1er septembre 2023.
[111] https://meduza.io/feature/2023/08/30/papa-rimskiy-prizval-rossiyskih-katolikov-ne-zabyvat-chto-oni-nasledniki-imperii-i-velikoy-matushki-rossii, publié et consulté le 30 août 2023.
[112] https://meduza.io/en/feature/2023/05/22/you-really-are-a-terrorist, consulté le 2 septembre 2023.