Introduction
Les nanotechnologies, une nuisance au progrès de l’homme ? Où le détournement de la recherche à des fins militaires…
Le Fantassin à liaison intégrée (FÉLIN) est le soldat français de demain (les premiers systèmes seront livrés à partir de septembre 2006). Bourré de microélectronique, de capteurs, senseurs, de fibres nano-structurées, de vêtements de camouflage actif à absorption des ondes lumineuses.
La plupart de ces innovations technologiques sont le sait de société privées comme Sagem DS ou STMicroélectronics, qui est le leader mondial des semi-conducteurs et des systèmes sur puce. Mais pour conduire leurs recherches, les entreprises ne peuvent se passer des recherches amont faites par les organismes publics comme le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) ou le CNRS…
Cette réalité a été bien comprise par la DGA (Délégation générale pour l’armement) qui investit chaque année de plus en plus dans le privé. C’est donc le plus en amont possible que le ministère de la Défense tente d’exploiter les applications potentielles de ces technologies, comme le montre ce nouveau rapport, réalisé par Antonin Reignaud, diffusé par l’Observatoire des armements : L’armement du futur : pression sur la recherche. Présence militaire dans le secteur des nanotechnologies .
Le pôle MINATEC — inauguré le vendredi 2 juin 2006 à Grenoble — est le premier exemple d’un complexe dédié aux technologies du futur, en grande partie financé par le ministère de la Défense. En effet, derrière la soit disante recherche civile, se cache une vulgarisation de la recherche à des fins sécuritaires (micro puce, microdrones de surveillance) et militaires (drone de combat, intégration dans le corps du soldat de puces pour renforcer ses capacités physiques). Cette militarisation de la science se retrouve également avec le laser mégajoule dont les applications participeront à la fabrication d’ogives nucléaires.
Ainsi derrière ce financement militaire, se pose la question de la liberté de la recherche et de sa responsabilité dans les conflits actuels et futurs.
Au sommaire
Première partie : Qui pense l’armement du futur ?
- La Délégation générale pour l’armement (DGA) : premier acteur dans le développement de l’armement futur
- Conceptualisation de l’armement futur. Le Plan prospectif à 30 ans (PP30)
Deuxième partie : Quel armement pour le futur ? Trois projets de la DGA
- La Bulle opérationnelle aéroterrestre (BOA), réseaux des réseaux
- Le projet FÉLIN ou Fantassin à liaison intégrée
- Le système FÉLIN V2 et les nanotechnologies
- Les drones
Troisième partie : Nature de l’offre technologique pour l’armement du futur
- Nanosciences et nanotechnologies en France
- Le CEA-Grenoble à la pointe de la technologie et de la liaison militaire/scientifique/industrielle
- MINATEC, une illustration de la liaison scientifique/militaire/industrielle
Conclusion [extraits]
Cette convergence d’intérêts observée autour des nanotechnologies et nanosciences illustre finalement la façon dont l’État et les sphères de pouvoir industrielles se crispent face à la mondialisation et aux fuites de richesses vers l’étranger.
Mais cette utilisation du levier militaire contient le risque de voir les logiques militaristes reprendre le dessus, risque toujours accentué par la détention actuelle de l’information par ces mêmes industriels de l’armement.