Cette coopération est en totale contradiction avec la signature par la France des textes internationaux — notamment les Conventions de Genève ou la Position commune de l’Union européenne sur les exportations d’armements — qui lui confère des obligations de respecter et de faire respecter le droit international humanitaire.
C’est pourquoi l’AFPS a décidé de confier la rédaction d’une étude à l’Observatoire des armements sur la coopération militaire et sécuritaire entre la France et Israël afin de disposer d’informations les plus complètes possibles, d’abord pour mieux comprendre et mesurer les enjeux, ensuite pour aller interpeller les responsables politiques et demander la mise en place d’un moratoire de cette coopération en prenant appui sur la double obligation de la France de respecter et de faire respecter le droit international pour ne plus être complice des violations commises.
Cette campagne de l’AFPS s’inscrit dans l’action internationale en faveur d’un embargo militaire contre Israël initié par le Comité national palestinien du BDS, similaire à celui imposé contre l’Afrique du Sud dans le passé contribuant à la fin du régime d’apartheid.
Le partenariat stratégique mis en place entre la France et Israël se trouve au carrefour de nombreux enjeux contradictoires : diplomatiques, commerciaux, éthiques, stratégiques, politiques, industriels, militaires, etc. Il engage non seulement les organismes impliqués — gouvernements, industriels, armées, services de police et de renseignement, centres de recherche, etc. —, mais aussi chacun de nous en tant que citoyen.
Comme vous pourrez le découvrir au fil des divers chapitres de cette étude, cette coopération sécuritaire établie entre Israël et la France ne se limite pas aux transferts d’armements, elle est multi-facettes : consultations stratégiques bilatérales ; rencontres entre autorités militaires ; échanges d’expertise technique et de savoir-faire au niveau des différentes armées et des services de police ; échanges entre les services de renseignements ; coopération industrielle, avec créations d’entreprises franco-israéliennes ; projets communs dans le domaine de la recherche ; etc.
Pour la France, le principal enjeu de cette coopération est de maintenir une relation
suffisamment active pour lui permettre d’identifier les domaines où l’expertise israélienne est unique, afin d’en tirer tous les éléments utiles à sa propre stratégie, tout en demeurant extrêmement vigilante sur des propositions de coopération dans des domaines très sensibles ou pour lesquels les industries françaises et israéliennes sont en concurrence frontale.
Pour Israël, les relations avec la France — comme avec les autres États de l’Union européenne — sont très recherchées, car elles lui permettent de mieux positionner son industrie sur le marché de l’exportation d’armements et de se prévaloir d’un label Otan. L’enjeu est bien sûr économique, mais aussi politique en termes d’intégration et de reconnaissance par la communauté internationale — au moins dans sa partie occidentale ! — afin de ne pas se retrouver stigmatisé et isolé sur un plan diplomatique.
Au sommaire
Préface : Vers un embargo militaire d’Israël, par Taoufiq Tahani
- Introduction : La coopération militaire et sécuritaire France-Israël
- Méthodologie
- Du militaire au sécuritaire : 70 ans de coopération ambiguë
- Le modèle sécuritaire israélien, prêt à l’export
- Quand la France ne respecte pas le droit international
- Les huit critères de la Position commune de l’UE
- Transferts de matériel militaire, ou les limites de la transparence…
- Tableau des transferts d’armes de la France vers Israël
- Plainte pour complicité de crimes de guerre à Gaza contre l’entreprise française Exxelia
- Les salons d’armement français : vitrine du savoir-faire israélien…
- Action à Eurosatory 2016
- Coopération industrielle, ou jouer à qui perd gagne…
- Sous la Recherche & Développement, le sécuritaire
- Drones : la France sous influence
- Partage d’un savoir-faire dans le spatial
- Manœuvres militaires franco-israéliennes
- Vers une « israélisation » de la sécurité ?
- Coopération Union européenne/Israël : le militaire en embuscade
- Des projets hors cadre
- Israël, exportateur… Dans le Top 10 !
Conclusion : Suspendre la coopération. Pistes pour agir
Postface : l’axe Paris-Tel-Aviv et la globalisation militaire et sécuritaire, par Bernard Ravenel
Annexes
- Imposez un embargo militaire immédiat et total d’Israël !
- Appel du BNC
- Ressources documentaires
- Sigles utilisés