Le cas d’étude choisi par les auteurs est l’entrée en guerre de la France au Mali en janvier 2013, dans le cadre de l’opération Serval. Appliquant avec succès les méthodes des sciences sociales au domaine des relations internationales, et en dépit de la difficulté d’accès aux sources inhérente à un sujet d’étude généralement considéré comme relevant du « domaine réservé », ils parviennent à déconstruire le mythe d’un Président de la Ve République décidant seul et souverainement de l’entrée en guerre de la nation. Plutôt que de s’attacher à reconstruire les étapes conduisant à « la » prise de décision dans une perspective prétendument linéaire et causale, l’ouvrage met l’accent sur l’ensemble des conditions qui rendent possible l’entrée en guerre en analysant à l’aide de sources journalistiques et d’entretiens les luttes bureaucratiques, politiques ou encore personnelles entre hauts fonctionnaires qui ont traversé l’opération Serval.

Cette plongée au cœur des mécanismes qui ont conduit la France à entrer en guerre au Mali s’accompagne d’une analyse du consensus interventionniste qui a prévalu à l’Assemblée nationale comme dans les médias, et qui peut nous interroger collectivement sur notre rapport à la violence d’État et son acceptation.

Frédéric Lamy