Retrouvez ici la première partie de cette rubrique
Éléments de bilan de l’année 2022
Bilan chiffré des répressions
OVD-Info publie des chiffres sur la répression en Russien en 2022 [1] :
Près de 21 000 arrestations et au moins 378 accusés dans des affaires pénales pour déclarations et discours anti-guerre, plus de 200 000 ressources Internet bloquées et onze condamnations pour trahison.
La répression frappe aussi des manifestations environnementales, des distributions de tracts sur les droits du travail, des actions en soutien à Sergei Furgal et Alexei Navalny, des piquets contre la corruption, des infractions à une nouvelle loi sur la propagande LGBTQ, etc.
141 personnes ont été arrêtées grâce au système de reconnaissance faciale des caméras de sécurité du métro de Moscou.
OVD-Info a reçu des informations massives sur l’usage de la force dans les services de police : des personnes ont été jetées au sol, jetées sur l’asphalte, matraquées, étranglées, frappées au ventre, au visage, aux yeux, ont eu la tête cognée contre le mur, les membres et les mains tordues. L’un des cas les plus scandaleux de cette année est la torture et le traitement humiliant de femmes au poste de police de Brateevo à Moscou. De plus, la police confisque souvent les téléphones des détenus afin qu’ils ne puissent pas contacter leurs défenseurs.
En mars, les articles du Code pénal « Diffusion publique d’informations sciemment fausses sur l’utilisation des forces armées », « Actions publiques visant à discréditer l’utilisation des forces armées », « Appels pour l’introduction de mesures restrictives contre la Fédération de Russie » ont été adoptés puis utilisés pour poursuivre les militants anti-guerre.
Entre le 24 février et le 12 décembre, OVD-Info a enregistré au moins 8 500 détentions administratives de femmes pour avoir exprimé des positions anti-guerre sous diverses formes, soit environ 45 % de tous les détenus dont les noms sont connus. Ces dernières années, la proportion de femmes parmi les personnes détenues lors des rassemblements a considérablement augmenté. En 2021, lors des rassemblements de soutien à Alexeï Navalny, elle était de 25 à 31 %. Pour les manifestations après l’annonce de la mobilisation, elle était respectivement de 51 % et 71 % les 21 et 24 septembre 2022.
L’avocate Maria Bontsler a été condamnée à deux reprises à une amende en vertu de l’article sur le « discrédit » de l’armée pour avoir prononcé le mot « guerre » en défendant des participants à des rassemblements anti-guerre.
Les forces de l’ordre utilisent la force physique contre les défenseurs et les avocats. Par exemple, la police n’a pas laissé l’avocat Alexei Kalugin rencontrer son client. L’avocat Sergei Podolsky, a été emmené et menacé par la police.
Le ministère de la Justice a exigé qu’au moins deux avocats, Alexei Baranovsky et Mikhail Benyash, soient privés de leur statut juridique en raison de leurs déclarations anti-guerre.
En 2022, le Centre SOVA a enregistré 106 cas de poursuite arbitraire pour propagande ou affichage public d’accessoires ou de symboles nazis ou d’organisations extrémistes. Souvent, ces poursuites sont liées à l’Ukraine : pour le slogan « Gloire à l’Ukraine » ou pour les chansons que les tribunaux de Crimée considèrent extrémistes, « Bayraktar » et « Chervona Kalina ». Celle-ci est un chant patriotique ukrainien dont l’interprétation d’Andriy Khlyvnyuk, du groupe ukrainien BoomBox, a été remixée par de nombreux artistes. Les Pink Floyd en ont intégré la piste sonore dans « Hey, Hey, Rise Up ! » vendu au profit de l’aide humanitaire ukrainienne [2]. En mars 2022, des danseurs sur glace ukrainiens ont patiné sur cet hymne aux Championnats du monde de patinage artistique pour protester contre l’invasion [3].
La comparaison critique de Staline et de Hitler et de leurs régimes, les atteintes à la mémoire des soldats soviétiques et la profanation publique du symbole de la gloire militaire russe sont pénalisées depuis avril 2022. C’est ainsi que, contre une jeune fille en état d’ivresse, une affaire pénale a été ouverte en Crimée pour avoir « souillé la mémoire des défenseurs de la patrie » « en faisant des mouvements de danse publics sous une forme arbitraire » sur le piédestal d’un monument commémoratif [4].
Un activiste a été condamné à une amende de 45 000 roubles pour discrédit de l’armée en raison d’un piquet solitaire avec une feuille de papier sur laquelle huit étoiles étaient représentées. Le tribunal a estimé que c’est ainsi qu’il avait encodé les huit lettres russes du slogan « Non à la guerre ».
En 2022, 90 journalistes ont été déclarés « agents étrangers ». Plus de 504 journalistes ont été contraints d’émigrer, la plupart après le 24 février.
Sur dénonciation de son monastère, une amende de 100 000 roubles a été infligée au père Evgény Pinchuk, un hiéromoine de l’Église orthodoxe russe qui a écrit sur VKontakte que les actions de l’armée russe sont prédatrices et que les dirigeants russes violent les commandements divins [5].
Arshak Makichyan a vécu 27 ans sur 28 à Moscou. Il a été arrêté à plusieurs reprises pour des manifestations Fridays for Future à propos du climat et contre l’entrée, en janvier 2022, des troupes au Kazakhstan [6] et l’invasion de l’Ukraine. Il est déchu de la nationalité russe obtenue en 2004. « L’État russe m’a privé de ma seule citoyenneté, écrit l’activiste. Beaucoup diront que je devrais me réjouir, car j’ai officiellement cessé de faire partie de l’État qui viole et tue des femmes et des enfants en Ukraine, occupe 20 % de la Géorgie et torture ses citoyens. Mais l’État russe n’est pas toute la Russie. Et je ne peux pas arrêter de faire partie du pays que j’aime [7]. »
Le 14 décembre 2022, Maxim Malyshev, a été condamné pour désertion pendant la période de mobilisation et tentative de franchissement illégal de la frontière.
Le 16 décembre, le tribunal militaire de Tcheliabinsk a condamné à cinq ans de prison un soldat qui ne s’est pas présenté dans l’unité après l’annonce de la mobilisation.
Les 22 et 29 décembre 2022, des tribunaux militaires ont prononcé deux condamnations à trois ans dans une colonie pénitentiaire pour abandon non autorisé d’une unité pendant la période de mobilisation [8].
Depuis le 21 décembre 2022, une loi punit l’incitation au sabotage d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à la perpétuité, « un texte sur mesure pour lutter contre les incendies incessants de bureaux de recrutement militaire », commente Le Monde [9].
Agents de l’étranger
La qualification « d’agent de l’étranger » est utilisée massivement depuis 2012 contre les organisations, opposants et journalistes russes accusés de mener des activités politiques financées à l’étranger. Elle oblige ces « agents » à des procédures fastidieuses, sous peine de lourdes sanctions comme une amende élevée, une peine de prison ou une fermeture. Ils doivent rendre compte de leur participation à tout événement public et présenter le détail, tous les trois mois, de l’intégralité de leurs dépenses et de leurs revenus [10]. « Je n’ai plus de vie privée car le ministère de la Justice sait absolument tout de moi, jusqu’à la marque de tampons que j’utilise. Je dois remplir tous les trois mois 84 pages de formulaires pour justifier toutes mes dépenses », raconte la journaliste Lyudmila Savitskaya, « agent de l’étranger » depuis la fin de l’année 2020 [11].
Le journaliste d’investigation russe Andrei Zakharov a choisi l’exil pour éviter la surveillance permanente.
Les « agents » doivent indiquer ce statut dans toutes leurs publications (livres, journal, carte de visite, réseau sociaux). Le texte à insérer dans chaque publication occupe 220 signes sur les 280 maximum d’un tweet.
Au départ, seules les ONG financées par l’étranger pouvaient être ajoutées à la liste. Le législateur a ensuite élargi la réglementation aux médias en 2017. Deux ans plus tard, il a permis de considérer directement des journalistes. Enfin, depuis décembre 2020, il suffit d’avoir « une activité politique » et des « liens financiers avec l’étranger » pour risquer de finir sur cette liste. Depuis septembre 2021, le lien financier avec l’étranger ne semble même plus nécessaire. Le FSB, service de renseignement intérieur russe, a publié un document qui comporte une soixantaine de sujets liés au secteur militaire – corruption dans l’armée, développement de nouvelles armes, moral des troupes, etc. – qui peuvent valoir à un journaliste le statut d’agent étranger s’il enquête sur ces sujets [12].
Quelques décisions parfois absurdes ont été prises à l’encontre d’ONG. Le Centre d’éducation civile avait ainsi été considéré comme « financé par une source étrangère » parce qu’il avait été remboursé d’un trop-perçu par un hôtel d’Oslo pour une location de locaux pour une conférence, rapportait le 14 juin la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans un arrêt.
Conséquences économiques de l’accueil des exilés
La guerre et l’exil des réfractaires russes expliquent la multiplication par cinq, en 2022, des envois de fonds entrant en Géorgie depuis la Russie. Ils dépassent 1,75 milliard de dollars, selon la Banque nationale de Géorgie [13]. Novembre a battu le record : 316 millions de dollars ont été transférés, soit 819 % de plus qu’en novembre 2021 [14].
Les transferts d’argent vers l’Arménie se sont élevés à 2,8 milliards de dollars au cours des dix premiers mois, soit un quasi-quadruplement par rapport à la même période de 2021. Le dram arménien a grimpé de 22 % par rapport au dollar au cours de l’année 2022. C’est la meilleure évolution parmi les devises mondiales, selon les données compilées par Bloomberg. Le lari géorgien et le somoni tadjik sont respectivement plus forts de plus de 16 % et 10 %.
Au Tadjikistan, le flux des envois de fonds a augmenté d’au moins 50 % au premier semestre de l’année 2022 [15].
Résistance de gauche
La fondatrice du mouvement Résistance de gauche, Daria Polyudova, a été condamnée à neuf ans de prison pour création d’une communauté extrémiste et justification de l’extrémisme. Elle purge déjà une peine de trois ans pour une autre accusation. Elle a organisé des piquets de grève en soutien aux prisonniers politiques ukrainiens et tatars de Crimée et pour d’autres causes. Son mouvement « s’oppose aux oppresseurs capitalistes pour tous les opprimés, pour le pouvoir des travailleurs [16]. »
Yabloko
Nikolai Rybakov, est actuellement le président de Yabloko, le Parti démocratique russe unifié. Lors de l’attribution du Prix Nobel de la Paix 2017 à la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), il a dit espérer que « les grandes puissances nucléaires (la Russie en particulier) accorderont plus d’attention au processus de négociation pour la réduction et la perspective d’élimination des armes nucléaires [17]. »
Une ancienne candidate du parti aux élections municipales de Moscou, Maria Volokh, a été arrêtée pendant 20 jours pour une action de rue contre l’escalade nucléaire du conflit [18].
Les députés de Yabloko à l’Assemblée législative de Saint-Pétersbourg ont soumis un projet de loi fédérale établissant la responsabilité pénale pour les appels à l’utilisation d’armes nucléaires. « Les menaces […] d’utilisation d’armes nucléaires rendent difficile la recherche d’une solution pacifique aux conflits, contribuent à inciter à la haine et à l’agression dans la société. », estime leur chef, Alexander Shishlov [19], qui, en juillet 2022 a été accusé de « discréditer les forces armées de la Fédération de Russie » [20].
Les députés rappellent : « En 1961, la Déclaration sur l’interdiction de l’utilisation des armes nucléaires et thermonucléaires adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies déclarait que l’utilisation des armes nucléaires était une guerre dirigée non seulement contre un ou plusieurs adversaires, mais également contre l’humanité tout entière [21]. »
Expulsion du Kazakhstan
Le major Mikhail Zhilin du Service de la garde fédérale russe est responsable des communications entre le gouvernement de Poutine et d’autres régions russes. Ayant accès à des secrets d’État, il n’a pas le droit de quitter le pays. Il franchit illégalement la frontière kazakhe pour fuir la mobilisation cinq jours après l’annonce de celle-ci car, dit-il, il ne veut pas être obligé de tuer des citoyens ukrainiens.
« J’ai l’obligation de défendre la liberté et l’indépendance de ma patrie, la Fédération de Russie, à l’intérieur de ses frontières, et non de mener des opérations militaires agressives dans le cadre des forces armées de mon pays pour s’emparer des territoires d’un autre État », déclare-t-il.
L’asile politique lui est refusé et il est condamné à six mois de prison avec sursis, avec expulsion du Kazakhstan. En partance pour Erevan, il est arrêté à l’aéroport car la Russie l’a inscrit sur la liste internationale des personnes recherchées, pour désertion et franchissement illégal de la frontière [22]. Le 28 décembre 2022, un tribunal spécialisé confirme son expulsion [23]. Le lendemain, il est extradé en Russie où sa désertion pourrait lui valoir quinze ans de prison [24]. Sa femme dit qu’il risque d’être torturé pour avoir fui la Russie ou d’être envoyé combattre [25].
C’est le premier cas connu d’un insoumis renvoyé en Russie par un pays allié. Il est lié aux poursuites pénales russes dont Zhilin est l’objet [26]. Auparavant, le ministre de l’Intérieur Marat Akhmetzhanov avait déclaré que le Kazakhstan n’extraderait que les personnes figurant sur la liste internationale des personnes recherchées [27].
Soutien des exilés aux Russes de l’intérieur
Soutien de Lituanie
Sergueï Krivenko a créé à Vilnius la chaîne Telegram de son ONG, « Grajdanine. Armiya. Pravo » (« Le Citoyen. L’Armée. Le Droit »), déclarée « agent de l’étranger » en Russie dès décembre 2021. Il a déjà reçu 50 000 messages. Avec une cinquantaine de bénévoles en Russie et à l’étranger, il aide les refuzniks à éviter la guerre, les soldats mal préparés et sous-équipés à faire valoir leurs droits et les familles à récupérer leurs membres détenus dans des cachots clandestins pour avoir refusé de combattre [28].
Soutien de Géorgie aux opposants russes emprisonnés
Ivan Dobrotov a été incarcéré pour un message anti-guerre puis il a fui Moscou en juin 2022. Il organise, à Tbilissi, des ateliers mensuels qui réunissent une trentaine de personnes pour écrire à des prisonniers politiques russes. Parmi les participants, des expatriés récents, moins politisés que leurs prédécesseurs, prennent conscience de l’importance du soutien qu’ils apportent. L’animateur leur apprend aussi à contourner la censure pénitentiaire par des allusions, par exemple, en écrivant « À Tbilissi, il y a un magnifique Marché des Déserteurs [29]. »
Prêtres chrétiens de Biélorussie et d’Ukraine
L’Église orthodoxe de Biélorussie est soumise au patriarcat de Moscou. Après la falsification des résultats de l’élection présidentielle en Biélorussie, en août 2020, le patriarche russe Kirill a félicité Loukachenko de sa contribution à « l’établissement dans la société d’idéaux durables de miséricorde, de paix, de gentillesse et de justice. » Il a remplacé le métropolite qui avait béni, à l’hôpital, les victimes de la répression. Il a interdit la prédication aux prêtres soupçonnés de sympathie pour les protestataires et démis l’archevêque qui avait appelé à « une enquête honnête et ouverte sur tous les faits de tromperie, de violence et de cruauté [en août 2020], afin que Justice soit faite et que la Vérité triomphe. »
Le prêtre Vladislav Bogomolnikov croupit en prison où il donne des cours de philosophie à ses codétenus. Il a été condamné pour « participation à des émeutes de masse » alors qu’il a seulement célébré un court service commémoratif pour l’opposant Roman Bondarenko, qui a été battu à mort après son arrestation [30]. Il s’est prononcé contre la guerre en Ukraine et a aidé des réfugiés ukrainiens. En novembre 2022, il a subi sa sixième condamnation depuis que sa porte a été défoncée pour l’arrêter le 31 août [31].
D’autres prêtres sont condamnés pour « participation à une communauté criminelle », « tentative de prise de pouvoir », « infractions illicites" ou « trafic d’explosifs ». Sergiy Rezanovich et sa femme ont écopé respectivement de 15 et 16 ans de prison. Mikhail Marugo a été arrêté en mars 2022 pendant 13 jours pour avoir tenu des fleurs lors d’un rassemblement anti-guerre.
Environ 15 % de la population est catholique. Le métropolite Tadeusz Kondrusiewicz, qui les dirigeait en août 2020, a pointé « le sang versé, des milliers de civils détenus et roués de coups » et a accusé le régime « d’un péché grave. » Après plusieurs mois de pression, le régime l’a contraint à démissionner.
Le prêtre Oleksandr Baran a été arrêté en mars 2022 pour avoir affiché le drapeau ukrainien et celui, rouge et blanc, de l’opposition biélorusse sur sa photo de profil sur les réseaux sociaux, ce qui est qualifié de « distribution de matériel extrémiste ». Andrzej Bulczak , citoyen polonais, a participé à l’enregistrement d’une vidéo anti-guerre, après quoi, sous la menace des autorités, il a été contraint de quitter la Biélorussie [32].
Un prêtre orthodoxe ukrainien arrêté comme collaborateur de la Russie a été échangé contre un prisonnier américain. Libéré, il a exprimé sa joie qu’une partie de la région de Louhansk soit occupée par la Fédération de Russie et qu’elle restera une « terre russe ». Evguéni Prigojine, chef de la milice Wagner, qui l’a personnellement accueilli, estime que « si ce sera difficile pour Dieu, alors les combattants de la milice Wagner » l’aideront [33].
Guerre, opération spéciale et poisson
L’usage du mot « guerre » est réprimé en Russie s’il désigne « l’opération militaire spéciale » contre l’Ukraine. Pourtant, le 22 décembre 2022, Vladimir Poutine utilise ce mot lors d’une conférence de presse. « La Fédération de Russie n’a commencé aucune guerre », écrit Nikita Iouferev, député municipal à Saint-Pétersbourg, dans une plainte adressée au procureur général russe. « Conformément à une décision du président de la Fédération de Russie du 24 février 2022 une opération spéciale est en cours », ajoute-t-il, demandant d’enquêter sur les propos de M. Poutine et de le poursuivre pour « diffusion de fausses informations sur l’armée russe » [34].
En septembre 2022, à Tioumen, un procès-verbal est dressé contre une jeune Russe pour une inscription « Нет в***е » (« Niet v***a », c’est-à-dire « Non à la g****e »). Elle prétend avoir voulu exprimer son dégoût du poisson en évoquant « vobla » et non « voïna » (guerre). Les deux mots commencent et s’achèvent par les mêmes lettres. L’accusée est acquittée en première instance.
Cette affaire devient très rapidement le thème d’un mème Internet qui ironise en substituant « vobla » à « voïna », par exemple dans le titre du roman de Tolstoï « Guerre et paix » [35]. Le comédien Sergei Slepakov enregistre une chanson « Niet vobla » : « De ce "vobla" vient tout le mal de la planète. Des familles se désagrègent, des enfants innocents souffrent. Et profitant du fait que nous avons la démocratie dans notre pays, disons tous ensemble, sœurs et frères, "pas de vobla empoisonné" [36]. » Le consumérisme s’empare du thème. Des casquettes et des T-shirts marqués « Niet vobla » sont commercialisés [37].
La police fait appel du jugement de septembre car la jeune femme a aussi dessiné « un symbole international de la paix, du désarmement, du mouvement anti-guerre et anti-nucléaire. » Pour avoir « discrédité » l’armée russe, elle est condamnée à une amende de 30 000 roubles. Les habitants de Tioumen collectent cette somme pour elle en 24 heures [38].
Plus de trente personnes sont condamnées dans la même ville à des amendes de trente ou quarante mille roubles. Elles avaient exprimé plus ou moins discrètement leur opposition à l’invasion.
Toujours à Tioumen, un militaire retraité qui roulait dans une voiture avec une affiche « Non à la guerre ! » et plusieurs symboles pacifistes a échappé à toute condamnation. Le jugement cite son argumentation qui a été admise : « Le but de l’armée a toujours été la protection contre la guerre, pas l’agression. Les Forces armées de la Fédération de Russie ne font pas la guerre aujourd’hui, une opération spéciale est en cours pour instaurer la paix dans le Donbass. [… L’inscription] ne peut rien dire sur l’opération spéciale, ce n’est pas une guerre. […] Admettons l’illégalité du slogan "Non à la guerre !", alors cela peut signifier la recevabilité du slogan "Oui à la guerre !", la responsabilité pénale est prévue pour l’appel à la guerre. Il n’a connaissance d’aucune interdiction d’afficher le slogan "Non à la guerre [39] !" » Absurdité de la censure : Alors que le jugement en justifie l’usage, la plupart des slogans « Non à la guerre ! » sont censurés dans la citation précédente.
Pussy Riot et autres opposants
L’orchestre féminin russe en exil Pussy Riot diffuse un nouveau clip « Maman, ne regarde pas la télé » illustré par des images de la guerre en Ukraine et de manifestations d’opposition à celle-ci. Le refrain est basé sur les paroles d’une conversation téléphonique d’un conscrit russe capturé : « "Maman, il n’y a pas de nazis ici, ne regarde pas la télévision ». Les Pussy Riot publient un manifeste qui se termine ainsi : « Nous lançons un appel à ceux qui sont en Russie : S’il vous plaît, ne participez pas à cette guerre ! Ne répondez pas aux convocations, n’allez pas dans les bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaires, n’écoutez pas la propagande ! Chaque geste contre cette guerre est important [40]. »
Le ministère russe de la Justice a mis à jour la liste des « agents étrangers ». Il y a inclus :
- la militante des droits humains Svetlana Gannushkina ;
- Andrey Kolesnikov, ancien rédacteur en chef de Novaya Gazeta ;
- le journaliste Gleb Pyanykh ;
- la journaliste Anastasia Zhvik ;
- le mouvement « Résistance féministe anti-guerre » ;
- le projet de Droits de l’Homme "Roskomsvoboda" ;
- Anti-Corruption Foundation Inc ;
- Association autonome à but non lucratif de programmes sociaux et sportifs « Sports LGBT Community ».
Enquête sur les émigrants russes
Une enquête sociologique a été menée du 23 août 2022 au 25 septembre 2022, c’est-à-dire avant la mobilisation russe, auprès d’émigrants russes déjà interrogés en mars. De cet échantillon, peu représentatif, admettent les enquêteurs, on tire notamment ces conclusions :
- seulement 16 % de ceux qui sont partis après le 24 février sont revenus en août, la plupart pour un temps bref ;
- le niveau de vie des exilés a baissé ;
- les télétravailleurs russes ne représentent même plus la moitié de ce qu’ils étaient auparavant. Seuls 2 % de ceux qui travaillaient sont chômeurs.
Milice Wagner
Yevgény Nuzhin, ancien prisonnier accusé de désertion de la milice Wagner, a été exécuté avec un marteau. Andrey Medvedev est son ancien commandant. Dans une vidéo publiée par Gulag.net, Medvedev déclare que, le 6 juillet 2022, il a signé un contrat de quatre mois avec Wagner. Il a participé aux batailles près d’Artemovsk. Wagner a prolongé unilatéralement son contrat d’abord à six puis à huit mois. L’homme a interrompu son service, car il n’aimait pas « ce qui commençait à arriver » : « ordres stupides » du commandement, coups et humiliations des autorités, ainsi que meurtre de mercenaires par le service de sécurité de Wagner. Il ajoute qu’il regrette d’être allé à la guerre. « Après mon départ non autorisé, le service de sécurité de Wagner a commencé à me persécuter. […] Je crains pour ma vie et ma santé. » Dans une interview avec des journalistes, Medvedev évoque les exactions de Wagner : « Je connais une dizaine d’exécutions : deux des victimes n’étaient pas des prisonniers, mais des civils [41]. »
Conscription d’automne
Attirés par une publicité pour une vente de vestes, des clients sont emmenés par des acheteurs qui s’avèrent être des employés de l’enrôlement militaire qui les déclarent aptes au service [42].
Refuzniks
88 Russes mobilisés qui ont refusé de retourner sur la ligne de front sont retenus de force sur le territoire de l’ancien camp d’enfants Beryozka dans le village de Makarovo, région de Louhansk, rapporte la chaîne de Telegram Astra [43]
Après avoir été bombardés sans possibilité de riposte, la plupart des mobilisés ont refusé de repartir au front et ont rédigé des notes explicatives, après quoi leurs armes leur ont été retirées. La femme de l’un d’entre eux parle des menaces exercées dans le camp : « Des commandants du parquet militaire viennent les forcer à signer un contrat de trois ans, ils les intimident de toutes les manières possibles. » Dans une conversation téléphonique enregistrée, un soldat se plaint : « Ils ne sont pas nourris, on ne leur donne pas d’eau et ils essaient de les briser physiquement et psychologiquement. »
Plus tôt, Pavel Chikov, chef du centre des Droits de l’Homme Agora, a déclaré que des militaires sous contrat, Alexander Afonin et Andrey Vasiliev (qui ont fait appel à une commission d’enquête russe [44]) ainsi que 280 collègues, étaient détenus dans le sous-sol d’une prison de la prétendue République populaire de Lougansk pour refus de se battre faute de soutien médical et matériel [45]. Pendant deux semaines, les militaires étaient là « sans nourriture adéquate dans des conditions inhumaines ». Selon eux, des commandants et des employés du parquet militaire les ont menacés et ont exercé des pressions psychologiques. Un autre appel à la commission d’enquête a été déposé par Mikhail Nosov, victime avec dix-sept camarades de faits similaires [46].
Lettonie
La Lettonie est très solidaire de l’Ukraine. Elle démolit tous les monuments liés à l’ère soviétique. Un portrait gigantesque de Poutine en croquemitaine nargue les diplomates russes juste devant leur ambassade.
35 % des Lettons sont russophones. Ils se sont détournés d’Harmonie, le parti pro-Moscou qui a pris ses distances avec « l’opération spéciale » en Ukraine. Ils lui préfèrent Pour la stabilité !, une nouvelle formation populiste très active sur TikTok et les réseaux antivax et pro-Poutine, qui a fait son entrée au Parlement lors des législatives en octobre.
En 2015, le média indépendant russe Meduza, accusé par Moscou d’être un agent d’influence terroriste de l’étranger, a décidé d’opérer depuis la capitale lettone. Après l’invasion de l’Ukraine, le journal Novaïa Gazeta Europe, la télé Dozhd, les équipes de BBC Russia et tant d’autres ont suivi. Près de cinq cents visas ont été accordés à des journalistes russes et à leurs familles.
La licence de diffusion en Lettonie de la chaîne de télévision Dozhd a été supprimée à cause d’un journaliste qui a évoqué les troupes russes en disant « notre armée » et a appelé à soutenir les conscrits. La chaîne l’a licencié [47].
Argentine
Environ un demi-million d’Ukrainiens de souche vivent en Argentine. Plusieurs milliers d’entre eux ont manifesté près de l’ambassade de Russie le 25 février 2022. En Argentine, une loi accorde à tout Ukrainien fuyant la guerre et entrant sur le territoire argentin un permis de séjour de trois ans.
Des femmes russes qui veulent fuir leur pays partent accoucher en Argentine. L’accès au pays est facile, les services de santé y sont les meilleurs d’Amérique latine et le nouveau-né acquiert la nationalité argentine, ce qui permet ainsi à ses parents de l’obtenir rapidement puis de recevoir des visas vers 177 pays. La chaîne Telegram Chat Birth in Argentina, avec 2 800 participantes, fournit des informations aux candidates. Une agence commerciale spécialisée organise le voyage et toutes les démarches pour un montant pouvant atteindre 15 000 $. Le refus des vaccinations obligatoires engendre parfois des conflits. Un autre canal Telegram aide les Russes à créer des entreprises.
La plupart du temps, la Commission nationale pour les réfugiés rejette les demandes russes dès le premier entretien.
Le père Alexander Ivashevich, recteur d’une église orthodoxe non soumise à Moscou, voit affluer de nouveaux fidèles. « Certains croyants recherchent fondamentalement des églises qui ne sont pas subordonnées au patriarcat de Moscou, dont le chef bénit cette guerre fratricide », dit-il [48].
Surveillance, sécurité et censure en Fédération de Russie
FSB
Le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie ou FSB (Federalnaïa sloujba bezopasnosti Rossiyskoï Federatsii) est le successeur du KGB soviétique. La directrice à Moscou du Centre d’étude des élites, Olga Krychtanovskaïa, estime en 2006 que 78 % des 1 016 principaux responsables politiques russes ont travaillé précédemment dans une organisation affiliée au KGB ou au FSB [49]. Au premier rang d’entre eux, Vladimir Poutine, « ce lieutenant-colonel-type du KGB soviétique, aux vues étroites provinciales, typiques d’un lieutenant-colonel, à l’aspect quelconque d’un lieutenant-colonel n’ayant même pas pu s’élever au grade de colonel, au comportement d’un officier des services secrets soviétiques habitué à épier ses propres camarades, rancunier. », écrivait, dans son livre La Russie selon Poutine [50], la journaliste russe Anna Politkovskaia deux ans avant son assassinat le 7 octobre 2006.
« De nombreux journalistes, défenseurs des droits humains et opposants politiques russes avaient sonné l’alarme dès l’arrivée au pouvoir, en 1999, du chef du FSB […] qui a rarement caché son peu de considération pour la vie humaine. », rappelle une tribune du Monde signée Lev Ponomarev, cofondateur de l’ONG russe Memorial, Olga Prokopieva, porte-parole de l’association Russie-Libertés, et Cécile Vaissié, professeure en études russes et soviétiques [51].
Alors que les forces de sécurité ciblaient surtout les militants armés et les kamikazes, elles se concentrent désormais sur les actions contre la guerre en Ukraine.
Depuis février 2022, près de 20 000 arrestations ont eu lieu lors de manifestations antiguerres en Russie, selon l’ONG russe OVD-info [52].
La moitié des attentats terroristes déjoués en 2022 prenaient la précaution de ne pas menacer la vie des gens : des saboteurs ont attaqué des bâtiments gouvernementaux locaux et des bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaires (10 cas en 2022) ou tenté de désactiver les voies ferrées sur lesquelles du matériel militaire est transporté au front (3 cas en octobre). Les accusés risquent jusqu’à 20 ans de prison.
Selon le FSB, la moitié des attentats terroristes évités en 2022 incombent aux nationalistes ukrainiens « néo-nazis ».
En 2016, la Douma d’État a abaissé l’âge de la responsabilité pénale à 14 ans pour un certain nombre de crimes dont les émeutes et le terrorisme.
Le 8 décembre 2022, les députés de la Douma d’État ont proposé d’introduire trois nouveaux articles pour renforcer la répression du sabotage dans le Code pénal [53].
La professeure Dinara Gagarina, chercheuse indépendante dans le domaine des humanités numériques a été licenciée de l’Université. Dès le début de l’invasion, elle déclare ouvertement sa position et publie des messages anti-guerre sur les réseaux sociaux. En septembre, des parents d’élèves la dénoncent pour discrédit de l’armée russe [54].
Rosfinmonitoring
Deux anarchistes de 16 et 19 ans, assignés à résidence depuis fin octobre 2022 pour avoir tenté de taguer « Mort au régime », sont ajoutés, le 10 décembre, à la liste des « terroristes et extrémistes » du Service fédéral de surveillance financière de la Fédération de Russie, Rosfinmonitoring. Les forces de sécurité s’intéressent à leur chaîne Telegram résumant les activités partisanes, du début de la guerre à la mobilisation, où l’incendie des bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaires, le sabotage sur les chemins de fer et les actions de l’organisation de combat anarcho-communiste sont mentionnés de manière positive [55]. Du matériel, des dossiers et des accessoires antifascistes sont confisqués aux accusés [56].
Roskomnadzor
Roskomnadzor (Service fédéral de supervision des communications, des technologies de l’information et des médias de masse) exige que l’édition kazakhe de Vlast supprime certaines informations sur la guerre en Ukraine.
« Vlast est une publication kazakhe, ses activités ne sont pas réglementées par les lois russes et les agences de surveillance. La rédaction n’a pas l’intention de supprimer cette nouvelle ou toute autre information sur la guerre en Ukraine et continuera à la couvrir, quelle que soit l’opinion du département russe responsable de la censure militaire à ce sujet. », a déclaré la rédaction [57].
Roskomnadzor restreint l’accès au site Web du magazine de mode LʼOfficiel « en raison de la diffusion sur le site Web de fausses informations sur l’opération militaire spéciale menée par les forces armées russes sur le territoire de l’Ukraine, les méthodes de conduite des opérations de combat, les bombardements et les pertes parmi les populations civiles [58]. »
Sur le front
Un soldat russe mobilisé en septembre 2022 et envoyé en première ligne dans la région de Louhansk, en Ukraine, a refusé de combattre. Il a été battu et jeté dans un puits à sec où il a été menacé d’être enterré vivant afin qu’il avoue des contacts avec la presse à propos des réfractaires [59].
Milice Wagner
Yevgeny Nuzhin, ancien prisonnier accusé de désertion de la milice Wagner, a été exécuté avec un marteau. Andrey Medvedev, son ancien commandant, déclare à The Insider [60] qu’il connaît une dizaine de cas de mercenaires qui refusaient de se battre et ont été exécutés. Il dit en avoir été témoin plusieurs fois et détenir deux vidéos qui seraient publiées s’il lui arrivait quelque chose. Il est en effet traqué maintenant par Wagner. Il affirme que les mercenaires recrutés par la milice ne reçoivent pas de salaire. Leurs proches ne touchent pas les indemnités promises en cas de décès [61].
Viktor Sevalnev était prisonnier avec son fils Oleg. Celui-ci est recruté par Wagner et tué au combat. Son père, qui avait combattu en Tchétchénie, s’engage à son tour. Il commande la 7ème compagnie de fusiliers motorisés de la milice populaire de la prétendue République populaire de Louhansk. De nombreux membres de son unité sont tués et le reste se disperse. Viktor Sevalnev appelle sa femme Lilia le 20 novembre 2022 et lui dit qu’il allait être emmené d’un hôpital, où il se remet de blessures au combat, et être fusillé pour la désertion de ses soldats. « N’envoyez pas de gens ici, ça suffit. Ils veulent tuer tout le monde », conclut-il. Le 25 novembre, le ministère de la Défense prévient sa femme de son décès des suites de blessures par des éclats d’obus et d’un coup puissant à la tête qui a fracturé le crâne. Evgeny Prigojine, fondateur de Wagner, nie l’appartenance de Sevalnev à sa milice.
La militante des droits de l’homme Olga Romanova a déclaré au projet médiatique We Can Explain (Mozhem Obyasnit) [62] qu’elle était personnellement au courant de 40 cas d’exécutions de condamnés recrutés par Wagner [63].
Le Centre ukrainien de recherche et de lutte contre les menaces hybrides a découvert sur les réseaux sociaux et vérifié plus de deux cents lettres signées par Andrei Troshev, l’un des dirigeants de Wagner, présentant des condoléances aux familles de mercenaires de Prigojin recrutés dans les colonies pénitentiaires russes. À la mi-octobre 2022, plus de 500 prisonniers au total avaient été tués au combat. Les lettres sont accompagnées d’une médaille d’honneur posthume. Les documents sont numérotés avec précision, ce qui aide à estimer leur quantité qui représente environ le quart des anciens prisonniers sur le front [64].
Je veux vivre
Du 18 septembre au 7 décembre 2022, plus de 4 000 appels ont été adressés à Je veux vivre, la plate-forme ukrainienne qui facilite la reddition volontaire des soldats russes. Ils émanent des soldats eux-mêmes ou de leurs proches, parfois pour simple information. 40 000 personnes sont abonnées à la chaîne Telegram. Selon le porte-parole, la plupart des postulants ne veulent pas de sang sur les mains. Il dit aussi que des journalistes et la Croix-Rouge visitent régulièrement les prisonniers [65].
L’état-major général des forces armées ukrainiennes diffuse à l’intention des soldats russes une vidéo sur la manière de se rendre à un drone [66]. Après s’être inscrits sur le site Je veux vivre, les réfractaires recevront les coordonnées et l’heure d’arrivée du drone qu’ils suivront jusqu’au point de rencontre avec l’armée ukrainienne [67].
Conscription d’automne
Le 1er novembre 2022, la conscription d’automne a commencé en Russie. Oksana Paramonova, responsable des Mères de soldats de Saint-Pétersbourg, et d’autres défenseurs des Droits de l’Homme expliquent que si, au début décembre, les bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaires se rendent compte qu’ils ne font pas face au plan, ils organisent des raids pour recruter des jeunes hommes illégalement. Ils violent les procédures de visite médicale et la qualification des médecins, falsifient ou suppriment des diagnostics. Ils refusent l’accès aux dossiers personnels et les Mères de soldats reçoivent environ 15 % de plainte à ce sujet. Les maladies ne sont pas considérées de la même manière pour les conscrits et les mobilisés. L’ajournement du service militaire est abusivement rejeté. Ces illégalités et les intimidations et menaces de procédures pénales sont répétées chaque année. Souvent, un conscrit reçoit plusieurs convocations en même temps : à la commission médicale et de recrutement et pour être envoyé immédiatement dans une unité militaire.
Selon Sergey Semushin, avocat et coprésident de l’organisation de défense des Droits de l’Homme basée à Volgograd pour les parents de militaires, Droits des Mères, « Il est presque impossible de protéger les droits d’un conscrit en raison des larges pouvoirs de la commission de conscription. »
Le service civil alternatif est garanti par la Constitution. Son refus est estimé par Oksana Paramonova à généralement 40 à 45 % du nombre total des violations, mais à moins dans les régions, pas plus de 25 %, selon les Droits des Mères de Volgograd.
Selon Alexander Gorbatchev, un avocat spécialisé dans les relations civilo-militaires de Saint-Pétersbourg, lors de la conscription de printemps, il y a eu plus de demandes de service civil de remplacement que les années précédentes et plus d’appels contre leurs refus. Presque toutes les affaires ont été portées devant les tribunaux. Il précise : « S’il est possible de gagner des procès, ce n’est que pour des raisons techniques : par exemple, la composition incomplète de la commission ou si le demandeur n’a pas été entendu [68]. »
Dans la région de Moscou, les étudiants des universités et des collèges sont envoyés en camp d’entraînement militaire. Des parents s’inquiètent et des étudiants refusent d’y aller malgré la menace de ne pas pouvoir poursuivre leurs études. Ils craignent qu’après la formation, ils soient envoyés en Ukraine. Ils pourraient être soumis aux mêmes pressions et menaces que les ouvriers du bâtiment d’autres villes, qui ont été détenus au centre de formation où les forces de sécurité ont confisqué leurs passeports et les ont contraints à signer un engagement militaire [69].
Résistances
Fondation Yakoutie libre
Deux mois plus tard, Raisa Zubareva, de la Fondation Yakoutie libre, revient dans une interview sur la mobilisation de septembre 2022.
À Iakoutsk, en Sibérie, le 21 septembre, quatorze ou quinze femmes demandent spontanément de ne pas leur enlever leurs hommes, puis forment une ronde autour des policiers en scandant « Non à la guerre, non au génocide ! » [70]. Elles s’unissent dans une danse nationale de paix et de renaissance de la vie qui est exécutée traditionnellement au printemps après un long hiver. Le 25, elles sont 500 et 50 d’entre elles sont arrêtées et condamnées à une amende. Une semaine plus tard, à l’appel de la Fondation Yakoutie libre, elles sont 1 500 selon la police [71]. Malgré les arrestations, les autorités tentent de faire passer la manifestation pour un soutien à la mobilisation. Raisa Zubareva commente :
« La protestation des femmes est toujours pacifique, mais cela la rend encore plus significative. Il est impossible de s’en débarrasser. C’est même en quelque sorte stupide pour les hommes de sortir pour une manifestation pacifique, c’est pourquoi nous n’avons pas invité les hommes. Les épouses, les sœurs, les filles et les mères ont été appelées. Je ne peux pas dire que les hommes de Yakoutie soient faibles et lâches. C’est juste qu’une femme se tient toujours debout, s’est levée et se tiendra debout pour protéger sa famille, elle est plus active, plus énergique, elle porte une grande responsabilité pour sa famille et pour les enfants. Oui, et il est impossible de ne pas sortir quand les pères et les frères sont emmenés. [...]
Plus de cinq mille personnes sont parties pour le seul Kazakhstan, trois mille autres habitants de Yakoutie ont déménagé en Mongolie et au Kirghizistan. […] Et je suis vraiment désolé que la Yakoutie perde les forts et les courageux Alena Aleshina, [72]. »
Résistance féministe anti-guerre
Beaucoup ont été surpris lorsque les féministes ont créé l’une des premières organisations en Russie contre la guerre en Ukraine et que les femmes ont commencé à s’unir en utilisant les réseaux existants. Selon une activiste de la Résistance féministe anti-guerre (FAS en russe) [73], cela s’est avéré possible parce que les autres forces politiques, tant le gouvernement que l’opposition, ont sous-estimé les féministes et n’ont pas pris leur travail au sérieux. Il existe des cellules et des militants de son mouvement dans plus de 92 villes de Russie et dans plus de 30 pays étrangers [74]. La militante explicite les objectifs et les méthodes de la FAS : « Les mouvements anti-guerre n’arrêtent pas les guerres. Le plus souvent, les guerres s’arrêtent parce que les ressources d’un camp sont épuisées, et non parce que quelqu’un a réussi un geste collectif anti-guerre particulièrement marquant. Mais le mouvement anti-guerre peut participer à l’épuisement de ces ressources : en faisant obstacle à la propagande, en soulevant des grèves, en sabotant le travail pour l’État. La campagne anti-guerre peut également accroître le degré de mécontentement de la population à l’égard de la guerre et faire en sorte qu’il soit de plus en plus difficile pour l’État de compter sur les ressources du soutien populaire. […]
De nombreuses personnes soutiennent le régime actuel, mais il est important de comprendre que la Russie n’a jamais connu d’élections démocratiques ni tout simplement honnêtes et qu’elle dispose aujourd’hui de lois de censure militaire qui menacent d’amende, de perquisition, de perte d’emploi, mais aussi de torture et d’emprisonnement dans des conditions sévères toute personne qui exprime ouvertement sa position. Et que malgré cela, des milliers de personnes continuent à s’opposer à ce régime en prenant de grands risques. »
Dans une lettre ouverte aux autorités [75], à l’occasion de la Fête des mères, un collectif de mères activistes de la FAS, de mères de soldats mobilisés ou conscrits et de militantes de Vesna déplore la misère qui frappe beaucoup de familles et que « l’opération spéciale » accentue :
« Au lieu de nouveaux jardins d’enfants, de maternités, d’écoles et d’hôpitaux, nous n’obtenons que des discours vides sans fin à la télévision sur notre "succès" et notre "grandeur". […]
Les mères de conscrits et mobilisées sont obligées de frapper de manière humiliante aux seuils des administrations municipales, essayant de ramener leurs fils et maris à la maison. Elles tiennent des piquets, rédigent des appels collectifs, déposent des pétitions, mais personne ne les entend ! […] Notre gouvernement ne prend tout simplement pas les corps mutilés de parents décédés. Ils sont laissés dans un pays étranger et n’appartiennent pas à leurs familles même après leur terrible mort. […]
Les hommes qui retournent à la vie civile portent souvent avec eux de graves traumatismes psychologiques du temps de guerre. Et cela se traduit par une agression incontrôlée envers les plus proches. […] En 2017, par décret présidentiel, l’article sur les coups [domestiques] a été supprimé du Code pénal russe.
L’action militaire est toujours un désastre, peu importe comment elle est officiellement appelée. C’est l’effusion de sang, la violence, l’humiliation de la dignité humaine, la violation des libertés et des droits de l’homme. Nous sommes horrifiées par ce qui se passe. Nous sommes contre la participation de nos fils, frères, maris, pères à cela, nous ne voulons pas nous-mêmes y participer - après tout, parmi les femmes, il y a des médecins passibles du service militaire. […]
De toute évidence, le soutien à une action militaire agressive est incompatible avec la protection de la famille, des femmes et des enfants. […]
Nous exigeons le retrait des troupes du territoire ukrainien, le retour de tous les soldats chez eux, la protection des conscrits contre toute participation aux hostilités, l’adoption d’une loi sur la prévention de la violence domestique, un soutien matériel digne de l’enfance et de la maternité ! »
Une pétition sur les mêmes revendications a reçu 77 756 signatures dont 30 000 le premier jour [76].
La cellule française de la Résistance féministe anti-guerre a organisé une action devant les bureaux d’Eutelsat, qui, malgré la guerre et le soutien français à l’Ukraine, continue de coopérer avec la Russie en fournissant ses satellites pour les chaînes du groupe Tricolor et NTV+. Ces entreprises diffusent de la propagande non seulement sur le territoire de la Fédération de Russie, mais également sur les territoires occupés de l’Ukraine [77].
Avec la Mairie de Paris et Russie Libertés, la Résistance féministe anti-guerre prépare une exposition qui aura lieu en janvier 2023. Elle sera consacrée aux femmes russes qui ont souffert pour leur position anti-guerre : beaucoup des héroïnes de l’exposition sont ou ont été en prison ou en résidence surveillée : des journalistes, des militantes des Droits de l’Homme, des enseignantes - toutes sortes de femmes de toute la Russie. Parmi les héroïnes, il y a celles qui ne sont plus en vie. Des artistes russes ont peint des portraits de ces femmes. De nombreuses femmes artistes ont également été persécutées [78].
La Résistance féministe anti-guerre distribue dans les boîtes à lettres le journal Zhenskaya Pravda (La Vérité des femmes) [79] destiné « aux mères et aux grands-mères » qui ne reçoivent que des informations déformées de la télévision et des journaux d’État. Il parle notamment des conséquences de la guerre sur la vie quotidienne en Russie et des Ukrainiens qui vivent sous les bombardements.
Fonds anti-guerre
« Nous sommes membres du mouvement anti-guerre russe. Certains d’entre vous nous connaissent peut-être déjà sous le nom d’"Antivoenny bolnichny" (congé de maladie anti-guerre) et de "Résistance féministe anti-guerre". Nous ne sommes pas des médias de masse, ni des politologues, ni une cellule de parti. Nous ne sommes que des gens de différentes villes de Russie qui protestent en permanence contre la guerre en Ukraine et le régime autoritaire en Russie sous diverses formes. […]
Dès le début de la guerre, nous avons promu l’idée de grèves, d’arrêts de travail (pour ne pas servir l’État) et de sabotages légers. Si les travailleurs de l’industrie militaire, des transports, des usines de vêtements ont la possibilité d’arrêter d’approvisionner la guerre, le gouvernement manquera rapidement de ressources pour la poursuivre. Les mouvements citoyens de base provoquent un ralentissement économique, qui peut épuiser la machine de guerre beaucoup plus efficacement que les sanctions extérieures. […] Nous créons un fonds pour les besoins du mouvement anti-guerre – principalement pour soutenir ceux qui sont prêts à faire la grève. […] Si vous n’avez que quelques dollars de réserve à donner, vous devriez les donner au peuple ukrainien et à tous ceux qui ont souffert – et qui continuent de souffrir – de l’agression russe. Mais si vous avez des restes et que vous souhaitez soutenir notre résistance, nous vous promettons de ne pas gaspiller votre argent. […] Et rien de tout cela n’ira dans nos poches - ces poches sont pleines de tracts, d’autocollants et de pots de peinture. […] Nous allons répartir l’argent entre ceux qui en ont besoin : pour l’impression de tracts, la nourriture pendant la grève et le soutien à ceux qui se font virer pour avoir manifesté ouvertement.
Paix pour l’Ukraine, liberté pour la Russie ! [80] »
En arrière la musique !
Un tribunal de Saint-Pétersbourg inflige une amende de 45 000 roubles au rappeur Oksimiron (Miron Fedorov) pour avoir « discrédité » les forces armées russes [81].
Le jour de l’invasion de l’Ukraine, le rappeur communique sur ses réseaux sociaux la raison pour laquelle il annule tous ses concerts en Russie :
« Aujourd’hui, je ne me contenterai pas de dire que je suis pour la paix et contre la guerre, car en paroles tout le monde est toujours pour la paix et contre la guerre, mais cela ne nous empêche pas de mener des guerres d’agression. Je tiens à dire que je suis spécifiquement contre la guerre que la Russie déclenche en ce moment contre le peuple ukrainien. Je pense que c’est une catastrophe et un crime. […]
Lorsque l’Amérique a lancé une guerre criminelle au Vietnam, qu’elle a justifiée par une agression communiste, un puissant mouvement anti-guerre a été créé en Amérique qui a uni des personnes aux opinions complètement différentes, de Muhammad Ali à Bob Dylan. […] Nous avons besoin d’un tel mouvement maintenant, d’autant plus que nous parlons d’un peuple aussi proche que possible de nous. […]
Je ne peux pas vous divertir pendant que des missiles russes tombent sur l’Ukraine, pendant que les habitants de Kiev sont obligés de se cacher dans des sous-sols et des métros, et pendant que des gens meurent [82]. »
Oksimiron a joué ensuite, à l’étranger, des concerts en faveur des réfugiés ukrainiens [83].
Des musiciens et des groupes figurent sur une liste informelle d’artistes interdits pour leur position antiguerre [84].
Entre le 5 et le 11 décembre 2022, les autorités russes ont bloqué 14 800 nouveaux sites Internet, selon l’ONG Roskomsvoboda. La majorité des blocages de ce mois ont été le résultat de décisions de justice. En 2022, le censeur fédéral russe, Roskomnadzor, a bloqué en moyenne 4 900 sites Web par semaine [85].
Menace d’extradition du Kazakhstan vers la Russie
Le major Mikhail Zhilin du Service fédéral de sécurité russe franchit illégalement la frontière kazakhe cinq jours après l’annonce de la mobilisation. Il est condamné à six mois de prison avec sursis, avec expulsion du Kazakhstan. En partance pour Erevan, il est arrêté à l’aéroport car la Russie l’a inscrit sur la liste internationale des personnes recherchées. Il tente d’obtenir le statut de réfugié ou au moins le droit de se rendre dans un pays tiers. Son cas est examiné par un tribunal spécialisé. En cas d’extradition, sa désertion pourrait lui valoir quinze ans de prison en Russie [86].
La guerre et les enfants
Pour écrire Les contes de Léningrad, Yulia Yakovleva a étudié de nombreux témoignages et documents de la période de la Grande Guerre patriotique. Elle explique « L’expression "Nous avons gagné" signifie une chose : "Nous avons tué beaucoup de gens, beaucoup ont été blessés. Il y a des gens qui ont perdu des enfants et des enfants qui ont perdu leurs parents." C’est pourquoi il est possible de ne parler de la guerre que dans cette perspective. ».
Meduza publie un article « Comment élever un enfant dans un pays autoritaire qui a déclenché une guerre et répondre à ses questions inévitables ? ». On y explique comment protéger ses enfants et leur apprendre à se protéger tout en continuant à exprimer leurs convictions et leurs émotions hors de chez eux et sur les réseaux sociaux.
L’auteure Yulia Yakovleva raconte : « J’ai vécu une expérience complètement effrayante quand, au milieu d’une conversation, un petit garçon a commencé à me chuchoter : "Que s’est-il passé à Boutcha ? Dites-moi, sinon personne ne dit rien." ».
Dénoncé par le père d’un de ses camarades de classe, un élève a été convoqué par la police avec ses parents à cause du slogan « Gloire à l’Ukraine » dans une conversation scolaire [87].
Un directeur d’école a dénoncé au ministère de l’Intérieur une élève de dix ans pour des fleurs jaune-bleu sur sa photo de profil. La police est venue chercher la fillette dans son école et l’a emmenée au ministère de l’Intérieur. L’enfant et sa mère ont été interrogées pendant trois heures puis leur logement, leur téléphone et leur ordinateur ont été fouillés [88].
Ilia Iachine, opposant non-violent lourdement condamné
Ilia Iachine est un député municipal moscovite, membre, depuis 2014, de l’opposition à la guerre contre l’Ukraine. Il est proche d’Alexeï Navalny ainsi que de Boris Nemtsov. Ce dernier proclame que l’annexion de la Crimée est illégale et organise plusieurs marches pacifiques en soutien à Kiev [89]. Lorsqu’il est assassiné, Iachine achève son rapport sur les crimes de guerre dans le Donbass, Poutine et la guerre, téléchargeable en français [90]. De Nemtsov, l’introduction du livre dit « Il était persuadé qu’essayer d’arrêter la guerre, là était le vrai patriotisme, et que la guerre avec l’Ukraine était un crime lâche et cynique, que notre pays payait avec le sang de ses citoyens, en plus d’une crise économique et d’un isolement politique. »
Une des vidéos d’Ilia Iachine, vue 1,4 millions de fois, cite un article du New York Times à propos des exactions commises à Boutcha [91]. Bien qu’il ait mentionné qu’un représentant du ministère de la Défense russe assure que les cadavres des Ukrainiens gisant dans les rues de la ville n’étaient pas des vrais et que les photos étaient truquées, le député est accusé de « discréditer l’armée ».
Le 8 août 2022, le tribunal municipal de Moscou ordonne son maintien en maison d’arrêt, durant son procès. La procureure avait exigé que l’audience se déroule à huis clos pour empêcher Iachine de populariser ses opinions contre la guerre.
Par l’intermédiaire de ses avocats, il répond à des questions du Monde [92] :
Sur son refus de l’exil :
« Les autorités russes préfèrent voir les opposants politiques à l’étranger plutôt qu’en prison. [… Le Kremlin] table sur le fait que l’émigration des opposants entraîne leur décrédibilisation, signale leur échec politique. […] Poutine veut montrer au public que les opposants n’ont pas d’idéologie, mais sont juste des agents occidentaux et des marionnettes s’enfuyant vers leurs "maîtres", abandonnant leur patrie au premier danger. […] Être un opposant public à Poutine en restant en Russie reste dangereux. Je ne condamne pas ceux qui ont choisi d’émigrer. »
Sur la violence :
« Le recours à la violence aurait été une erreur colossale pour l’opposition. […] Si nous étions tombés dans ce piège, l’opposition aurait été discréditée aux yeux de la population. Cela nous aurait privés de notre supériorité morale sur les autorités, qui n’hésitent pas à utiliser la violence. En outre, cela aurait échoué, car la machine répressive de Poutine est puissante et prête à noyer toute protestation dans le sang. [… Les Ukrainiens bénéficient d’un large soutien international.] Sur quoi pourraient compter les dissidents en Russie s’ils osaient résister physiquement ? Pour atteindre ses objectifs, Poutine n’épargne pas les vies des Ukrainiens. Pensez-vous qu’il épargnerait ses concitoyens et ne donnerait pas l’ordre de tirer ? Je suis convaincu qu’il n’y a pas d’alternative à la résistance non violente en Russie. Les gens doivent comprendre que, contrairement au gouvernement actuel, nous sommes une force pacifique, nous préservons les vies humaines et essayons d’éviter la guerre civile. Une résistance ferme n’est pas forcément synonyme de violence. »
Sur la responsabilité occidentale :
« Poutine ne croit pas aux valeurs démocratiques. Il incarne le cynisme. Il est convaincu que tout problème sur la scène mondiale peut être résolu, tout dépend du prix. Les exemples abondent, dans son esprit, de dirigeants occidentaux fermant les yeux sur les violations flagrantes des droits de l’homme dans les pays arabes s’ils reçoivent une offre lucrative de pétrole. Donc si les Arabes peuvent le faire, pourquoi pas les Russes ?
Le Kremlin a corrompu un certain nombre de politiciens occidentaux. Certains d’entre eux ont reçu de l’argent de structures russes pour leurs campagnes électorales. Certains ont été aidés à discréditer leurs rivaux à l’aide de preuves compromettantes recueillies par les services spéciaux de Poutine. D’autres ont servi les intérêts de Poutine et ont reçu en échange un siège au conseil d’administration d’une grande entreprise publique. […]
L’avenir de notre pays est uniquement entre nos mains. Ni l’Occident, ni l’Orient, ni personne d’autre ne peut nous sauver. Nous devons sortir de l’ornière autoritaire par nous-mêmes, en comprenant enfin que c’est une voie sans issue. »
Le 5 décembre 2022, à la fin de son procès, le Procureur commet un lapsus dans son réquisitoire en évoquant sa position « antisoviétique ». Il requiert neuf ans de prison. L’accusé réagit : « J’ai rencontré en prison un homme condamné à huit ans ferme pour meurtre. Il a tué quelqu’un avec un couteau et ne regrette rien. » Il intervient une dernière fois : « Tant que je resterai en vie, je ne me soumettrai jamais. Je continuerai de dire la vérité, même derrière les barreaux. », puis, citant Gorki : « Il vaut mieux passer dix ans en prison que de mourir de la honte de tout ce qui est fait en notre nom [93]. »
Le 9 décembre, grâce à sa préparation morale qu’il avait évoquée dans sa réponse au Monde, il accueille sa condamnation avec le sourire : « Huit ans et six mois de prison dans une colonie pénitentiaire... Les auteurs de ce verdict sont optimistes quant aux perspectives de Vladimir Poutine. À mon avis, trop optimiste. » Poutine, interrogé sur le verdict feint l’ignorance : « Qui est-ce ? Un blogueur ? ».
C’est, à ce jour, la peine la plus sévère pour « discrédit de l’armée ». Jusqu’à cette date, 122 personnes ont été mises en accusation pour ce délit dont quinze ont été jugées et condamnées à des peines très variables [94]. Deux autres opposants notoires attendent leur jugement. L’un, Vladimir Kara-Mourza, inculpé du même délit mais aussi de haute trahison, et victime de deux tentatives d’empoisonnement, a reçu du Conseil de l’Europe le prix Vaclav Havel des Droits de l’Homme. L’autre, Evgueni Roïzman, a dénoncé « l’invasion de l’Ukraine » [95].
On n’arrête pas le printemps !
Dans plusieurs langues slaves, le printemps est traduit par vesna ou viasna. Ce nom est aussi celui choisi par des organisations de défense des Droits de l’Homme.
Russie
Dès 2014 et à nouveau en 2022, les militants russes du Mouvement démocratique de la jeunesse Vesna expriment leur soutien au « peuple frère » ukrainien. Le jour même de la mobilisation de septembre 2022, Vesna incite à manifester et proclame : « Nous appelons les militaires russes dans les unités de combat et en première ligne à refuser de participer à "l’opération spéciale" et à se rendre dès que possible. » Les militants accrochent des inscriptions pour désigner les maisons, les écoles, les terrains de jeux et les hôpitaux comme objectifs militaires, afin d’attirer l’attention sur le bombardement d’installations et d’infrastructures civiles en Ukraine par l’armée russe.
Vesna est ajouté à la liste des terroristes et des extrémistes car l’organisation « crée les conditions d’une déstabilisation de la situation sociale et sociopolitique en Russie » et « façonne l’opinion publique sur la nécessité d’un changement de pouvoir en Fédération de Russie. »
"Le tribunal a reconnu Vesna comme une organisation extrémiste. Nous continuerons à travailler quoi qu’il arrive."
Le 6 décembre 2022, le tribunal municipal de Saint-Pétersbourg interdit le mouvement qui vise à « porter atteinte à la sécurité publique et aux fondements de l’ordre constitutionnel. »
Vesna réplique sur Telegram : « Nous avons agi et continuerons d’agir dans le cadre de la Convention européenne des droits de l’homme, en considérant toujours les citoyens et leur bien-être comme l’objectif principal. Nous poursuivrons notre travail en Russie et à l’étranger. Rien ne nous arrêtera sur le chemin de notre objectif - mettre fin à la guerre criminelle et aux effusions de sang insensées et sauver autant de vies que possible des deux côtés du front.
Parlez, agitez, résistez, aidez vos amis et votre famille à rester à l’écart du front - ou à en revenir. C’est notre devoir civique [96]. »
Biélorussie
La répression biélorusse entrave la résistance du réseau des exilés. Le centre biélorusse de défense des Droits de l’Homme, Viasna, est désormais basé en Lituanie. Son fondateur, Ales Bialiatski, est emprisonné depuis 2021. Le10 décembre 2022, il est donc empêché de recevoir le prix Nobel de la paix dont il est colauréat avec le Centre ukrainien pour les libertés civiles et l’ONG russe Memorial [97].
Refuser le droit à l’objection de conscience en temps de guerre, c’est comme reconnaître le droit à l’IVG à condition de ne pas être enceinte
Le 30 novembre 2022, un tribunal annule la mobilisation militaire à la frontière ukrainienne d’un objecteur de conscience. Pourtant, dans les premiers jours de décembre, Kirill Berezin, un objecteur chrétien est sur le point d’être envoyé au front. Il est le seul soutien de sa grand-mère qui n’est pas autonome. Il a fait de nombreuses vaines démarches auprès de tribunaux et d’autres organismes. Il est menacé de représailles pas ses collègues et par son commandant qui lui promet de le tuer et de l’enterrer pour qu’il ne soit jamais retrouvé. Après une tentative de suicide, il se présente à nouveau devant un tribunal qui confirme que les mobilisés n’ont pas le droit d’effectuer un service civil pourtant garanti par la constitution [98]. Refuser le droit à l’objection de conscience en temps de guerre, n’est-ce pas comme reconnaître le droit à l’IVG à condition de ne pas être enceinte ?
Révolte et changement de camp de soldats russes
Visegrad 24, un réseau d’Europe de l’Est, diffuse une brève vidéo où des dizaines de soldats russes quittent une base militaire à Kazan puis refluent précipitamment sans qu’on ne voie la menace qui semble peser sur eux. Il s’agirait de recrues qui en ont assez d’être maltraitées et de disposer d’un équipement militaire déplorable et auraient décidé de rentrer chez elles [99].
Des déserteurs russes combattent maintenant aux côtés des troupes ukrainiennes, dans la légion « Liberté de la Russie ». Opposés au despotisme de Poutine ou choqués par les exactions des troupes russes, ils sont cinq cents à avoir changé de camp. Pour éviter les agents infiltrés, ils sont soumis à des tests avant leur incorporation. Certains s’expriment devant des journalistes : « Je combats non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour la liberté du peuple russe. En faisant ça, je suis un patriote, je ne suis pas un sbire de Poutine », témoigne l’un d’eux [100].
Discrédit de l’armée
La journaliste et libertaire Nailya Mullaeva a été arrêtée pendant six jours et condamnée à une amende de 30 000 roubles pour avoir « discrédité l’armée ». Elle avait participé, en tant que journaliste, à une manifestation antiguerre [101].
Wagner
Le groupe Wagner a maintenant pignon sur rue. Il a inauguré son quartier général à Saint-Pétersbourg [102]. Des prisonniers russes recrutés par sa milice privée combattent en Ukraine avec la promesse d’une libération anticipée. Le site russe en exil Meduza prodigue des conseils à leurs proches pour tenter d’obtenir leur retour [103]. Mediazona, citant des statistiques du Service pénitentiaire fédéral, rapporte qu’en septembre et octobre 2022 seulement, le nombre de prisonniers dans les colonies pénitentiaires pour hommes en Russie a diminué de 23 000 personnes [104].
Yandex
Société de droit russe dont le siège est aux Pays-Bas, Yandex mène de nombreuses activités comme les livraisons de repas, les réservations de taxis, les voitures autonomes, l’apprentissage automatique, les drones, les jeux vidéo, la cartographie, la messagerie électronique, les paiements en ligne, la télémédecine, les smartphones mais les principales sont son populaire moteur de recherche et son navigateur Internet.
Dès les premiers jours de l’invasion, la valorisation de l’entreprise est divisée par près de cinq. Un ancien responsable de la partie actualité de Yandex qui vit en Allemagne appelle ses ex-collègues à démissionner. La censure légale frappant l’entreprise avait déjà suscité des démissions. Une responsable d’équipe, qui vit à Londres, adresse une lettre ouverte : « Puisque Yandex n’affiche pas sur sa page d’accueil le fait que les troupes russes bombardent les villes ukrainiennes et tuent des civils, veuillez me renvoyer. Je pense que les actions de l’entreprise constituent des crimes et qu’elle se rend complice de la guerre [105]. »
Plusieurs des dirigeants démissionnent. Ils étaient visés par des sanctions de l’Union européenne qui reprochent au moteur de recherche de dissimuler des informations sur la guerre et d’effacer sur les cartes les frontières russo-ukrainiennes [106]. En mai 2022, trois à cinq mille des dix-huit mille salariés de Yandex auraient émigré [107].
En fin novembre 2022, Yandex s’apprête à vendre le moteur de recherche et le navigateur et à expatrier ses autres branches. C’est le seul moyen pour que « la plus grande réussite technologique de Russie » échappe aux « conséquences désastreuses de la guerre de Poutine en Ukraine, qui a poussé plusieurs milliers d’employés de Yandex à fuir le pays », estime le Financial Times cité par Courrier International [108].
Alexey Suhorukov, co-fondateur de l’agence spécialisée en recrutement d’informaticiens IT-Academy, estime, en août 2022, que 100 000 à 150 000 informaticiens ont quitté la Russie après le 24 février. Beaucoup l’ont fait par refus de complicité avec le régime et par crainte de l’enrôlement militaire. L’un d’eux témoigne : « Je refuse d’être partie prenante d’une société qui soutient la guerre ou même reste silencieuse devant son déclenchement [109]. »
Musiciennes sanctionnées
Le mouvement Résistance féministe antiguerre a diffusé sur Telegram une maquette prête à l’impression de tracts opposés à la guerre, au format des étiquettes de magasins auxquelles ils devaient être substitués. Malgré les consignes de sécurité du mouvement, la musicienne Alexandra Skotchilenko a été dénoncée par une cliente qui ne pouvait « supporter de lire de tels mensonges. » La militante est emprisonnée depuis avril et risque dix ans d’incarcération en raison d’un article du Code pénal qui sanctionne la « diffusion publique d’informations délibérément fausses sur l’armée russe » et qui a déjà été utilisé près de deux cents fois depuis mars. A. Skotchilenko est malade et Amnesty international la soutient [110] et publie une pétition en sa faveur disponible ici.
Il est interdit à une autre musicienne Anna Chagina d’utiliser le courrier et Internet, de quitter sa maison de 22 h 00 à 06 h 00 et d’assister à des événements de masse. Chagina a publié plusieurs fois des publications anti-guerre sur sa page VKontakte. Il y a deux mois, son compte a été bloqué à la demande du parquet général [111]. Andrei Adarin est arrêté pour le même motif [112].
Endoctrinement militaire
Depuis le début du conflit, l’endoctrinement obligatoire, patriotique et militaire dans les écoles est croissant [113]. En Bouriatie, les militaires blessés en Ukraine seront employés comme enseignants dans les écoles locales. Le chef de la région annonce : « Ils y enseigneront la formation militaire de base, qui est désormais pertinente et est introduite dans toutes les écoles. », « Ils recevront des connaissances, des compétences, une autorisation appropriée pour travailler avec des enfants et, avec l’expérience du combat, ils travailleront dans des écoles. » Les militaires gravement blessés, « sans bras ni jambe » pourront travailler dans les bureaux d’enrôlement militaire et comme instructeurs dans les unités militaires [114].
Un tribunal reconnaît les droits d’un objecteur
Pavel Chikov, responsable du groupe de défense des Droits de l’Homme Agora, annonce que la conscription de Pavel Mushumansky est reconnue illégale par un tribunal.
Pavel Mushumansky effectuait un service civil alternatif au service militaire. Il a été mobilisé, envoyé dans un camp d’entraînement puis à la frontière ukrainienne. Il a refusé de prendre les armes pour tuer des gens. Son chef d’état-major l’a menacé de mort. Il s’est enfui. Pavel Chikov, responsable du groupe de défense des Droits de l’Homme Agora, annonce que sa conscription est reconnue illégale par un tribunal [115].
Wagner
Sur les réseaux sociaux, en particulier TikTok, on continue à trouver des vidéos montrant des exécutions à coups de masse commises sur des déserteurs de la milice russe Wagner en Ukraine et en Syrie. Ces séquences sont précédées de menaces : « Mes amis me demandent ce que je ferais si l’armée ukrainienne avance d’un mètre en Russie [116]. »
Condamnations, censure, bourrage de crâne… et résistance
Détentions pour refus du combat
Le média Astra publie la liste et parfois des photos de dix sous-sol, maison abandonnée et autres lieux de détention de soldats russes qui refusent le combat. Un de ces endroits dans la région de Louhansk aurait abrité environ trois cents détenus [117].
Condamnation pour discrédit de l’armée
En 2015, la journaliste russe Irina Slavina fonde le média en ligne indépendant Koza.Press. Ses articles sur les fraudes, les corruptions, l’écologie etc. lui valent du harcèlement et une dizaine de condamnations à des amendes pour différents motifs. À propos d’une ville qui avait inauguré une plaque en l’honneur de Staline, elle écrit un jeu de mot équivalent à « Dupontville » transformé en « Duconville ». Pour manque de respect envers les autorités et la société, elle écope alors d’une amende de 70 000 roubles [118].
Le 2 octobre 2020, douze hommes armés perquisitionnent son appartement dans une enquête visant l’opposition à Vladimir Poutine. Le même jour, elle s’immole par le feu devant le quartier général de la Préfecture de police de Nijni Novgorod après avoir posté sur son compte Facebook : « Je vous demande de rendre la Fédération de Russie responsable de ma mort. »
Sa fille, Margarita Murakhtaev, est condamnée, en novembre 2022, à une amende de 30 000 roubles pour avoir « discrédité » l’armée russe en portant, seule sur le lieu de l’auto-immolation de la journaliste, une pancarte proclamant « Ma mère aurait dit : "Poutine, va au diable avec ta guerre", mais Poutine l’a tuée avant [119]. »
Condamnation pour préparation d’une manifestation anti-guerre
Un tribunal de Kazan condamne un militant local à un an de restriction de liberté pour avoir diffusé des informations faisant état des préparatifs d’un rassemblement contre la guerre [120].
Condamnations pour incendie d’un bureau d’enrôlement militaire
Un tribunal municipal de Cherepovets a condamné deux mineurs à un an et six mois de prison avec sursis pour avoir mis le feu à un bureau d’enregistrement et d’enrôlement militaire [121]. Selon le service de presse unifié des tribunaux de la région de Vologda, les condamnés auraient été recrutés pour cinq mille dollars par un inconnu à qui ils ont transmis la vidéo de leur action.
Les Russes contre la guerre
Au Luxembourg, l’association Les Russes contre la guerre est créée peu après l’invasion. Un des cofondateurs fustige l’hypocrisie des grandes puissances : « C’est inadmissible de les entendre exiger des Russes qu’ils se soulèvent contre le pouvoir : ce n’est pas le peuple russe qui a alimenté la corruption des élites. Et ce sont des pays comme la France ou l’Allemagne par exemple qui ont fourni des systèmes de surveillance du peuple russe ou des composants de missiles, et ce, même après l’invasion de la Crimée [122]. »
Cette association est visée, en Russie, par la Commission de la Douma d’État chargée d’enquêter sur les faits d’ingérence d’États étrangers dans les affaires intérieures russes, commission qui propose de reconnaître le travail de trente organisations étrangères de seize pays « hostiles » comme « indésirables » et extrémistes. « Toutes ces structures sont contrôlées par les gouvernements des pays de l’OTAN et visent à saper notre pays de l’intérieur », déclare le chef de la commission. Elles « se sont spécialisées dans la provocation d’émeutes et de séparatisme en Russie, l’ingérence dans les élections et la promotion de la drogue, l’implication d’adolescents dans des activités destructrices, l’utilisation de diverses technologies pour discréditer la Russie, et depuis février de cette année, elles ont été activement impliquées dans des actions antirusses dans le cadre de l’opération militaire spéciale en Ukraine. »
Affiche d’Alisa Gorshenia
Présent dans plus de quarante pays, Project Ark est frappé par la même mesure. C’est un groupe de soutien pour les Russes qui ont quitté le pays à cause de la guerre en Ukraine. Des volontaires offrent des consultations gratuites aux réfugiés qui « dénoncent une agression militaire contre l’Ukraine et ne voient pas d’opportunités pour eux-mêmes de vivre dans la Russie de Poutine [123]. » Lors de la mobilisation de septembre, Ark a reçu plus de trois mille cinq cents appels en trois jours [124].
La résistance artistique a commencé en Russie dès le début de la guerre. Depuis Moscou, l’Oural et la Sibérie, les artistes affirment leur opposition à la guerre en Ukraine. Pour faire entendre leur voix, ils revendiquent la pluralité ethnique de la Russie et emploient différentes stratégies pour diffuser leurs messages. Ils passent par la fabrication de costumes, le détournement de documents officiels, les piquets silencieux (manifestation à une personne).
Les 26 et 27 novembre 2022, des artistes russes antiguerre de différentes disciplines, en résidence au Centre Les Récollets à Paris, organisent une première version délocalisée du Festival de dramaturgie Lubimovka. Dans l‘exposition « Dis la guerre » [125], présentée par Russie-Libertés, en partenariat avec l’Atelier des Artistes en Exil et Art for Human Rights, figurent notamment des œuvres de Vika Privalova, du mouvement Résistance féministe antiguerre, et des poèmes de sa cofondatrice, Daria Serenko [126].
Des mères pas à la fête
Le 25 novembre 2022, avant-veille du jour russe de la Fête des mères, Poutine reçoit, devant la télévision, des mères et des épouses de soldats. Ceux-ci sont des professionnels et non des mobilisés. Un d’entre eux est mort au combat mais en 2014 dans le Donbass et non lors de la dernière « opération spéciale ». Poutine console sa mère en ces termes : « 30 000 personnes meurent chaque année en Russie dans des accidents sur la route, le chiffre de ceux tués par l’alcool est identique. Votre fils avait bien vécu, sa vie a eu un sens et un but. ». Étant des élues, des fonctionnaires ou des militantes pro-Poutine, ces femmes tiennent toutes des propos favorables au régime et l’entretien se termine en musique.
Les représentantes du Comité des mères de soldats sont exclues de l’invitation. De même, celles du Conseil des mères et épouses, qui avaient manifesté ou posté des vidéos à visage découvert contre les conditions de la mobilisation [127]. C’est un mouvement sans leader. Mais en seulement trois mois, il compte 500 à 600 femmes actives, venues de 85 régions et de 89 villes. « Dans toutes les régions, nous avons des représentantes qui contrôlent la manière dont est réalisée la mobilisation, vérifient s’il y a ou non des violations des droits des mobilisés. Si nécessaire, elles en parlent aux gouverneurs qui corrigent les erreurs », explique Olga Tsukanova, une des porte-parole.
Le jour de la Fête des mères, le site VKontakte du Comité des mères et épouses est bloqué par le bureau du Procureur général [128]. Le comité se plaint aussi d’intimidations [129].
Vingt-sept mobilisés sous-équipés et sans formation subissent pendant 12 heures d’affilée de violents tirs de mortiers. Ils sont commandés par deux mobilisés inexpérimentés. L’un est tué, l’autre, blessé, ordonne le repli. De retour à la base militaire, le commandement leur ordonne de retourner sur la ligne de front et devant leur refus les menace de cour martiale pour désertion. Les épouses de certains des soldats les rejoignent dans une maison abandonnée où ils sont depuis plusieurs jours sans ravitaillement. L’une d’elle s’indigne : « Lorsque nous avons eu le COVID, tous les gymnases et hôpitaux pour enfants ont été transformés en centres COVID dans tout le pays. Alors, voici une question à notre État : où sont les centres médicaux pour les mobilisés ? » Son mari lui a dit : « Je suis prêt à déserter l’armée, je préfère aller en prison qu’au front. » Les femmes demandent au parquet de mettre en place une formation adéquate pour leurs hommes et de leur fournir un équipement décent [130].
Bourrage de crâne
Une enseignante russe se plaint : « Aujourd’hui, je reçois tellement d’e-mails sur des événements militaires et patriotiques de l’administration locale qu’il est littéralement impossible de tous les organiser. S’il y a un concours de rédaction, le sujet porte toujours sur la guerre. […] Tous mes collègues ressentent du dégoût et protestent. »
La censure de plus en plus sévère bloque de nombreux films en particulier si des opposants à la guerre y ont contribué. Le ministère de la Culture favorisera les films qui traiteront, par exemple, de la « dégradation de l’Europe », de « l’altruisme des soldats russes » en Ukraine et de « l’unité de la société autour du soutien de l’armée » [131]. Une loi récente interdit aussi la propagande pour des « relations sexuelles non traditionnelles » qui, selon les auteurs de la proposition de loi, « menacent la croissance démographique et économique du pays [132]. »
Organisation du traité de sécurité collective
Le sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) qui comprend la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Arménie se tient dans la capitale de ce dernier pays le 23 novembre 2022.
Le Biélorusse Alexandre Loukachenko, inféodé au Kremlin, est inquiet de perdre son soutien : « Si la Russie s’écroule, notre place à tous est sous les décombres. » Comme ceux de la plupart des autres pays, le Président du Kazakhstan prend ses distances vis-à-vis de Poutine et ne reconnaît pas ses annexions. Il lui rappelle la position de la quasi-totalité de ses voisins : « Nous ne pouvons pas accepter que les peuples frères russe et ukrainien soient séparés pour des décennies ou des siècles par des griefs mutuels. »
Le plus sévère contre Poutine, le Premier ministre arménien juge « accablant que l’appartenance de l’Arménie à l’OTSC n’ait pas pu contenir l’agression azerbaidjanaise. » La veille et le jour de l’arrivée de Vladimir Poutine, des centaines de personnes ont manifesté à Erevan, arborant des drapeaux ukrainiens, américains, européens et des pancartes « Poutine dehors ! [133] »
Les sanctions contre la Russie et l’afflux de réfugiés fuyant la mobilisation déstabilisent économiquement et démographiquement la Géorgie, le Kazakhstan et le Kirghizstan [134]. Les exilés s’intègrent mal dans ces pays où, souvent perçus comme des colonisateurs méprisants, ils reçoivent un accueil mitigé.
Kirghizstan
Un Kirghize se dit plus favorable à recevoir « des Russes non blancs, Bouriates, Iakoutes, Tatars et autres qui souffrent eux-mêmes de l’impérialisme russe. » Un autre rappelle : « Les événements de 1916 sont l’un des moments les plus tragiques de l’histoire du peuple kirghize, lorsque les Russes ont massacré la moitié de la population, forçant de nombreux Kirghizes à fuir vers la Chine. Répression et asservissement de mon peuple, russification forcée. Tout cela affecte nos idées sur la Russie et les Russes. » Il distingue les émigrés du début de l’invasion de ceux de la mobilisation : « Les premiers ont fui le système et l’idéologie, les seconds simplement pour ne pas être envoyés en guerre contre l’Ukraine. Je suis content qu’ils n’y aillent pas, car je soutiens la paix et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais sinon je ne vois presque aucun avantage pour le Kirghizistan lui-même [135]. » En revanche, beaucoup d’expatriés disent qu’ils trouvent un accueil chaleureux et une compréhension qui leur manquaient dans leur pays d’origine. Par exemple, la ville kazakhe d’Uralsk en a reçu plus de 20 000 lors de la mobilisation, en une semaine seulement [136].
Kazakhstan
Plus de 400 000 Russes sont entrés au Kazakhstan depuis le début de la mobilisation. D’après la Ministre du travail et de la protection sociale, 100 000 d’entre eux y seraient encore présents. Selon les statistiques publiées par la Banque nationale du Kazakhstan, les transferts d’argent de la Russie vers ce pays sont cinq fois plus nombreux et d’un montant total treize fois plus important qu’en 2021 [137].
Arménie
Depuis le début de la guerre, au moins un million de Russes ont quitté la Russie. L’Arménie et la Géorgie sont devenues les destinations les plus prisées après le 24 février et la mobilisation annoncée en septembre. En 2022, les Russes ont ouvert 5 000 entreprises rien qu’en Arménie [138], en particulier des services, des cafés et des bars [139]. Du 21 septembre au 11 novembre, 2 820 Russes se sont enregistrés sur leur lieu de résidence, soit près de quatre fois plus que l’an dernier, selon le service de presse de la police arménienne. Le nombre de demandes de permis de séjour a été multiplié par 2,5 [140]. Le Premier ministre arménien apprécie : « Les flux qui sont arrivés en Arménie ont beaucoup aidé et aident. » Il espère qu’en conséquence l’économie arménienne affichera une croissance de 7 % cette année. La Banque centrale a révisé sa prévision de croissance du PIB de 1,6 % à 13 %. Seize-mille non résidents, la plupart Russes, ont récemment ouvert de nouveaux comptes dans des banques arméniennes. « Nous constatons une croissance de 25 % du capital humain dans le secteur informatique. Des personnes talentueuses et instruites s’installent en Arménie » déclare le Gouverneur de la Banque nationale.
Une fondation organise des conférences pour l’intégration des migrants à travers la culture l’éducation et la sphère sociale. Des événements culturels suscités par des Russes sont fréquents dans la capitale. Plus de soixante écoles donnent aux enfants d’immigrés des cours en russe [141].
Joseph Cofavreux cite un journaliste et anthropologue russe arrivé en Arménie depuis un an et demi : « Ceux qui sont venus à partir du 24 février dernier étaient souvent issus des métropoles et des classes aisées, avec un fort niveau d’éducation [notamment en technologie de l’informatique, une spécialité arménienne] et opposants directs de Poutine. […] Puis la vague liée à l’ordre de mobilisation du 20 septembre, avec des populations plus jeunes, issues des classes moyennes ou populaires, et qui veulent échapper à la guerre davantage que fuir le régime. » L’anthropologue ajoute : « La Russie, ce n’est pas seulement Poutine, c’est une nation slave et centralisée qui pratique un impérialisme interne, dirigé contre les peuples autochtones qu’elle considère comme de la simple chair à canon. Tant que ces peuples ne seront pas libérés de cela, je ne rentrerai pas, même si j’ai encore ma famille en Russie. » Il poursuit : « Les Arméniens sont accueillants et savent ce que c’est que de devoir immigrer. Lorsque j’ai vu ces milliers de personnes débarquer en février, j’ai eu des sentiments mêlés. J’ai tout fait pour les aider, mais, sur mon blog, j’ai dit que certains d’entre eux se comportaient comme des colons, comme les Russes l’ont toujours fait avec l’Arménie. Sans compter le fait que les prix des loyers ont triplé à Erevan pour la seule raison de l’arrivée de ces personnes au pouvoir d’achat important. De nombreux Arméniens ont même dû quitter leur logement. Mais la rancœur s’est dirigée sur les propriétaires et non sur celles et ceux qui fuyaient leur pays. » La monnaie arménienne s’est appréciée de près de 30 % par rapport à l’euro en quelques mois [142]]].
Tadjikistan
Le 31 octobre 2022, Vladimir Poutine annonce la fin de la mobilisation partielle. Des Russes exilés reviennent alors chez eux. L’un d’eux est parti pour son Tadjikistan natal dont il connaissait pourtant le totalitarisme et la sympathie du régime et d’une bonne part de la population pour la Russie. Il témoigne pour Novaïa Gazeta Europe [143]. Il a pu travailler pour un bon salaire et communiquer facilement en russe. « Je veux vivre en Russie, mais pas sous ce gouvernement, tu comprends ? Je suis très blessé et offensé par ce qui se passe, par le fait que l’Ukraine est bombardée, les gens là-bas, les pauvres, meurent, meurent. Et nos gars russes... Je n’accepte pas ça du tout. […] C’est une immense honte pour le pays, et ce le sera pour longtemps. » En cas de mobilisation générale, « Je préfère aller en prison alors, je ne tuerai pas les gens », dit-il.
Finlande
Le consul de la République de Finlande à Saint-Pétersbourg estime qu’au cours des deux premières semaines après l’annonce de la mobilisation, le nombre de demandes d’asile politique de Russes en Finlande s’élevait à environ 360, et pour toute l’année en cours à environ 800. Ces dernières années, ce nombre variait de 200 à 500 [144].
Lettonie
Depuis l’introduction des restrictions d’entrée le 19 septembre 2022, la Lettonie a refusé à 409 Russes de franchir la frontière nationale. Au total, 16 588 citoyens russes sont entrés en Lettonie depuis la même date. Certains d’entre eux sont venus dans le pays depuis la Biélorussie. Près de la moitié de ces personnes ont utilisé la Lettonie comme pays de transit. Les gardes-frontières ne notent aucune tentative illégale d’arrivée depuis la Russie [145].
Traverser la forêt, se cacher dans la forêt
Grigory Sverdlin, l’ancien directeur de la Fondation Nochlezhka, qui aide les sans-abri à Saint-Pétersbourg et à Moscou, a lancé l’organisation Traverser la forêt (Идите лесом). Depuis le début de la mobilisation en Russie, plus de 2 300 personnes ont sollicité l’aide de l’organisation pour échapper à la participation à la guerre en obtenant une exemption médicale, en ne se rendant pas à la convocation, en se cachant, en passant à l’étranger, en désertant ou en se rendant. Traverser la forêt est en contact avec le projet ukrainien d’aide aux déserteurs « Je veux vivre » ainsi qu’avec les militants biélorusses expérimentés depuis 2020 dans le franchissement clandestin des frontières. Les membres agissent à partir de l’étranger mais aussi, pour des activités moins risquées, à l’intérieur. Des sympathisants procurent des logements ou une participation financière. Plusieurs dizaines de psychologues et psychothérapeutes offrent des consultations pour gérer les stress engendrés par les défections. Des épouses, mères et filles de mobilisés les consultent aussi. Une psychologue affirme « Je crois que la Russie sera sauvée par des femmes qui diront : "Combien de temps cela va-il durer !". […] Elles sauveront les hommes ou les enterreront. »
Des avocats proposent aussi leurs services. Au lendemain du début de la guerre, l’une d’elles quitte Moscou et le pays avec deux enfants et 120 euros en poche. « Nous avons demandé l’asile en Suède et avons passé sept mois merveilleux dans un camp de réfugiés avec des Ukrainiens. […] Avant la guerre, en travaillant avec des réfugiés, j’ai compris que nous pouvions tous devenir des réfugiés, à tout moment, mais c’est une tout autre affaire - une expérience personnelle. Mon travail avec les réfugiés, si jamais je peux le refaire, je le construirai complètement différemment. […] C’est une procédure difficile et humiliante, vous vous sentez complètement abandonné, puni sans aucune raison. C’est une expérience traumatisante grave, et presque toutes les personnes dans le processus et après ont besoin d’une aide psychologique sérieuse [146]. »
Il ne reste plus que six mille Vepsiens en Russie. Ils forment un petit peuple autochtone finno-ougrien, proche par la langue et la culture des Finlandais, des Estoniens et des Caréliens. Dans le village de Sheltozero, ils ont échappé à la mobilisation en se cachant en forêt. La militante vepsienne Valentina Lebedeva s’oppose à la conscription de représentants de son peuple. Elle a réclamé aux autorités russes d’offrir aux Vepsiens la possibilité d’effectuer un service civil alternatif, comme le prescrit la loi fédérale « Sur les garanties des droits des minorités autochtones de la Fédération de Russie [147]. »
[1] https://data.ovdinfo.org/repressii-v-rossii-v-2022-godu, consulté le 27 décembre2022.
[2] https://www.youtube.com/watch?v=saEpkcVi1d4, consulté le 27 décembre2022.
[3] Susan D. Russell, https://ifsmagazine.com/nazarova-and-nikitin-a-courageous-dance/amp, consulté le 27 décembre 2022.
[4] https://www.sova-center.ru/misuse/news/persecution/2022/09/d46882/?sphrase_id=4651, 1er septembre 2022, consulté le 27 décembre 2022.
[5] https://www.sova-center.ru/misuse/publications/2022/11/d47177, 9 novembre 2022, consulté le 27 décembre 2022 et https://ovdinfo.org/stories/2022/12/08/putin-antihrist-i-moleben-o-nepravednoy-pobede, 8 décembre 2022, consulté le 1er janvier 2023.
[6] https://ovd.news/express-news/2022/01/07/v-moskve-snova-zaderzhivayut-piketchikov-protestuyushchih-protiv-vvoda-voysk, 7 janvier 2022, consulté le 28 décembre 2022.
[7] https://ovd.news/express-news/2022/10/31/vystupavshego-protiv-voyny-ekoaktivista-lishili-rossiyskogo-grazhdanstva, 31 octobre 2022, consulté le 28 décembre 2022.
[8] https://novayagazeta-eu.translate.goog/articles/2022/12/30/kontraktnik-iz-bashkortostana-poluchil-tri-goda-kolonii-za-samovolnoe-ostavlenie-chasti-v-period-mobilizatsii-news?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr, 30 décembre 2022, consulté le 31 décembre 2022.
[9] Benoît Vitkine, « En Russie, une frénésie législative record en 2022 », 31 décembre 2022 – 2 janvier 2023.
[10] https://www.lexpress.fr/monde/europe/russie-agent-de-l-etranger-ce-statut-de-plus-en-plus-utilise-pour-museler-les-opposants_2183599.html, 15 novembre 2022, consulté le 31 décembre 2022.
[11] https://meduza.io/feature/2021/05/05/ya-agent-rossiyan-na-kotoryh-gosudarstvo-polozhilo-bolshuschiy-bolt, 5 mai 2021, consulté le 31 décembre 2022.
[12] Sébastian Seibt, https://www.france24.com/fr/europe/20211231-comment-moscou-utilise-le-statut-d-agents-%C3%A9trangers-pour-harceler-les-opposants, 31 décembre 2021, consulté le 31 décembre 2022.
[13] https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-12-21/putin-s-war-made-his-neighbors-currencies-the-best-in-the-world, 21 décembre 2022, consulté le 25 décembre 2022.
[14] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/27/bog-dal-vog-vzial, 27 décembre 2022, consulté le 31 décembre 2022.
[15] https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-12-21/putin-s-war-made-his-neighbors-currencies-the-best-in-the-world, art. cit.
[16] Andrey Karev, https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/27/pervaia-separatistka-na-stanitse, 27 décembre 2022, consulté le 31 décembre 2022.
[17] https://eng.yabloko.ru/the-nobel-peace-prize-awarded-to-the-international-campaign-to-abolish-nuclear-weapons-ican/, 6 octobre 2017, consulté le 29 décembre 2022.
[18] https://eng.yabloko.ru/civic-activist-maria-volokh-arrested-for-20-days-for-an-action-against-escalation-of-nuclear-conflict, 23 novembre 2022, consulté le 29 décembre 2022.
[19] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/21/deputaty-iabloka-predlozhili-vvesti-ugolovnuiu-otvetstvennost-za-prizyvy-k-primeneniiu-iadernogo-oruzhiia-news, 21 décembre 2022, consulté le 29 décembre 2022.
[20] https://eng.yabloko.ru/after-alexander-shishlov-was-accused-of-discrediting-the-armed-forces-of-the-russian-federation-he-began-getting-threats-and-insults, 11 août 2022, consulté le 29 décembre 2022.
[21] https://eng.yabloko.ru/29982-2, 21 décembre 2022, consulté le 29 décembre 2022.
[22] Isabel van Brugen, https://www.newsweek.com/putin-guard-fled-russia-moblization-extradition-kazakhstan-1767149, 14 décembre 2022.
[23] https://www.straitstimes.com/world/europe/kazakhstan-to-deport-russian-major-who-fled-his-country-over-war-in-ukraine, 30 décembre 2022, consulté le 1er janvier 2023.
[24] Ivan Zhilin (simple homonyme du sujet de l’article), https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/15/yearning-for-asylum, 15 décembre 2022, consulté le 1er janvier 2023.
[25] Will Stewart, https://www.dailymail.co.uk/news/article-11587761/Officer-Putins-security-service-REFUSED-kill-Ukrainians-faces-jail.html, 31 décembre 2022, consulté le 1er janvier 2023.
[26] https://www.themoscowtimes.com/2022/12/14/ex-presidential-guard-who-fled-russian-draft-faces-extradition-jail-a79694, 14 décembre 2022, consulté le 1er janvier 2023.
[27] https://rus-azattyq-org.translate.goog/a/32173250.html?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr, 12 décembre 2022, consulté le 1er janvier 2023.
[28] Charlotte Lalanne, Léo Vidal-Giraud, « Sergueï Krivenko : "Les Russes qui refusent le combat sont envoyés dans des cachots clandestins" », L’Express, 24 novembre 2022.
[29] Faustine Vincent, « Lettres d’exilés russes aux prisonniers politiques », Le Monde, 28 décembre 2022.
[30] « Des milliers de Biélorusses aux funérailles d’un opposant mort au lendemain de son arrestation », Le Monde, 20 novembre 2020, consulté le 20 décembre 2022.
[31] https://www.txtreport.com/news/2022-11-14-the-priest--who-in-2020-conducted-the-service-for-roman-bandarenko--was-convicted-for-the-sixth-time-in-a-row.S1n4Vpy8i.html, 14 novembre 2022, consulté le 20 décembre 2022.
[32] https://novaya.media/articles/2022/12/13/golgofa-na-okrestina, 13 décembre 2022, consulté le 20 décembre 2022.
[33] https://www-txtreport-com.translate.goog/news/2022-12-15-prigozhin-met-with-%22bread-and-salt%22--a-video-of-the-exchange-of-a-priest-collaborator-from-the-luhansk-region-with-ukrainian-defenders-appeared.SJNZ9D_us.html?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr, 15 décembre 2022, consulté le 21 décembre 2022.
[34] https://www.lemonde.fr/international/live/2022/12/23/guerre-en-ukraine-en-direct-les-relations-entre-moscou-et-washington-sont-a-un-age-de-glace-selon-l-ambassadeur-de-russie-aux-etats-unis_6155468_3210.html, publié et consulté le 23 décembre 2022.
[35] https://72.ru/text/entertainment/2022/10/14/71735849/, 14 octobre 2022, consulté le 23 décembre 2022.
[36] https://www.youtube.com/watch?v=8Q_YfcpgdGU, 14 octobre 2022, consulté le 23 décembre 2022 ; https://72.ru/text/gorod/2022/10/14/71737778/, 14 octobre 2022, consulté le 23 décembre 2022.
[37] https://72.ru/text/gorod/2022/10/24/71761445/, 24 octobre 2022, consulté le 23 décembre 2022.
[38] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/20/v-tiumeni-mestnuiu-zhitelnitsu-oshtrafovali-za-nadpis-net-v-e-ranee-ona-ubedila-sud-chto-imela-v-vidu-net-voble-news, 20 décembre 2022, consulté le 23 décembre 2022.
[39] https://72.ru/text/criminal/2022/10/20/71746136, 20 octobre 2022, consulté le 23 décembre 2022.
[40] https://meduza.io/feature/2022/12/24/mama-ne-smotri-televizor, publié et consulté le 24 décembre 2022.
[41] https://www.currenttime.tv/a/byvshiy-vagnerovets-poprosil-zaschity-potreboval-proverit-prigozhina/32181100.html, 17 décembre 2022, consulté le 18 décembre 2022.
[42] https://www.currenttime.tv/a/k-rozysku-prizyvnikov-v-rf-podklyuchilis-politseyskie-probivayut-telefony-smotryat-kamery-naruzhnogo-nablyudeniya/32180759.html, 17 décembre 2022, consulté le 18 décembre 2022.
[43] https://t.me/astrapress/16631, consulté le 18 décembre 2022..
[44] https://www.currenttime.tv/a/kalyapin-o-podvalah-dlya-teh-kto-ne-hochet-voevat/32155412.html, 30 novembre 2022, consulté le 18 décembre 2022.
[45] https://www.currenttime.tv/a/kontraktniki-otkazniki/32152568.html, 30 novembre 2022, consulté le 18 décembre 2022.
[46] https://www.currenttime.tv/a/mobilizovannykh-uderzhivaut-v-lnr/32155991.html, 30 novembre 2022, consulté le 18 décembre 2022.
[47] Doan Bui, « Riga, bastion anti-Poutine », L’Obs, 15 décembre 2022.
[48] Ekaterina Bazanova, https://www.currenttime.tv/a/rossiyane-v-argentine/32168836.html, 9 décembre 2022, consulté le 18 décembre 2022.
[49] Peter Finn, https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2006/12/11/AR2006121101434.html, Washington Post, 12 décembre 2006, consulté le 13 décembre 2022.
[50] Traduction : Valérie Dariot, Folio Gallimard, Paris, 2006, EAN 9782070309924, 384 pages.
[51] « Seule la "dépoutinisation" de la Russie garantira la paix en Europe », 16 décembre 2022.
[52] Ibidem.
[53] Daria Talanova, https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/12/vragonostsy, 12 décembre 2022, consulté le 13 décembre 2022.
[54] Ekaterina Malysheva, https://glasnaya.media/2022/12/15/mnogie-prosto-molchat-prepodavatelnica-dinara-gagarina, 15 décembre 2022, consulté le 16 décembre 2022.
[55] https://t.me/abcirk/96, consulté le 13 décembre 2022.
[56] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/12/dvukh-anarkhistov-iz-chity-nakhodiashchikhsia-pod-sledstviem-za-graffiti-smert-rezhimu-vnesli-v-spisok-rosfinmonitoringa-news, 12 décembre 2022, consulté le 13 décembre 2022.
[57] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/13/kazakhstanskoe-izdanie-vlast-otkazalos-udaliat-informatsiiu-o-voine-v-ukraine-po-trebovaniiu-roskomnadzora-news, publié et consulté le 13 décembre 2022.
[58] https://meduza.io/news/2022/12/13/roskomnadzor-zablokiroval-sayt-zhurnala-o-mode-l-officiel-iz-za-rasprostraneniya-feykov-o-voyne-v-ukraine, publié et consulté le 13 décembre 2022.
[59] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/13/otkazavshiisia-voevat-mobilizovannyi-iz-brianskoi-oblasti-zaiavil-ob-izbienii-i-ugroze-zakapat-ego-zhivem-iz-za-kontaktov-s-zhurnalistami-news, consulté le 13 décembre 2022.
[60] https://theins.ru/en/news/257929, 16 décembre 2022, consulté le 17 décembre 2022.
[61] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/16/eks-komandir-kaznennogo-kuvaldoi-nuzhina-rasskazal-the-insider-chto-emu-izvestno-eshche-o-desiati-podobnykh-sluchaiakh-news, 16 décembre 2022, consulté le 17 décembre 2022.
[62] https://www.youtube.com/watch?v=drxValNICMg, 16 novembre 2022, consulté le 17 décembre 2022.
[63] https://theins.ru/en/news/257551, 5 décembre 2022, consulté le 17 décembre 2022.
[64] https://theins.ru/en/news/256722, 4 novembre 2022, consulté le 17 décembre 2022.
[65] https://meduza.io/feature/2022/12/15/otnoshenie-dostatochno-chelovechnoe-nesmotrya-na-to-chto-oni-prishli-ubivat-nashih-zhenschin-i-detey, 15 décembre 2022, consulté le 16 décembre 2022.
[67] https://meduza.io/news/2022/12/13/genshtab-vsu-opublikoval-instruktsiyu-dlya-rossiyskih-voennyh-kak-sdatsya-v-plen-bespilotniku, publié et consulté le 13 décembre 2022.
[68] Sergueï Stumak, https://glasnaya.media/2022/12/06/peredyshki-ne-budet, 6 décembre 2022, consulté le 16 décembre 2022.
[69] Victoria Mikisha, https://glasnaya.media/2022/11/21/pojdut-vse-eto-prikaz-studentov-moskovskih-vuzov-i-kolledzhej-otpravlyajut-na-uchebnye-sbory, 21 novembre 2022, consulté le 16 décembre 2022.
[70] https://www.courrierinternational.com/article/guerre-en-ukraine-certains-officiels-russes-critiquent-les-rates-de-la-mobilisation-partielle?xtor=EREC-22-20220928-5-nl_magazine, consulté le 28 septembre 2022.
[71] https://www.v14.ru/2022/09/25/v-yakutske-proshel-miting-materi-protiv-vojny-foto-i-video, consulté le 16 décembre 2022.
[72] https://glasnaya.media/2022/11/23/zhenshhiny-predlagali-dengi-i-ugrozhali-pokonchit-s-soboj, 23 novembre 2022, consulté le 16 décembre 2022.
[73] Frédérique, une coordinatrice de la Résistance Féministe contre la Guerre, https://blogs.mediapart.fr/russie-les-voix-de-la-dissidence-daujourdhui/blog/101222/la-resistance-feministe-anti-guerre, 10 décembre 2022, consulté le 14 décembre 2022.
[74] Carte de l’activisme de FAS en Russie en été 2022, https://t.me/femagainstwar/4697, consulté le 14 décembre 2022.
[75] https://www.impeachment.digital/mother, consulté le 16 décembre 2022.
[76] https://www.change.org/mothers_against_war, consulté le 17 décembre 2022.
[77] https://t.me/femagainstwar/5480, 10 octobre 2022, consulté le 14 décembre 2022.
[78] https://t.me/femagainstwar/6150, 25 novembre 2022, consulté le 14 décembre 2022.
[79] https://femagainstwar.notion.site/femagainstwar/a35a3040b7ad42bb85d7d9c39ef76fa1, consulté le 16 décembre 2022.
[80] https://www.antiwarfund.com/eng, consulté le 14 décembre 2022.
[81] https://meduza.io/news/2022/12/12/oksimirona-oshtrafovali-na-45-tysyach-rubley-za-antivoennyy-post, publié et consulté le 12 décembre 2022.
[82] https://meduza.io/feature/2022/02/24/ya-ne-mogu-razvlekat-vas-poka-na-ukrainu-padayut-rossiyskie-rakety, 24 février 2022, consulté le 12 décembre 2022.
[83] https://meduza.io/feature/2022/09/16/oksimiron-uehal-iz-rossii-posle-nachala-voyny-a-potom-vernulsya-vot-ego-klip-iz-peterburga, 16 septembre 2022, consulté le 12 décembre 2022.
[84] https://meduza.io/news/2022/07/07/fontanka-opublikovala-spisok-zapreschennyh-artistov-v-nem-est-ddt-noyz-ms-oksimiron-monetochka-i-zemfira, 7 juillet 2022, consulté le 12 décembre 2022.
[85] https://meduza.io/en/news/2022/12/12/roskomsvoboda-russian-authorities-block-almost-15-000-websites-in-a-single-week publié et consulté le 12 décembre 2022.
[86] Ivan Zhilin (simple homonyme du sujet de l’article), https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/11/situatsiia-karaul, publié et consulté le 11 décembre 2022.
[87] Anna Dozortseva, https://meduza.io/feature/2022/12/11/kak-rastit-rebenka-v-avtoritarnoy-strane-nachavshey-voynu-i-otvechat-na-ego-neizbezhnye-voprosy, publié et consulté le 11 décembre 2022.
[88] https://meduza.io/feature/2022/10/09/direktor-shkoly-v-moskve-pozhalovalas-v-mvd-na-pyatiklassnitsu-iz-za-ee-avatarki-s-zhelto-sinimi-tsvetami-politseyskie-zaderzhali-devochku-vo-vremya-urokov, 9 octobre 2022, consulté le 11 décembre 2022.
[89] https://fr.wikipedia.org/wiki/Boris_Nemtsov, consulté le 9 décembre 2022.
[91] Sara Daniel et Mahaut Landaz, https://www.nouvelobs.com/guerre-en-ukraine/20220505.OBS58048/des-corps-absolument-partout-notre-envoyee-speciale-revient-sur-la-decouverte-des-crimes-de-guerre-a-boutcha.html, 5 mai 2022, consulté le 7 décembre 2022.
[92] Propos recueillis par Emmanuel Grynszpan, https://www.lemonde.fr/international/article/2022/08/11/ilia-iachine-opposant-russe-emprisonne-les-premiers-signes-du-mecontentement-de-la-population-sont-deja-visibles_6137742_3210.html, 11 août 2022, consulté le 7 décembre 2022.
[93] Zoïa Svetova, propos recueillis par Céline Lussato, https://www.nouvelobs.com/monde/20221207.OBS66824/journal-de-moscou-la-mere-d-ilya-iachine-pleurait.html?at_medium=email&at_emailtype=retention&at_campaign=ObsActu8h&at_send_date=20221207&M_BT=68431130352995, publié et consulté le 7 décembre 2022.
[94] https://www.rfi.fr/fr/europe/20221209-l-opposant-russe-ilia-iachine-lourdement-condamn%C3%A9-pour-avoir-d%C3%A9nonc%C3%A9-l-offensive-en-ukraine, publié et consulté le 9 décembre 2022.
[95] Isabelle Mandraud, « En Russie, huit ans de prison pour l’opposant Ilia Iachine », Le Monde, 11-12 décembre 2022.
[96] https://t.me/vesna_democrat/4760, 6 décembre 2022, consulté le 10 décembre 2022.
[97] Hélène Bienvenu, « En exil, l’opposition biélorusse tente de poursuivre son combat », Le Monde, 11-12 décembre 2022.
[98] Nina Petiyanova, https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/03/ia-ne-smog-by-vystrelit-v-cheloveka, 3 décembre 2022, consulté le 4 décembre 2022.
[99] https://www.7sur7.be/monde/des-images-montrent-des-recrues-russes-se-revoltant-et-quittant-la-base-militaire-de-kazan~a74089a9, 3 décembre 2022, consulté le 4 décembre 2022.
[100] Nicolas Coadou, Juliette Desmonceaux, https://www.bfmtv.com/international/asie/russie/guerre-en-ukraine-des-soldats-russes-desertent-pour-combattre-aux-cotes-des-troupes-ukrainiennes_VN-202212030294.html, 3 décembre 2022, consulté le 4 décembre 2022.
[101] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/02/v-kazani-zhurnalistku-nailiu-mullaevu-arestovali-na-6-sutok-za-uchastie-v-mitinge-i-oshtrafovali-na-30-tysiach-rublei-za-diskreditatsiiu-news, publié et consulté le 2 décembre 2022.
[102] Désiré Sossa, « Russie : Wagner ouvre un premier QG à Saint-Petersbourg », La Nouvelle Tribune, 5 novembre 2022.
[103] https://meduza.io/feature/2022/12/02/rossiya-otpravlyaet-na-voynu-tysyachi-zaklyuchennyh-blizkie-mogut-popytatsya-ih-vernut, publié et consulté le 2 décembre 2022.
[104] https://meduza.io/news/2022/11/18/mediazona-chislo-zaklyuchennyh-v-rossiyskih-koloniyah-za-dva-mesyatsa-sokratilos-na-rekordnye-23-tysyachi-chelovek, 18 novembre 2022, consulté le 2 décembre 2022.
[105] Damien Leloup, « Fronde interne chez Yandex, le "Google russe", après l’invasion de l’Ukraine », Le Monde, 03 mars 2022.
[106] https://www.usine-digitale.fr/editorial/l-avenir-incertain-de-yandex-le-google-russe.N2024747, consulté le 2 décembre 2022.
[107] Alain Barluet, « Le "Google russe" Yandex éclate sous la pression de la guerre en Ukraine », Le Figaro, 1er décembre 2022.
[108] https://www.courrierinternational.com/article/sanctions-le-geant-de-la-tech-yandex-veut-quitter-la-russie, 25 novembre 2022, consulté le 2 décembre 2022.
[109] Céline Lussato, « Les geeks perdus de Poutine », L’Obs, n° 3018, 11 août 2022, pp. 28-31.
[110] « L’art de détourner les étiquettes », Courrier international, 1er décembre 2022.
[111] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/01/muzykantu-iz-tomska-anne-chaginoi-naznachili-zapret-opredelennykh-deistvii-po-delu-o-povtornoi-diskreditatsii-rossiiskoi-armii-news, publié et consulté le 1er décembre 2022.
[112] https://novayagazeta.eu/articles/2022/12/01/v-moskve-figuranta-dela-o-feikakh-pro-rossiiskuiu-armiiu-otpravili-v-ivs-sledstvie-trebuet-otpravit-ego-v-sizo-news, publié et consulté le 1er décembre 2022.
[113] Benoît Vitkine, « Russie : comment le Kremlin a fait des écoles, depuis les petites classes jusqu’à l’université, un terrain d’endoctrinement », Le Monde, 11 mai 2022.
[114] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/30/v-buriatii-ranenykh-voennosluzhashchikh-trudoustroiat-uchiteliami-voennoi-podgotovki-v-shkolakh-news, 30 novembre 2022, consulté le 1er décembre 2022.
[115] Anatoly Smerdov, https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/30/chikov-sud-vpervye-priznal-nezakonnym-prizyv-po-mobilizatsii-news, 30 novembre 2022, consulté le 1er décembre 2022.
[116] Nicolas Six, https://www.lemonde.fr/pixels/article/2022/12/01/sur-tiktok-des-videos-de-propagande-pour-le-groupe-paramilitaire-wagner_6152459_4408996.html, publié et consulté le 1er décembre 2022.
[117] https://t.me/astrapress/16432, 26 novembre 2022, consulté le 27 novembre 2022.
[118] Benoît Vitkine, « "Le pire serait qu’elle soit morte pour rien" : Irina Slavina, le "sacrifice" d’une femme derrière les flammes », Le Monde, 28 octobre 2020.
[119] https://vk.com/wall-96487840_55190?lang=en, 23 novembre 2022, consulté le 26 novembre 2022.
[120] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/23/sud-v-kazani-prigovoril-k-godu-ogranicheniia-svobody-mestnogo-aktivista-iz-za-soobshchenii-o-podgotovke-k-antivoennoi-aktsii-news, publié et consulté le 23 novembre 2022.
[121] Benoît Vitkine, « En Russie, des bureaux militaires attaqués au cocktail Molotov », Le Monde 18 mai 2022, consulté le 29 novembre 2022 et https://www.anarchistfederation.net/omsk-cherepovets-russia-two-new-recruitement-offices-hit-with-molotovs, 1er juin 2022, consulté le 29 novembre 2022.
[122] Tatiana Salvan, https://lequotidien.lu/a-la-une/luxembourg-ces-russes-qui-se-mobilisent-pour-lukraine , 15 octobre 2022, consulté le 10 novembre 2022.
[123] https://novayagazeta-eu.translate.goog/articles/2022/11/23/v-gosdume-predlozhili-priznat-nezhelatelnoi-i-ekstremistskoi-rabotu-30-zarubezhnykh-organizatsii-sredi-nikh-proekt-kovcheg-news?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr, publié et consulté le 23 novembre 2022.
[124] https://www.currenttime.tv/a/kak-rossiyane-uezzhayut-iz-strany-na-fone-mobilizatsii/32049528.html, 24 septembre 2022, consulté le 27 novembre 2022.
[125] http://russie-libertes.org/index.php/2022/11/11/exposition-dis-la-guerre, consulté le 28 novembre 2022.
[126] Isabelle Mandraud, https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/11/24/loin-de-moscou-des-artistes-russes-antiguerre-accueillis-en-residence-a-paris_6151391_3246.html, 24 novembre 2022, consulté le 27 novembre 2022.
[127] Benoît Vitkine, « La rencontre contrôlée de Vladimir Poutine avec des mères de mobilisés », Le Monde, 27-28 novembre 2022.
[128] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/27/russias-council-of-mothers-and-wives-social-media-page-blocked-by-authorities-en-news, publié et consulté le 27 novembre 2022.
[129] Zoïa Svetova, propos recueilli par Céline Lussato, https://www.nouvelobs.com/guerre-en-ukraine/20221129.OBS66525/journal-de-moscou-les-femmes-en-colere-ont-une-force-incommensurable.html?at_medium=email&at_emailtype=retention&at_campaign=ObsActu17h&at_send_date=20221129&M_BT=68431130352995, publié et consulté le29 novembre 2022.
[130] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/02/it-was-going-so-great-before-our-homeland-betrayed-them, publié et consulté le27 novembre 2022.
[131] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/30/minkultury-podderzhit-filmy-o-degradatsii-evropy-i-samootverzhennosti-rossiiskikh-voinov-na-voine-v-ukraine-news, publié et consulté le 30 novembre 2022.
[132] Joël Chapron, « En Russie, la liste des films interdits ne cesse de s’allonger », Le Monde, 27-28 novembre 2022.
[133] Faustine Vincent et Benoît Vitkine, « Poutine, en difficulté avec ses proches alliés », Le Monde, 25 novembre 2022.
[134] https://www.currenttime.tv/a/ge-kz-kg-mobilization/32052749.html, 27 septembre 2022, consulté le 27 novembre 2022.
[135] https://www.currenttime.tv/a/ne-integriruyutsya-u-nih-kompleks-belogo-cheloveka-mneniya-zhiteley-kazahstana-i-kyrgyzstana-o-beguschih-ot-mobilizatsii-rossiyanah/32052368.html, 26 septembre 2022, consulté le 27 novembre 2022.
[136] https://www.currenttime.tv/a/32059993.html, 1er octobre 2022, consulté le 27 novembre 2022.
[137] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/29/posle-nachala-mobilizatsii-v-kazakhstan-vekhali-bolee-400-tysiach-rossiian-news, publié et consulté le 29 novembre 2022.
[138] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/25/rossiiane-ne-znaiut-kuda-priezzhaiut, publié et consulté le 25 novembre 2022.
[139] https://www.rbc.ru/society/30/11/2022/6385dbb59a7947196c46e847, publié et consulté le 30 novembre 2022.
[140] https://www.rbc.ru/society/30/11/2022/6385dbb59a7947196c46e847, publié et consulté le 30 novembre 2022.
[141] Nika Khoutsieva, https://www.rbc.ru/economics/04/11/2022/6363dd599a7947466a7db50c?from=article_body, 4 novembre 2022, consulté le 30 novembre 2022.
[142] Joseph Cofavreux, https://www.mediapart.fr/journal/international/081122/percutee-par-la-guerre-en-ukraine-l-armenie-tremble, 8 novembre 2022, consulté le 27 novembre 2022.[[
[143] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/28/zhena-ne-zakhotela-uezzhat, 28 novembre 2022, consulté le 29 novembre 2022.
[144] Olga Grigoryeva, https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/29/eto-malenkie-summy-no-chinovnikov-nado-nauchit, publié et consulté le 29 novembre 2022.
[145] https://novayagazeta.eu/articles/2022/11/30/c-momenta-vvedeniia-ogranichenii-na-vezd-latviia-ne-pustila-v-stranu-409-rossiian-news, publié et consulté le 30 novembre 2022.
[146] Lyubov Moiseenko, https://www.currenttime.tv/a/kak-byvshiy-direktor-nochlezhki-i-volontery-pomogayut-rossiyanam-izbezhat-mobilizatsii/32101924.html, 27 octobre 2022, consulté le 25 novembre 2022.
[147] https://www.currenttime.tv/a/kak-predstaviteli-malochislennogo-korennogo-naroda-vepsy-spasalis-ot-mobilizatsii/32069871.html, 7 octobre 2022, consulté le 27 novembre 2022.