La question des déchets nucléaires issus de la politique de dissuasion nucléaire sont absents du débat tant législatif que sociétal. Pourtant « officiellement » déjà 150 000 m3 déchets radioactifs ont été produits lors du développement, de la fabrication, des essais, du déploiement, du démantèlement d’armes nucléaires, comme des bâtiments à propulsion nucléaire et des installations afférentes à la construction de cet arsenal atomique.
Ainsi, en conséquence de la modernisation et du renouvellement des deux composantes de la force de dissuasion, 18 nouveaux réacteurs nucléaires issus de la Marine nationale seront stockés à Cherbourg d’ici 2050 sur une durée minimale de 50 années avant que ne puisse être entamé un processus de démantèlement complet. Selon une courbe d’augmentation de déchets équivalente à celle de ces vingt dernières années, le stock de déchets nucléaires militaires représentera en 2100 un volume minimal de 259 762 m3.
La gestion des déchets nucléaires est devenue un point de crispation majeur. Il n’existe pas de solution, hormis de les stocker durant des dizaines de milliers d’années. L’invisibilité des déchets militaires pose un grave problème démocratique au vu des coûts et des risques sanitaires et environnementales pour les populations. Le débat indispensable sur la politique de dissuasion — à l’heure de l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) —doit intégrer la question des déchets et de leurs conséquences.
D’autant qu’en adhérant La France au Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) s’est engagée à entrer dans un processus de désarmement nucléaire. Or, avec la décision de renouvellement complet de son arsenal, elle poursuit activement sa politique de dissuasion nucléaire et la production de déchets nucléaires militaires.
L’étude est publiée avec le soutien de la Heinrich-Böll-Stiftung Paris, France, et contient un avant-propos de Mme Émilie Cariou, députée de la Meuse, membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix technologiques et scientifiques (OPECST) et co-rapporteuse du Plan national de gestion des déchets et des matières radioactifs (PNGMDR).