Le parti pris par les auteurs n’est pas d’ouvrir un débat moral sur la vente de matériels de guerre par la France à d’autres pays mais de se focaliser sur les ventes d’armes à des régimes qualifiés de « brutaux » et «  répressifs  », à l’instar de l’Égypte et de pays impliqués dans la guerre au Yémen comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar.

L’organisation du livre en 33 chapitres assez courts requiert une lecture linéaire de l’ouvrage mais fournit, en moins de 200 pages, une bonne introduction aux mécanismes et enjeux des exportations de matériels de guerre en France. Les auteurs illustrent de façon saisissante la continuité des politiques de ventes d’armes sous la Vème République et des arguments utilisés pour les justifier, indépendamment des partis au pouvoir. L’argument du financement d’une industrie de défense concourant à la souveraineté nationale ne masque pourtant guère la primauté des considérations économiques à courte vue, tandis que la préservation des emplois dans l’industrie de défense semble prendre le pas sur le respect par la France de ses engagements internationaux en matière de contrôle du commerce des armes.

Afin de lutter contre l’« opacité organisée  » qui entoure encore actuellement les ventes d’armes et l’absence de débat sur leur commerce mortifère dans le pays qui en est pourtant le troisième exportateur mondial, les auteurs nous invitent, en tant que citoyens, à nous emparer de ce sujet qui nous engage collectivement.

Frédéric Lamy