En l’absence de groupes historiquement engagés dans la lutte anti-nucléaire, la délégation polynésienne, menée par Édouard Fritch, n’est en rien représentative. En effet, l’association des anciens travailleurs Moruroa e Tatou, l’association 193, l’Église protestante Ma’ohi, le Tavini, parti indépendantiste, ont refusé de participer à cette opération. Tout comme Moetai Brotherson, député indépendantiste, et la députée Nicole Sanquer, rattachée au groupe UDI, qui ont également annoncé leur refus de participer à la table ronde de l’Élysée.
Les différentes organisations antinucléaires ont prévu des actions parallèles : le 1er juillet, une contre table ronde à Tahiti avec différents experts sur les impacts des essais ; et des manifestations le 2 juillet, date commémorative du premier essai en Polynésie, et le 17 juillet, en écho à l’essai Centaure du 17 juillet 1974, dont les poussières radioactives ont atteint Tahiti.
La science asservie
Parmi les points de clivage, se trouve la question des enfants et petits-enfants impactés par les essais, sujet sur lequel Bruno Barrillot alertait depuis déjà de nombreuses années. Voir ses ouvrages et tout particulièrement : « Essais nucléaires : les atteintes aux enfants », publié en 2016.
En janvier 2018, le docteur Christian Sueur, psychiatre, publiait un rapport sur les pathologies génétiques, supposées d’origine transgénérationnelle, observées chez des enfants polynésiens, alors qu’il dirigeait l’unité de pédopsychiatrie du Centre hospitalier de la Polynésie française à Tahiti. Dans ses conclusions, il soulignait l’urgence qu’une conscience médicale se réveille, se mette en action, recommandant notamment la mise en place d’un « Observatoire des pathologies radio-induites » et la réalisation d’études épidémiologiques sérieuses et transparentes.
Trois ans après, il constate l’absence totale d’avancée et interpelle de nouveau le gouvernement polynésien et l’État français : « Les conséquences sanitaires du nucléaire : la “science asservie” », texte à télécharger ci-dessous.