Le rapport — Les conséquences génétiques des essais nucléaires français dans le Pacifique, chez les petits-enfants (2e génération) des vétérans du CEP, et des habitants des Tuamotu Gambiers — est une « conclusion d’étape » d’un projet de recherche élaboré à Tahiti au sein de l’unité de pédopsychiatrie du Centre hospitalier de la Polynésie française qu’il dirigeait. Un projet conçu avec Bruno Barrillot et l’association Moruroa e tatou.
En effet, 52 ans après le premier essai nucléaire et 22 ans après le dernier, les populations algérienne et polynésienne, comme les personnels, subissent toujours les conséquences sur leur santé et leur environnement et restent sans réponse crédible sur les risques auxquels ils ont été exposés. Eux et les générations suivantes.
Dans un dossier rédigé par Bruno Barrillot et publié en février 2016, nous alertions sur « les atteintes aux enfants ». Une alerte résultant de constat empirique et des témoignages recueillis par Bruno au fil de ses travaux. L’étude conduite par Christian Sueur vient renforcer cette alerte en apportant des éléments issus d’observations cliniques, d’examens complémentaires et d’un important travail de recherche consigné dans ce rapport d’étape que nous vous invitons chaudement à lire.
Nous faisons nôtre les recommandations de Christian Sueur :
« Il y a donc urgence à ce qu’une conscience médicale se réveille, se mette en action pour explorer ce champ de la pathogénie génétique, et apporter des réponses thérapeutiques, psycho-éducatives, et institutionnelles spécialisées ; la question de la responsabilité des autorités sanitaires françaises et polynésiennes est clairement engagée dans ce domaine, face à son « inertie » coupable, il s’agit en urgence, comme cela est réclamé depuis dés années par les associations de victimes, les ONG, et les militants du parti Tavini Huiaatira :
- de mettre en place un « Observatoire des pathologies radio-induites », non seulement chez les vétérans du CEP, mais aussi dans l’ensemble de la population polynésienne (enfants et adultes) possiblement contaminée (essentiellement lors des essais atmosphériques 1966-1974) ;
- de réaliser des études épidémiologiques sérieuses et transparentes, qui s’appuient sur les recherches les plus récentes sur les effets des faibles doses de radioactivité (Projet DoReMi), et les connaissances récentes concernant les bio-marqueurs des radiations ionisantes ;
- de constituer, une « Registre des malformations » et un comptage des accidents périnataux (fausses couches, morts in utero, mort à la naissance, morts-subites dans les premiers mois…), registre dont l’importance s’est révélée cruciale après l’accident de Tchernobyl, en Biélorussie, et ailleurs en Europe.
Et, que l’on ne s’y méprenne pas, la question est éminemment politique, et confronte la population de la République, à la toxicité de l’activisme nucléaire civil et militaire des gouvernements français successifs depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, d’une part, et à son fonctionnement « néocolonial » indéniable, d’autre part, dans ses anciennes « colonies », et en particulier en Polynésie française. »