Début 2017, neufs États — États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord — possèdent environ 4 150 armes nucléaires en déploiement opérationnel. En comptabilisant toutes les ogives nucléaires, ces États possèdent à eux seuls un total de près de 14 935 armes nucléaires contre 15 395 début 2016 (voir tableau ci-dessous).
La réduction d’armes nucléaires ralentit, les niveaux d’investissement augmentent
La diminution du nombre total d’armes nucléaires dans le monde est due principalement à la Russie et aux États-Unis — qui détiennent à eux seuls près de 93 % des armes nucléaires dans le monde — qui réduisent encore leurs stocks d’armes nucléaires stratégiques. Cependant, en dépit de la mise en œuvre depuis 2011 du traité bilatéral sur les mesures pour la poursuite de la réduction et la limitation des armes nucléaires stratégiques offensives (New Start), le rythme de leur réduction demeure lent. Dans le même temps, la Russie et les États-Unis ont mis en place des programmes longs et coûteux de modernisation des arsenaux nucléaires. Par exemple, les États-Unis prévoient de consacrer 400 milliards de dollars à l’entretien et à la mise à niveau complète de ses forces nucléaires pour la période 2017-2026. Selon certaines estimations, le programme de modernisation des armes nucléaires des États-Unis pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars sur les 30 prochaines années.
« Les augmentations prévues des dépenses américaines ne sont pas surprenantes », précise Hans Kristensen [1], chercheur associé du Sipri. « L’administration américaine actuelle poursuit les ambitieux plans de modernisation nucléaire définis par le président Barack Obama. »
Les autres États dotés d’armes nucléaires possèdent des arsenaux beaucoup plus petits, mais ils ont tous soit commencé à déployer de nouveaux systèmes de vecteurs d’armes nucléaires ou annoncé leur intention de le faire. La Chine a lancé un programme de modernisation à long terme axé sur l’amélioration qualitative de son arsenal nucléaire. L’Inde et la Pakistan augmentent leurs stocks d’armes nucléaires et développent leurs capacités de lancement de missiles. Selon les estimations, la Corée du Nord possède suffisamment de matières fissiles pour environ 10-20 ogives nucléaires, en augmentation par rapport aux estimations des années précédentes. En 2016, la Corée du Nord a effectué un nombre sans précédent d’essais atmosphériques de différents systèmes de missiles avec des résultats mitigés.
« En dépit des récents progrès réalisés dans les négociations internationales pour un traité interdisant les armes nucléaires, des programmes à long terme de modernisation sont en cours dans neuf États », souligne Shannon Kile, chercheur principal du Sipri. « Cela indique qu’aucun de ces États n’est prêt à renoncer à son arsenal nucléaire dans un avenir prévisible. »
[1] Hans M. Kristensen est directeur du Nuclear Information Project à la Federation of American Scientists (FAS).