Au sommaire du numéro
- Merci Bruno
- Loi Morin : une véritable avancée
- Technologie française dans un drone armé au Yémen
- Focus : Robots tueurs : le futur… c’est maintenant !
- Les drones, des armes à portée de tous
- France : un « robot tueur » à l’horizon 2030
- ONU, 15 juin-7 juillet : faire le deuil d’Hiroshima
- Notes de lecture : Pourquoi la dissuasion de Nicolas Roche (Puf) ; Le militaire, une histoire française de Claude Serfati (éditions Amsterdam).
- Nouvelle publication de l’Observatoire : La coopération militaire et sécuritaire France-Israël
Drones et robots tueurs : l’inquiétante fuite en avant
C’est une fuite en avant que le rapport du Sénat se garde bien d’aborder. Notre étude établit que les composants et technologies des drones civils et militaires sont pour la plupart identiques et peuvent être librement achetés dans le commerce. Une absence de réglementation souhaitée par les autorités françaises. En effet, le secteur civil est le moteur des innovations en matière de recherche sur les nanotechnologies à la base des drones, qu’ils soient à usage civil ou militaire. Ce laisser-faire a un coût : la prolifération. En raison de l’irresponsabilité des producteurs mondiaux de biens à double usage — dont la France —, la liste des puissances militaires possédant des drones armés ne cesse de s’allonger : États-Unis, Royaume-Uni, Chine, Israël, Russie, Corée du Sud notamment. Mais aussi Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Iran, Jordanie, Birmanie, Nigeria, Kazakhstan, etc.
Une prolifération mondiale amplifiée par l’absence en France de traçabilité et de contrôle parlementaire effectif sur les biens militaires. Ainsi, comme nous le soulignons dans ce numéro de Damoclès, une radio française de marque Thales a été retrouvée dans un drone armé au Yémen.
Fuite en avant, enfin, au niveau des recherches en matière de drones puisque celle-ci visent à terme la fabrication de robots tueurs pour des raisons de coût et de logistique militaire. C’est le cas du FCAS (Future Combat Air System), projet franco-britannique de développement d’un drone de combat prévu pour 2025. Si celui-nous est présenté comme un drone, tout porte à croire qu’il s’agit d’un « robot tueur » destiné à terme à remplacer l’avion de combat. L’homme sera toujours dans la boucle ? Oui peut-être, mais selon la doctrine officiellement défendue par la France à l’ONU, son rôle sera minimal : l’opérateur militaire se résumera à programmer l’ordre de mission, à charge ensuite à la machine de l’exécuter et de prendre la décision finale de tuer.
À l’heure où la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, préconise l’armement des drones, la transparence doit être faite sur les recherches en cours et la parole donnée à une expertise contradictoire.
Une fois l’Assemblée nationale renouvelée, il sera urgent d’ouvrir une discussion parlementaire qui tienne compte de l’implication à long terme de ces nouvelles armes pour les populations civiles. Un monde peuplé de Terminator, est-ce le futur que nous voulons ?