« Malgré les nombreuses alertes de différents organismes, la France continue de vendre à l’Arabie saoudite des armes et technologies qui sont dirigées au Yémen contre les populations civiles » dénonce Tony Fortin, chercheur à l’Observatoire des armements.

Avec une telle politique décomplexée, la France devient logiquement un acteur majeur de la prolifération. De 2013 à 2015, la France aurait violé la moitié des embargos en vigueur selon un travail de l’Observatoire réalisé en partenariat avec les journalistes de Visionscarto.net (11 sur 24). En matière de ventes d’armes, nos dirigeants ne s’encombrent pas de principes. Les pays désignés comme « ennemis » — la Chine et la Russie — figurent aussi parmi nos clients. L’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine n’a pas empêché la France de fournir pour plus de 650 millions d’euros d’armements à Pékin entre 2011 et 2015. Le risque d’alimenter la prolifération nucléaire n’effraie pas non plus nos gouvernants. À l’heure où la communauté internationale envisage d’interdire les armes nucléaires, la France vend à l’Inde des Rafale destinés à devenir les vecteurs de ce type d’armement.

Ultime pied-de-nez au droit, Serge Dassault reste un interlocuteur valable aux yeux des autorités. Sous le coup d’une procédure judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale et dissimulation des comptes à l’étranger, le sénateur devrait être écarté de toute négociation avec l’État par le ministère de la Défense, en attendant le jugement définitif. « Merci M. Le Drian, merci M. Hollande  » se gargarisait l’industriel il y un an suite aux résultats de vente du Rafale. En matière d’impunité, le client et son vendeur entendent bien rester « associés ».

Bénéfices records, violations records des droits de l’homme ?

Les ventes d’armes génèrent certes des résultats financiers pour les entreprises, mais le Ministre de la Défense oublie d’y soustraire le coût des moyens engagés par l’État (mise à disposition du personnel militaire pour la promotion du matériel, mais aussi coût d’importation des composants fabriqués à l’étranger nécessaires à la conception du matériel français). Sans oublier le coût humain incomparable dans les différents pays où les armes françaises sont utilisées !