Au sommaire :
- Le droit à la vie à l’épreuve des systèmes d’armes robotisés
- Le droit international humanitaire peut-il s’appliquer ?
- Légalité des attaques
- Responsabilité et état de droit
- Sortir de la zone grise juridique
- Notes de lecture
Édito : Défaillance politique
En mai 2014, dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques, se déroulera au siège des Nations Unies une session consacrée aux « robots tueurs ».
Suite à la campagne menée par plusieurs ONG, certains États ont
reconnu que les armes complètement autonomes soulèvent de graves questions éthiques et juridiques. Mais déjà, la guerre des drones — et notamment les campagnes d’assassinats ciblés conduites par les États-Unis — se déroule dans une zone grise juridique qui sape la primauté du droit. Le principe de souveraineté,
inscrit dans la Charte des Nations Unies, est supplanté par une course en avant technologique de quelques États qui bloque toute solution pour un ordre mondial apaisé. Or, le risque est grand que les intérêts économiques priment sur ceux d’une sécurité internationale et sur la protection du premier de tous les droits : le droit à la vie. Et qu’en lieu et place d’une interdiction de ces armes entièrement autonomes, soient mis en avant uniquement des critères techniques permettant ou non leur utilisation.
Seul l’engagement de la société civile peut contraindre un changement. Mais il ne doit pas se limiter à une indignation face aux pertes civiles et, en amont, mettre en cause la logique de sa propre industrie mortifère. Sans quoi — compte tenu de la prolifération de la technologie des drones et de la robotisation de la guerre en cours —, le monde risque de ressembler à un vaste champ de bataille de plus en plus incontrôlable et meurtrier.