Conférence de presse de lancement du jeûne le 31 juillet à la mairie du 2e à Paris en présence (de gauche à droite) de Dominique Lalanne (Armes nucléaires STOP), Sophie Morel (Réseau « Sortir du nucléaire »), Jean-Paul Maurel (adjoint aux sports, représentant le maire), Patrice Bouveret (Observatoire des armements) et Claire Wéry (Maison de Vigilance)
À cause de l’urgence du désarmement nucléaire : 20 000 bombes nucléaires sont toujours en service, dont 2 000 en état d’alerte — parmi lesquelles 96 françaises —, prêtes à partir en quelques minutes. Et leur déclenchement peut être dû à « une méprise ». Autant dire l’Apocalypse.
Une récente conférence à Oslo a réuni 127 États et toutes les ONG concernées pour dénoncer les « conséquences humanitaires catastrophiques de frappes nucléaires ». Une conférence boycottée par le « P5 », les 5 puissances nucléaires membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU : États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine. Selon tous les experts, les moyens actuels disponibles en secours aux victimes seraient totalement insuffisants, même dans le cas d’une unique frappe sur une ville. Une prochaine réunion se tiendra à Mexico en février 2014. Sera-t-elle à nouveau boycottée par le P5 comme le demande la France ?
L’avenir semble bouché pour le désarmement nucléaire. Les 9 États nucléaires — P5 et Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord — présentent l’arme nucléaire comme indispensable à leur « sécurité ». Argument qui incite à une prolifération tous azimuts. Quel pays ne voudrait pas assurer sa « sécurité » ?
Alors que la France poursuit la modernisation des ses armes nucléaires, les Britanniques se posent des questions sur leur arsenal, dont la décision de renouvellement doit être prise en 2016. Un débat oppose les partis politiques. De plus, si l’Écosse gagne son indépendance, la base des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins devra quitter le territoire, ajoutant des sommes difficiles à trouver dans le budget britannique… Et si le Royaume-Uni renonce à la dissuasion nucléaire, cela aura aussi pour conséquence… d’augmenter le coût des armes nucléaires pour la France, suite à la signature du traité Teutates en 2010 !
L’arme nucléaire est également une pomme de discorde entre les Français et les Allemands. Ceux-ci ne veulent plus chez eux des armes nucléaires américaines de l’Otan, ce que les Français refusent ! La raison ? Il faut que tous les pays de l’Otan assument le « partage nucléaire ». La France ne veut pas se retrouver seule puissance nucléaire en Europe ! Or une large majorité d’Européens est opposée aux armes nucléaires françaises. Mais comment construire une Europe de la Défense — comme cela sera discuté lors du Conseil européen de décembre 2013 — sans aborder le sujet ?
En France, l’omerta sur l’arme nucléaire est un exemple de perfection. Le président s’est permis d’exclure l’arme nucléaire lors de l’élaboration du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié en mai 2013. Aucun débat, ni sur le dimensionnement des Forces nucléaires, aéroportée comme sous-marine, ni sur les doctrines qui en font la base de notre « sécurité ». Les parlementaires ne sont pas en reste. Un rapport du Sénat de juillet 2012 en est un exemple navrant. Après une analyse des menaces qui montre que l’arme nucléaire est inutile, seule proposition : ne rien changer et prévoir des modernisations jusqu’en… 2070. Pourtant, les sénateurs écrivent : « S’il nous fallait dessiner aujourd’hui un format d’armées partant de zéro, il est fort probable, que la nécessité d’acquérir une force de frappe nucléaire, avec de surcroît deux composantes, ne ferait pas partie de nos ambitions de défense. » L’incohérence s’ajoute à l’omerta !
C’est pourquoi, ce mois d’août, nous souhaitons provoquer le débat avec un jeûne organisé par la Maison de Vigilance, Armes nucléaires STOP et le Réseau « Sortir du nucléaire » et soutenu par la Mairie du IIe et ICAN-France. Pour interpeller l’opinion publique. Pour que nos dirigeants politiques changent d’attitude et acceptent le débat afin de remettre en cause une doctrine d’anéantissement de l’Humanité datant de la guerre froide. En hommage à toutes les victimes des bombardements de Hiroshima, Nagasaki et des 2 083 essais nucléaires dans le monde. Un défi qui mérite 4 jours de jeûne !
Comité de suivi du jeûne 2013