À cette occasion, l’Observatoire des armements pointe le manque de transparence et l’absence de contrôle de l’État sur notamment toute une part des technologies de sécurité qui échappent à la réglementation et sont soumises aux seules lois de l’offre et de la demande…

« Que le Rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France pour l’année 2010 ne soit toujours pas rendu public ne contribue pas à nous rassurer… Sont-ce les “affaires” qui fleurissent dans les médias qui retardent sa parution ? Où faut-il voir-là, un embarras à communiquer certaines données ? », souligne Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements.

Rassemblant gouvernements, institutions publiques et entreprises privées, Milipol, est la vitrine des technologies sécuritaires. Il couvre des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, la police technique et scientifique, les équipements de protection des forces de l’ordre, en passant par la prévention des risques majeurs, naturels et industriels : autant de catégories où les frontières entre l’usage militaire ou l’usage civil des technologies proposées sont des plus floues, avec tous les risques que cela comporte en terme d’utilisation sans contrôle à l’encontre des populations…

De plus, ce salon offre à certains États, connus pour leur non respect des droits de l’Homme et du droit international humanitaire, l’opportunité de gagner des parts de marché, malgré ou grâce à leurs produits testés grandeur nature sur les populations. C’est le cas par exemple d’Israël et de la Chine qui figurent dans le Top 10 des exposants avec respectivement 61 exposants israéliens (5ème place) et 43 exposants chinois (7ème place) !

Curieux également de voir la Commission européenne s’associer à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Versailles Val-d’Oise / Yvelines, pour proposer aux entreprises de participer à des rencontres d’affaires commerciales et technologiques dans le domaine de la sécurité intérieure des États !

Si la sécurité des États et des personnes est un droit fondamental et légitime, cette approche « militaire » et « libérale » risque d’aboutir à une prolifération incontrôlée d’outils sécuritaires, sans qu’ils soient pour autant efficaces à anticiper des menaces protéiformes, et sans avoir pris le temps d’en mesurer les effets !

Le champ des menaces couvert par ce salon est si hétérogène que l’identification des impacts et des implications éthiques des différentes technologies concernées est impossible. Cela pose la question du contrôle démocratique des technologies développées, rendu d’autant plus nécessaire du fait de leur caractère dual civil et militaire.

Or, une politique publique n’est légitime que si elle est transparente, si les responsabilités sont clairement établies et assumées et s’il existe un débat sur ses objectifs, sa mise en œuvre et ses résultats. Nous en sommes loin !